Xavier
Emmanuelli (suite et fin)
Ce monde automatique qui s'est mis en route, une loi qui montre
qu'il y a une
dynamique. Et s'il y a évolution sur la Terre, il y a
forcément évolution dans le Ciel. Et puis
voilà que
l'irruption, il y a deux mille ans, de Dieu sur Terre va bouleverser
toutes les
données. Sans doute, que l'évolution va continuer
mais les
cartes sont données autrement. C'est l'histoire des hommes,
une histoire
qui raconte que la destinée future des hommes n'est pas sur
la Terre.
C'est une bonne nouvelle ! "Vous ne continuerez pas votre
périple
éternellement et indéfiniment jusqu'à la fin
de la Terre,
votre destin n'est pas là".
C'est une annonce tellement prodigieuse - non pas dans la
linéarité du temps si on la met en perspective dans
l'univers -
qu'elle est comme un pavé dans une mare, avec des cercles
concentriques
vers le passé et vers le futur.
Les cercles vers le passé sont les prophètes qui
comprennent la
bonne nouvelle. Les cercles vers le futur, c'est le message qui
continue
jusqu'à la fin des temps. Ce qui est arrivée il y a
deux mille
ans a, du coup, fait des vagues jusqu'à Adam et Ève.
Et cela
continuera jusqu'à la fin, jusqu'aux derniers jours du
monde.
Selon les moments, nous sommes au creux de la vague, et alors
on comprend
mal le message christique, ou nous sommes au sommet, et
c'est une
époque spirituelle et on le comprend mieux. Dans cette
mesure, quelles
que soient les découvertes que nous ferons, la Terre est un
endroit
extraordinaire puisque Dieu s'y est manifesté.
D'ailleurs, Jésus a bien dit dans la maison de mon
père il y a
plusieurs demeures. Oui, plusieurs lectures sont possibles,
il y a
plusieurs créations, plusieurs planètes, plusieurs
mondes, bref
tout ce qu'on veut...
Et la vie est aussi très belle... Elle est
universelle en tous
cas...
Pouvez-vous nous parler un peu de la dé-
réalisation du monde
? Dans les contes de fées, la télé
existait
déjà : c'est le miroir magique. Il permettait de voir
les
événements. La télé est un miroir
magique qui
s'est répandu à travers le monde. Dans chaque
foyer, il y en
a une, c'est un phénomène universel, et avec les
satellites il
n'y a plus d'obstacles à cela, tout est transmis
instantanément.
Le miroir donne une vision du monde instantanée. Avec la
télé, le temps ne s'écoule plus. Il ne le peut
plus, parce
que s'il s'écoulait on aurait une
répétition.
Donc on a été obligé de le ramasser et de
faire des
conventions pour expliquer que le temps passe. Le seul temps qui
passe est
celui de l'actualité.
Mais une actualité, puisqu'elle est visuelle, ne peut pas
remonter aux
sources. Ce sont des instantanés, des photos Polaroïds
d'une
certaine réalité, parce qu'elle est montée : il
faut un
petit spectacle de façon à ce qu'une masse de gens
puisse la
comprendre instantanément.
Pour que les images soient perceptibles, il y a des codes, une sorte
de
Commedia dell' arte, que l'on doit pouvoir comprendre tout de
suite.
D'ailleurs pour les nouvelles, jamais on n'arrive au moment
psychologique
important.
Donc on est obligé de le rejouer. Il faut donc identifier les
personnages : le Prince, le salopard, la victime et surtout la
fatalité
des événements.
Les trains déraillent, les bateaux coulent, les avions
tombent. Pour
intéresser une masse de spectateurs il faut un code, donc
une grammaire,
mais aussi un sens, et ce sens, c'est l'émotion. Si ce n'est
pas
horrible, passionnant ou bizarre, on éteint.
La télé a bien compris qu'il fallait monter la
veille, donc
transformer une réalité qui n'a pas de temps, et qui
n'a pas de
sens, mais qui a de l'émotion. Donc ce qu'on nous montre
est un
miroir déformé de la réalité,
déformé
dans le sens du tragique, du grotesque, du burlesque et de la
violence.
C'est un miroir malin qui réfléchit drôlement...
et qui
prétend raconter la vérité ! Quand on se
conforme à
ce miroir, puisqu'on croit que c'est la réalité, et
quand on
s'est conformé, il prend les nouvelles donnes et fait
d'autres choses.
Il y a donc des allers-retours, c'est donc bien un miroir. Et lorsque
l'on
regarde dans le miroir, on ne peut pas regarder à
côté et
la réalité s'estompe. C'est pour cela que c'est
très
destructurant.
Pour percevoir mon voisin, je suis obligé de regarder dans
le miroir,
sinon il n'existe pas. Il fait disparaître et l'espace et le
temps,
puisque tout est instantané et il est violent.
Je m'en suis aperçu, il y a une immense angoisse
mortifère. Le
miroir le sait et il va faire quelque chose pour nous : des grandes
cérémonies conjuratoires. Donc, la
télé abaisse
le seuil de perception - c'est une forme d'hypnotisme par un
bombardement de
photons qui nous rend crédules - et elle s'arrange pour
organiser de
grands vaudous...
Dans les sociétés primitives, quand il y a une crise,
le chaman
réunit l'assemblée et se branche avec l'esprit qui va
chevaucher
les gens.
Évidemment, la télé mime cela, parce que le
seul esprit
qui rentre, c'est celui des annonceurs ! Par exemple, les six
chaînes de
télévision ont fait une émission sur le
Sida.
C'était chargé d'une émotion très
puissante, tout
le monde était pris, la tension est montée, et on a
évacué pour six mois. Tous les
ingrédients sont
là pour le vaudou. Tout cela révèle que nous
sommes dans
un archaïsme social.
La réalité est dé-réalisée.
Comme le dit
Régis Debray, nous sommes obligés de croire ses
yeux. D'où
l'estampille : "Vu à la télé" ! Cela a
donné le
label d'existence, et c'est une existence fausse, maligne, donc un
peu
diabolique. Voilà où il se manifeste : dans ce miroir-
là.
Alors je m'étais dit : "Jamais je n'irai dans ce miroir", et
puis
voyez... c'est quasiment fatal, si vous avez quelque chose à
partager,
il faut y rentrer tout doucement.
Mais au bout du compte vous êtes cuit, le miroir s'est
inséré partout. Les hommes politiques sont
obligés de
descendre dans le miroir pour être crédibles,
voilà la
dé-réalisation.
Mais on ne peut pas appliquer éternellement sur les hommes
une telle
pression, un jour il y aura un Savonarole qui poussera les gens
à casser
leur poste. Cela inflige un monde totalement manipulé.
Regardez la publicité pour Vittel qui vous montre des
patriarches
avec une noble et belle barbe blanche, alors que les vieux sont en
train de
crever dans les mouroirs. Les enfants sont super sains, les
femmes
dynamiques, les jeunes gens effrontés, mais ce ne sont pas
les jeunes
des banlieues.
C'est le miroir magique des contes de fées. C'est pour cela
que les
anges ne peuvent pas ne pas se manifester : nous en sommes
réduits
à la société des premiers temps, aux esprits
tutélaires; puisqu'on a tous les yeux braqués vers le
miroir, il
n'y a plus d'activité humaine qui ne soit vue à
travers le
miroir. Ils vont se montrer...
La multiplication des écrans permet à
présent une
"communication" non plus à sens unique d'un qui donne
à des
millions, mais de millions qui donnent à des
millions; je
pense notamment au développement du virtuel à
travers les
réseaux. Pour vous cette multiplication est positive et/ou
négative ? Pour moi, c'est forcément
négatif, parce
que tout l'enseignement le montre : nous avons besoin de la
sensualité,
du contact et de l'amour.
S'il n'y a pas un message d'amour qui sous-tend cela, cela ne donne
rien. C'est
pourquoi ces interfaces, ces "échanges", sont un
marché de
dupes.
Ce n'est pas crédible, parce qu'il n'y a rien d'autre que cette
émotion, cette curiosité, cette chose qui prend aux
tripes. Le
seul message auquel les hommes soient sensibles, c'est l'amour, la
sensualité des sens.
On apprend vraiment lorsqu'on est proche d'un maître qui
vous aime,
qui vous corrige, qui vous caresse les cheveux, qui vous
récompense.
C'est ce qui compte pour un enfant, une mère dont on attend
tout,
qu'elle nous embrasse et qui puisse aussi donner une fessée,
mais qui
est physiquement là.
Ce n'est pas un ersatz. Et si on est privé de cet amour et que
l'on n'a
que des perceptions fausses, cela ne peut pas marcher.
Mais cela peut disloquer encore plus la réalité
qu'aujourd'hui.
Nous n'en sommes qu'aux balbutiements, cela pourra être
encore bien pire.
Pour moi, le virtuel est un mal universel. Ni le Brésil, ni le
fin fond
de l'Afrique ne seront épargnés.
Si à l'aide du virtuel, on peut fabriquer de toutes
pièces un
monde ayant toutes les apparences du réel, ne pourrait-on
pas
comprendre, par effet de miroir, combien ce monde dit
"réel" peut
être lui aussi fabriqué par nos
représentations ? Ce
que je sais c'est que cela ne marchera pas. J'en suis
persuadé parce
qu'on est quand même les enfants de la
réalité, et un
jour ou l'autre, on va éprouver, on ressentira la douleur, on
sera
malade, on va mourir.
C'est pourquoi le virtuel est un leurre. Le monde réel est
fabriqué par nos représentations, certes.
Mais on ne sait pas encore ce que donneront les arbres
d'inférence. On
peut connaître les effets directs, mais cela peut donner tout
à
fait autre chose que l'on n'imagine pas. Je n'ai pas encore beaucoup
réfléchi à la question.
Pourtant, les gens vivant dans la réalité sont
très
rares. Sinon, la plupart ne seraient pas blasés, ils
regarderaient les
saisons, une petite fleur qui pousse, le frémissement d'un
arbre, une
pierre en s'extasiant simplement de leur beauté. Tout le
monde vit
déjà dans les représentations
mentales. Les
Orientaux, en particulier, disent que nous vivons dans le monde des
apparences.
Certains ont formalisé cela, en disant qu'il y a un
métamonde et
qu'en réalité, nous vivons dans une sorte
d'hologramme de ce
métamonde. Je ne sais pas quoi répondre...
Il y a quelque chose qui m'a fait sourire à la
manière des
enfants. Je ne sais pas pourquoi, surtout que je suis une femme de
gauche, mais
j'ai une tendresse toute particulière pour Jacques Chirac,
pas le
politique mais l'humain. J'ai toujours pensé que cet
être-là était vrai. Et dans la dédicace
de votre
livre, vous me donnez raison. Je ne fais pas de politique,
mais un jour
j'ai rencontré ce mec-là. Je sais bien que c'est un
politique, un
séducteur, un grand menteur et qu'il a tous les
défauts des
politiques, mais à un moment donné, il lui arrive
de se
laisser rencontrer comme homme et tout à coup, il est sans
défense.
Et là je ne me trompe pas là-dessus, ce
n'était pas
populaire, ni populiste, ni hystérique. Tout à coup,
c'était un bref moment magique, il s'est laissé
découvrir,
peut-être parce que je suis médecin, que je n'avais
pas le temps
de faire toutes les palabres.
Du coup je n'ai pas honte de dire qu'il m'a plu; je ne suis pas son
agent
électoral, mais à tout prendre, entre Balladur et lui
mon choix
est fait.
Pour revenir à votre livre "Dernier avis avant la fin du
monde", est-ce vraiment un "dernier avis" ou un préavis
? J'ai trouvé ce titre en pensant aux papiers que je
reçois souvent, et sur lesquels il est écrit "dernier
avis avant
poursuite" ! Pour des PV impayés, par exemple.
En fait, nous avons des impayés, et nous nous trouvons dans
la situation
du débiteur distrait ou inconscient qui a laissé
s'accumuler ses
dettes.
Et la fin du monde, c'est la fin de la modernité, la fin de
cette
civilisation. Cela n'a rien à voir avec le
millénarisme.
Je crois qu'on a accumulé des retards d'explications, on vit
sur les
acquis du XIXe siècle et sur les
idéologies du
XXe siècle, et on ne s'est pas donné la
peine de
prendre la mesure de notre temps.
On est donc en retard dans nos explications. Par exemple, le Sida
est un manque
de matériel conceptuel typique : l'épidémie
arrive, on se
débrouille avec tout ce qu'on sait, et on n'arrive pas
à
comprendre cette manière qu'a le virus d'aborder
l'organisme.
Si tant est que la relation de causalité va dans ce sens-
là,
parce que je crois que c'est plus de l'ordre du signal que de la
matérialité. Seulement on ne peut pas le voir, et
donc nous
sommes dans une impasse conceptuelle.
Autre impasse conceptuelle, éthique cette fois-ci : les
manipulations
génétiques. On croit de manière positiviste
que tout le
programme est sur le génome ! C'est une vue
extrêmement simpliste,
sinon les hommes n'y auraient pas résisté.
Il n'y a pas de rapports de causalité aussi primaires. Pour
les
fécondations in-vitro, on n'a aucun matériel correct
pour
comprendre. On est en retard d'explications parce qu'on vit sur
des acquis
d'un autre temps, on est au bout d'une époque.
Donc une grande révolution conceptuelle va se produire.
C'est ça
l'autre monde. Mais, avant, il faut rencontrer nombre d'impasses
pour tenter
d'en sortir.
Nous sommes actuellement dans les effets pervers de toutes nos
inventions, et
on détruit l'environnement. Pourquoi ? Parce qu'on ne peut
pas s'en
sortir...
L'État s'y retrouve en fabriquant des voitures et de
l'essence, par
exemple : c'est un cercle infernal que personne ne peut briser, sinon
cela
mettrait plein de gens au chômage.
On va inventer des parades qui vont avoir des effets
collatéraux qui
seront pires encore. Donc à un certain moment, il va falloir
faire comme
avec le noeud gordien, trancher dans le vif et avec violence.
Il faut donc attendre une nouvelle époque, parce qu'il va
falloir
résoudre tout ce qui est en retard. Voilà le dernier
avis.
Vous dites que ce n'est pas millénariste, mais vous
faites un grand
développement en donnant votre lecture du texte de
l'Apocalypse de
Jean... Quand on n'a pas de matériel conceptuel, on
n'a que du
matériel intuitif. Tous les gens qui se sont
penchés sur
l'eschatologie - l'étude de la fin des fins, fin-
finalité
de la fin-extrémité - n'avaient que des
visions
chargées de sens pour expliquer.
Nous n'avons que des visions de poètes, ou l'Apocalypse,
qu'on peut lire
comme on veut. En se contorsionnant, on peut raconter tout et le
contraire de
tout. J'y ai vu une allégorie moderne.
Mais sur quoi d'autre s'appuyer pour décrire la fin d'une
époque
? On dit que cela décrivait la fin de Rome. Pourquoi pas ? Ce
texte me
plaît parce qu'il est incompréhensible à
première
vue, on sait bien que quelque chose se passe, qu'il y a une grande
bataille,
mais le sens ne nous est pas donné. C'est à nous de
l'interpréter.
Face aux problèmes sociaux, pour ne parler que de cela,
et le peu de
solutions que nous avons, il faut quand même faire quelque
chose
plutôt que rien !.. Si on ne fait rien, on ne peut plus
rien faire
! C'est vrai. Cela me fait penser à l'histoire des deux
grenouilles
tombées dans une jarre de lait.
La première dit : "De toute façon, on n'arrivera
jamais à
en sortir, le mieux c'est qu'on ait une fin confortable". Et elle se
laisse
couler. L'autre se débat, nage en rond, nage, nage, et, au
petit matin,
elle se retrouve assise sur une motte de beurre...
Lorsque j'ai fait le SAMU social, j'ai été
porté pour
ça. Au début, l'administration de tutelle m'a
répondu
qu'il ne fallait pas le faire parce que cela allait faire
apparaître une
population qu'on n'allait pas pouvoir traiter.
J'ai quand même voulu le faire parce que j'y croyais, et j'ai
fait la
rencontre - pour moi les rencontres se font quand les choses sont
prêtes
- de Jacques Chirac qui, pour des raisons qui sont les siennes,
certainement
politiques, m'a imposé à son bureau d'aide
sociale.
Et cela s'est fait. Du coup, plein de gens font la même chose.
Évidemment, cela pointe les insuffisances de l'hôpital
qui,
tôt ou tard, va être dans la ligne de mire.
Cela pointe également les insuffisances de
l'hébergement et du
système sanitaire, donc cela va bouger.
Mais il faut bien que quelqu'un commence. C'est tombé
sur moi, et
j'en suis content, car c'est une chance de pouvoir
décrire un milieu
qui n'a pas encore été décrit avec un peu de
rigueur.
Mais je pense qu'il y a quelque chose à faire chaque fois
qu'on
retrousse ses manches et que l'on monte un système. S'il
doit marcher,
il marche.
C'est ce qui s'est passé il y a vingt ans avec
Médecins sans
frontières. Cela s'est passé à ce moment-
là, parce
que c'était l'époque où on avait l'idée
d'aller
au-devant des victimes. On n'attendait plus qu'elles arrivent.
C'était
l'époque des SAMU.
Il y a aussi une attente, et quand on bouge, si on est vraiment
dans l'axe,
ça marche. Je crois qu'il faut d'abord identifier, sans
cela on ne
fait rien. Quand on parle de l'exclusion, cela ne veut rien dire, c'est
un
fourre-tout.
C'est pour cela que nous sommes impuissants. Mais l'exclusion est
quasi
automatique parce que le système sanitaire ne peut pas
prendre les gens
en hébergement. Finalement, cette espèce de
technique de folie de
paramétrage fait que chacun est exclu de chacun, en plus de
la
déréalisation.
Donc une fois qu'on a pointé, on peut se demander comment
on peut
rentrer dans le système et comment trouver la faille qui me
permettra de
mettre un coin, qui me permettra de l'agrandir.
Et voilà, c'est une immense chance d'être porteur de
la
subversion. Il y a tout le temps quelque chose à faire.
Comment les Humains associés peuvent-ils
coopérer au SAMU
social ? Pour l'instant, car ce n'est pas encore
consolidé, il
faut attendre au moins un an...
Beaucoup de gens attendent des conseils pour agir... Non !
Je ne
cherche pas à être un gourou. L'un des pièges
du miroir,
c'est qu'il vous fait grandir et vous fait trouver une
légitimité
d'imprécateur, de maître...
J'ai reçu chez moi, alors que je m'occupe des exclus, le
questionnaire
du Who's Who ! J'étais tellement stupéfait que
je n'en
suis pas encore revenu.
En fait, ma "notoriété" est circonstancielle. Du coup,
se mettent
en place les attributs de la notoriété qui atteint une
masse
critique et s'auto-entretient.
J'ai une expertise sur une chose qui a été
légitimée. Je connais la crise, l'urgence et les
comportements en
temps de crise. Je sais décrire un système et
proposer des
solutions d'urgence de court terme.
Pour le moyen ou long terme, je ne sais pas, parce qu'il me faudrait
des
bagages culturels et politiques que je n'ai pas.
Ensuite je ne suis qu'un catalyseur. N'ayant ni les moyens, ni la
légitimité, je n'ai pas de conseils à donner,
sinon de
dire qu'il faut faire attention, que nous sommes constamment dans
un monde
infernal d'aller-retour entre le miroir et la réalité,
et que
nous ne savons pas de quel côté du miroir nous
sommes.
Voilà ce que j'ai à dire.
Les temps d'apocalypse, donc les temps de
révélation, sont
les temps où les comptes se soldent. On a fait deux grandes
guerres
mondiales, terribles.
Nous avons introduit la bombe atomique sur Terre, un bombe qui est
capable de
tout détruire, remettant même la matière en
question.
Nous sommes dans un processus en cercle vicieux. Un cercle vicieux
impossible
à résoudre, qui est la modernité, et nous
sommes à
la fin de processus mentaux.
Je suis l'homme ancien, comme mes contemporains. Les hommes
nouveaux, je ne
peux pas les rencontrer parce que je ne saurais même pas les
voir.
Je fais partie de l'ancienne vague, parce que je suis à la
fois un
scientifique et un mystique, avec une quête, mais je raisonne
selon les
schémas anciens.
L'homme nouveau est sans doute dans un laboratoire quelque part. Il
n'occupe
pas le territoire, mais ce sont les maquisards de la prochaine
époque.
Je ne suis pas d'accord pour dire que vous ne faites pas partie de
l'homme
nouveau, parce que celui qui l'annonce... Je suis
prophète !
(rires)
Oui ! "Voici donc venue l'époque où les anges vont
avoir
à se montrer à visage
découvert"... Jamais on n'a
autant parlé d'anges qu'aujourd'hui. C'est donc qu'il y a
quelque chose
qui se prépare. Sinon, on n'en parlerait pas tant ! Les bons et
les
mauvais...
Si on laisse assez de place dans la maison à celui que
l'on
attend, il viendra. Vous seriez d'accord pour manifester
l'ange
? Bien sûr que j'accepte l'ange... bien sûr...
Nous aussi, l'espoir est là ! *
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