Plus que nulle autre la chair verbale est à la recherche de la transparence, car la nature des mot-dits est d'être opaque. Si les mots étaient aussi clairs que le sentiment perçu, tout langage serait poésie.
Que de fois, pour ne pas dire chaque fois, les mots ne se souviennent pas de la transparence. Opaques ils sont, flous, dans le meilleur des cas, ils restent. La chair verbale, donc, comme toute chair, est vouée à l'enveloppement, étoffe de l'esprit, comme si celui-ci avait aussi besoin de se cacher là même où il se manifeste.
Le parler vrai est une incessante queste jamais tout à fait aboutie. Écrire devient cri, impuissant à dire le sentiment. Même la parole poétique reste interdite face à elle-même. Elle se constate à la fois si loin et si près du sentiment perçu, vécu, qu'elle ne rêve en réalité que du silence. Mais il nous faut communiquer, échanger, dire pour être, dire pour se sentir exister...
Tout ce que je dis, écris, n'est pas vrai. Je le sais, et pourtant... Je ne puis me taire, ou bien je ne puis me résoudre à me taire. Tout ce que je dis ou puis dire a déjà été dit. Rien de nouveau, rien... Cela n'empêche, je suis toujours dans l'espérance de la transparence, dans le fol désir d'être juste de voix et d'écriture...
Tout a déjà été dit et écrit. Que dis-je ? Il se peut que rien n'ait encore été dit ni écrit, sinon d'où viendrait cette insatisfaction profonde et triste, cette incompréhension de la chair verbale, de toute chair qui m'enveloppe ?
Tatiana F.
"Elle ne hurle, ni ne murmure : elle se tait".
Nietzsche
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