1 
Moreno de  
Verde luna 
Les vagues 
Et les flots 
Successifs 
Du temps 
Désagrègent 
La chronologie 
Éternel solstice 
D'un jour 
Sans déclin 
L'être est 
Sans cesse 
Et sans 
Aboutissement 
Tout existe 
Pulvérisé 
Et frissonne 
D'un élément  
Eternel d'irrégularité 
D'un principe 
Irréductible 
De désordre 
Et d'indétermination 
Il n'y a plus 
De présomption 
Réaliste 
On ne se refuse 
Plus à dire 
Que Dieu 
Peut faire 
Des choses 
Contradictoires 
Que la neige 
Soit noire 
Que le feu 
Soit froid 
Car la raison 
Permet de le penser 
L'exactitude totale 
Est tenue en suspicion 
Le plus clair 
Est le moins précis 
Clarté et véracité 
Sont en constante 
Tension 
Le simple et beau 
Le pur et simple 
Est faux 
Le non vu est 
Le prochain visible 
Ni situé 
Ni spatialisé 
Est le vide 
Sa surabondance 
S'atomise 
S'étoile 
Se solarise 
Le monde 
Insondable océan 
D'univers-îles 
Est son écume 
Étant comme  
S'il n'était pas 
Il est à la fois 
Etat suprème 
De l'originel 
Et rouage 
Du monde 
Des choses 
Son action suscite 
La relation interne 
L'atome figurine 
Inerte se fait 
Noeud de relation  
Le point matériel 
Se dilue 
Dans l'Insondable 
Où tout est 
Mouvement 
Rien que  
Mouvement 
C'est le moment  
Suprême 
De l'unité 
Non réalisée 
L'apocalypse est 
Première 
Colère pure 
La lumière  
Est broyée 
Jusqu'à  
L'aveuglement 
Subsistant 
Sans borne 
Sans limite 
Sans image 
Le champ 
Se saisit 
En sa splendeur 
Inaccessible 
Par correlation 
Opposition avec 
L'immanente 
Particule 
De l'univers 
Il est le corps 
Les étoiles 
Sont sa face 
Rien n'est 
Sans corps 
Le vide agit 
Là où il 
N'est pas 
Fleurs, étoiles 
Brodées sur canevas 
De vide 
Cette poussière 
C'est ton essence 
Ce qui existe absolument 
N'existe absolument pas 
Irrelative seule 
Est la lumière 
L'espace est  
Le grain  
De lumière 
Trait d'union  
Entre la matière 
Et la vision 
Un instant  
De rêverie 
Au-dessus  
Des archétypes 
Symphoniques 
Constellation immortelle 
Baignée de clarté 
Comme une épave 
Heureuse 
Dans le ciel 
Saturé de traces 
Lisse 
Curieusement 
Lisse 
Le noir et le temps 
Eau de mes yeux 
Lys violet 
De la souffrance 
S'évertuent 
À ne pas paraître 
Dans les profondeurs 
Tout devient loi 
Au sommet 
La matière 
Devient formelle 
Et se volatilise 
Poétiquement 
Entravant ses pieds 
Elle s'enveloppe 
D'ailes 
Il n'y a plus  
Qu'une nuée 
Où s'excitent 
Des être aléatoires 
Jaillit  
Sur les poissons 
Gémissants  
Le tonnerre 
De la prophétie 
L'un vole 
En éclat 
Comme un vase 
Fragile 
À la jointure 
Du monde 
Et de l'oubli 
Une perle 
De vide 
S'évapore 
En ciel étoilé 
Neige 
Le bouquet 
Blanc 
Odoriférant  
Des étoiles 
Le cantique  
De louange 
Chanté par 
Ces muettes 
N'est autre 
Que la beauté 
Radieuse 
Au jour sacré  
À l'heure joyeuse 
De la mort 
Où fleurit mieux  
Le sourire que dans  
Le suicide d'une étoile? 
L'extase de l'astre 
Survenant en éclair 
La grande lumière 
Du Soleil agonisant 
Et le vent solaire 
Se changent en eau 
Chacun retourne  
À une nouvelle 
Jeunesse comme 
Dans la fraîcheur 
D'un bain 
Lorsque la chaleur 
Du souffle 
Du grand mystère 
Balaie notre face  
De son flot de quanta 
Nous capturons 
Le sourire miraculeux  
De l'éternel 
Poseur d'énigme 
Le cosmos. 
Les étoiles 
Mortes 
Collaborent  
À l'obscurité 
Une larme 
Sur une étoile 
À neutrons 
Pèse plus 
De trente 
Tonnes 
Les neutrinos 
Quintessence 
De légèreté 
Descendent  
D'en haut 
Pour illuminer  
Les tombeaux 
Heureux celui 
Qui peut dire 
La vaste quantité 
D'eau de l'abîme 
Corporel 
Qui est le mien 
N'a pu éteindre en moi 
Le feu de l'amour 
Céleste" 
En la beauté céleste 
Tout désir d'amour 
Doit s'achever 
Un intense et mutuel 
Amour n'enflamme 
Pas les corps 
Pourtant formés 
Par la vertu 
Des seules étoiles 
Ces poussières 
Se font la guerre 
Qui s'unira 
D'amour avec 
Le ciel ?
 
2 
Considérant la nature  
Propre de la beauté 
Idéale en soi 
Une fausse fleur 
Ne resplendit 
D'aucune grâce
3 
La poésie 
De la compression 
Crée l'étoile   
L'astre se dérobe 
Dans la cachette 
Impénétrable 
De la lumière 
Lieu d'incandescente 
Fécondation 
Entre-croisant 
Lois et forces 
L'étoile 
Machine subtile travaille 
À trés haute pression 
Sépare le subtil 
De l'épais 
Lumière et neutrinos 
D'un côté 
Les noyaux de l'atome 
De l'autre 
L'hélium enfant premier  
De l'hydrogène 
N'engendre que 
Des avortons instables 
L'étoile perfectionne 
Les métaux 
Guérit la nature 
De son immaturité 
Première 
Lave l'univers 
Jusqu'à lui ôter 
Toute obscurité 
Qu'elle s'arrête 
De fructifier 
Et le ciel est stérile 
Une nuit 
L'étoile mourra 
Guérie de sa lumière. 
Éternel solstice 
D'un jour 
Sans déclin 
La solarisation 
De la physique 
Est en marche 
La transmutation  
De la furie élémentaire 
En mythe a commencé 
Dieu est dans les tempètes 
Et ses voies dans l'ouragan
 
4 
Le temps toucha 
De son aile 
La tête ténébreuse 
De l'univers. 
L'univers fut jeune 
Et son coeur 
Dans la flamme 
De la création 
Perdant contrôle 
De soi-même 
Se mit en expansion 
L'écarteur du ciel,  
Administrateur 
Admirable  
Du microcosme, 
Le vide 
Étira l'espace 
Qui se fit 
Plat comme la mer 
Dépouillé de sa 
Forme sensible 
Et des conditions 
Finies  
De son observation 
Qu'est l'univers 
Dentelle d'étoiles 
Par où  
Passe le noir 
Sinon le vide ? 
Le plus lointain  
De tous les lointains 
En raison de la hauteur 
De son rang 
Et de son 
Invisibilité 
L'amour 
De la subtilité  
Peut servir 
D'alibi 
À une fuite 
5 
L'espace était vide et plat. 
Einstein y mit la matière 
Nourricière 
Jusqu'à l'ivresse 
L'espace se courba 
Et lui fit sa révérence. 
L'espace des petits oiseaux 
A muté en espace-temps 
Aux courbures inquiètantes 
Grande secte d'insectes 
Je peindrai des étoiles 
Sur le bleu de vos élytres
 
6 
Vous cherchiez 
Votre vertige 
Là-haut  
Et vous l'avez  
Trouvé dans l'infime. 
La force qui tendait 
Il y a trois mille ans 
L'arc d'Ulysse 
Est intacte dans 
Le bras de l'accélérateur 
De particules.  
 
 
La solarisation 
De la physique 
Est en marche 
La transmutation  
De l'univers 
En mythe 
A commencé 
Michel Cassé
 
  |