Un lobby contre l'écologie
(extrait d'un dossier de Frédéric Brunnquell, dans Sciences et
Avenir de juin 1995).
À l'ONU les textes doivent être adoptés à
l'unanimité des pays membres. Une infime minorité de blocage
suffit à vider les déclarations de toute substance. Cette
règle fait la réussite de Donald Pearlman. Cet avocat
américain, lobbyiste de talent, parvient, depuis Rio, à
dénaturer les textes onusiens.
Pour y parvenir, il a fondé une association : le Climate Council. Depuis
trois ans, avec son complice John Schales, il ne manque aucune réunion,
et nul ne connaît mieux que lui le millier de documents onusiens sur
l'environnement.
Donald Pearlman regroupe tous les acteurs économiques mondiaux
opposés à une politique de défense de l'environnement. Ses
commanditaires ? Plus de 1 500 sociétés et multinationales telles
Du Pont, Exxon, Texaco, Shell et les firmes américaines automobiles.
Pearlman et son associé sont très liés au puissant cabinet
d'avocats Patton Boggs and Blow.
Un cabinet lié au dictateur haïtien Duvalier, au régime
militaire guatémaltèque ou encore à la BCCI, qui a connu
une faillite retentissante en 1992. Pour défendre leur cause, ils misent
sur des alliés naturels comme les pays du Golfe arabo-persique. Ces
derniers, par exemple, n'ont ratifié la Convention Climatique que pour
avoir accès aux débats et les bloquer.
Donald Pearlman paie ses propres chercheurs dans le but de démontrer que
le réchauffement de l'atmosphère est insignifiant. Il parvient
aussi à noyauter les instances scientifiques internationales et à
clamer qu'il n'existe pas de consensus scientifique sur l'effet de serre.
Frédéric Brunnquell, Sciences et Avenir, juin 1995.
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