Cyberculture
"LA GRATUITÉ DU NET EN PERIL ?"
Par Natacha (ha_nat@iway.fr)
Le cybercafé débarque en France. Cette arrivée pose une
question : comment le public doit-il découvrir l'Internet dans ces
cafés dit "cybercafés" (où la demi-heure de connection
vaut de 30 à 40 francs !) ou dans des espaces culturels ?
Pour le public français le Net est un concept vague. Bien
qu'hypermédiatisé, comme d'ailleurs toutes les nouvelles
technologies, il reste pour la plupart des gens inaccessible (Ils n'ont pas de
modem, pas d'ordinateurs ou pas les moyens de s'abonner, etc.).
Pourtant sa vocation culturelle et informative est évidente. La place
idéale du Net serait en libre service ou à prix coûtant
dans les bibliothèques, les écoles, les universités, les
musées dans tous les espaces culturels dans les grandes villes comme en
province et dans les banlieues...
La nethique (l'éthique du réseau) est mise à mal par le
développement des services commerciaux. Ce merveilleux esprit de partage
devrait être transmis aux nouveaux utilisateurs. Mais vous le savez comme
moi, pour comprendre le concept de réseau, il est essentiel de changer
de référentiel.
De nouveaux serveurs fleuriront à la rentrée, plusieurs grands
journaux et magazines français proposeront des services on-line. Mais
l'Internet est aujourd'hui plus considéré comme un marché
juteux que comme un outil culturel et éducatif.
En somme c'est la ruée vers l'or électronique de cette fin de
siècle. Un far west sans loi, où celui qui dégaine le plus
vite est vainqueur. Chacun plante son drapeau, délimite son territoire,
construisant le nouveau monde virtuel. Laissant aux expropriés, qui
autrefois y vivaient en liberté, le statut d'amérindiens
technologiques. L'histoire se repéterait-elle ?
La commercialisation du net pose un problème, l'information est mise en
ligne gratuitement par tout le monde, et des sociétés tirent des
profits de ce travail bénévole.
`Un exemple : un cybercafé facture (en plus du temps d'utilisation) le
téléchargement de documents provenant du net, il se met alors
à toucher des droits sur des documents justement libres de droit !!! (ce
que le public ignore sans doute).
Que se passe-t-il ? Cela renforce les arguments des détracteurs de ce
système, mais il faut avouer qu'il n'est cohérent que si personne
ne perçoit de l'argent. Si la reproduction de textes ou d'images
génère des profits, les auteurs devraient être
rétribués.
Mais que faire lorsque l'intention des auteurs et des éditeurs (comme
nous par exemple) est de mettre à disposition leur travail gratuitement
? Il n'est pas juste que quelqu'un viole cette volonté en le facturant
à l'utilisateur. Pire encore le client du cybercafé reste celui
qui n'a pas les moyens d'avoir le matériel pour se connecter, et c'est
lui qui, au bout du compte, paye le plus cher. C'est un délicat dilemne
qui se posera de plus en plus.
Quelques abus risquent de mettre donc tout le système en péril.
Si tous ceux qui contribuent au réseau veulent gagner de l'argent, le
digicash envahissant nos écrans, il est à craindre que
l'accès à chaque serveur (intéressant) devienne payant ou
soit financé par le public ou sponsorisé par le privé, les
services non rentables ne pourraient plus y survivre.
Nous sommes les seuls gardiens de la liberté d'expression et de la
gratuité du réseau, pour que l'information reste au "prix de
l'électricité", il ne nous reste qu'à y veiller.
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