Écologie
ENTRE LE CHAUD ET LE FROID, LA PERPLEXITÉ
De plus en plus clairement, une difficile question se pose à nous :
saurons-nous maintenir les conditions de vie sur notre planète ? En
effet, nous sommes en train de modifier de manière inquiétante,
la composition chimique de l'atmosphère. Les activités humaines
créent, pour la première fois de l'histoire du climat terrestre,
un déséquilibre dans l'écosystème.
Cela n'est ni une extrapolation de science fiction, ni le discours alarmant
d'un écologiste catastrophiste. Tous les programmes internationaux
concernant les modifications de climat traitent cette question.
Un changement global est en cours : disparitions des espèces,
réduction de la couche d'ozone, pollution atmosphérique,
déforestation, pollution de l'eau potable et des océans, pluies
acides, déchets nucléaires, réchauffement
planétaire, érosion et désertification...
Notre situation spatiale donne à réfléchir. Dans la partie
observable de l'Univers, il existe environ 100 milliards de galaxies. Notre
galaxie est elle-même composée de 100 milliards d'étoiles.
Dans l'un de ses systèmes solaires, il y a une petite planète
bleue qui abrite la vie grâce à des conditions favorables. C'est
la seule que nous connaissions, aujourd'hui !
L'écorce de la Terre sur laquelle nous vivons a une épaisseur de
5 à 70 kilomètres qui "flotte" sur la matière en fusion.
Proportionnellement, elle n'est pas plus épaisse que la peau d'une
pomme.
L'atmosphère terrestre a mis plus de quatre milliards d'années
à se stabiliser, et elle représente un millionième de la
masse de la Terre. La couche d'ozone a permis le développement de la vie
sur terre, filtrant les rayons ultraviolets B (UV-B) du soleil qui sont un
danger pour les hommes et la vie animale.
UN TROU DANS LA COUCHE D'OZONE PLUS GRAND QUE TOUT LE CONTINENT NORD
AMÉRICAIN ET L'AMÉRIQUE CENTRALE RÉUNIS
Chaque année depuis 1979, l'épaisseur de cette couche diminue
au-dessus de l'Antarctique. Aux latitudes moyennes des deux
hémisphères la couche d'ozone s'amincit de 4 à 5% par
décennie.
De 1992 à 1993, au pôle sud, des records ont été
observés, l'ozone avait complètement disparu entre 13,4 et 18,4
km d'altitude. Un trou plus grand que toute l'Amérique du Nord et
l'Amérique centrale réunis (couvrant une superficie de 23
millions de km2) s'est créé essentiellement à cause de la
production industrielle de chlore et de bromure, et de l'éruption du
volcan Pinatubo en 1991.
Récemment, la NASA a mis un terme au débat qui divisait depuis
des années les scientifiques sur l'origine de la formation d'un trou
dans la couche d'ozone.
Les données du Satellite de Recherche en Haute Atmosphère (UARS)
confirme que l'activité humaine, en premier l'utilisation des
chlorofluorocarbures (CFC), est à l'origine de l'appauvrissement de
cette couche. Les CFC contribuent à l'appauvrissement de la couche
d'ozone mais contribue aussi à l'effet de serre, nous y reviendrons plus
tard.
Le premier accord pour la protection de l'environnement a été
signé en 1987 par 27 pays. C'est "le Protocole de Montréal" pour
diminuer d'ici à 1999 de 35 % la production des CFC 11 et 12, quant
à la CEE, elle s'est engagé à les éliminier
complétement avant l'an 2000 (La Chine et l'Inde, entre autres, n'ont
pas signé le protocole).
Il y a de nombreuses catégories de CFC. Les CFC 11 et 12 étaient
l'époque utilisés comme principal gaz propulseur des
aérosols de pesticide, de produits de beauté, en passant par les
produits ménagers. Aujourd'hui les HCFC (hydrofluorocarbones) sont
encore utilisés dans la fabrication de mousse synthétique et dans
les systèmes de climatisation notamment des voitures et de
réfrigération.
Il faut savoir que l'utilisation des chlorofluorocarbures de leur ensemble ont
d'innombrables applications. On les utlise dans la fabrication de mousses
antibruit, de produits d'extinction automatique des incendies, fluides
réfrigérants, solvant de nettoyage... 70 % de la production de
CFC ne sert pas à vaporiser les aérosols.
Les ministes de l'Union européenne ont adopté, un calendrier de
réduction des HCFC qui débutera en 2004 et qui menera à
leur élimination en 2015.
NOUS NE SOMMES QU'AU MILIEU DE LA TEMPÊTE !
Une fois liberé dans l'atmosphère les CFC y demeurent une
centaines d'années, et ils mettent une quinzaine d'années pour
s'élever jusqu'à la couche d'ozone située à 25
kilomètres d'altitudes. De ce fait, même si nous cessions
immédiatement tout dégagement de CFC, plusieurs dizaines
d'années s'écouleraient avant d'obtenir un quelconque
résultat.
L'Organisation Mondiale de la Météorologie a annoncé que
l'ozone stratosphérique est en "déclin global continu". La
période critique de la destruction de la couche d'ozone "se trouve
encore devant nous", dans les prochaines années, et ne commencera
à baisser qu'au début du XXIe siècle.
Un atome de chlore détruit environ 100 000 molécules d'ozone.
Fabriquer suffisamment d'ozone pour combler le trou (de 1987) exigerait
l'équivalent de trois fois l'ensemble de toute l'énergie
utilisée aux États-Unis chaque année.
Le rayonnement utraviolet est divisé en trois catégories selon
leur puissance énergétique : Les U.V.A. qui arrivent normalement
jusqu'au sol et sont responsables du bronzage de la peau; les U.V.B. plus
énergétiques qui sont partiellement arrêtés par la
couche d'ozone, et les U.V.C. encore plus énergétiques que ces
derniers qui sont presques totalement absorbés par la couche d'ozone.
Quelles conséquences aurait la destruction de la couche d'ozone ?
Le rayonnement ultraviolet B pourrait augmenter au sol. Ceci provoquerait
très sérieux effets sur le système immunitaire humain, ce
qui nous renderaient plus sensibles à diverses maladies virales comme
l'herpès.
Ces rayonnements endommagent profondément les chaînes d'ADN,
réduisent l'efficacité des vaccins et augmentent la
fréquence des maladies infectieuses. Certains virus, y compris le VIH,
peuvent être activés par ce rayonnement. On prévoit qu'une
perte de 10 % de la couche d'ozone provoquera 300 000 cancers de la peau et
qu'une diminution de 1 % provoquerait dans le monde entier 100 000 à
150 000 cas de cataractes entrainant la cécité.
Cette augmentation des UV-B pourrait réduire la production de
phytoplancton 6 à 12%. Le plancton de tous les océans produit 70%
de l'oxygène que l'on respire. D'après un article paru dans
Science, diverses mesures réalisées dans
l'hémisphère sud, indiquent une baisse de la photosynthèse
de l'ordre de 6 %. Ce qui impliquerait 6% de nourriture en moins.
Presque un tiers des protéines animales consommées par l'homme
provient de la mer. Des baisses de productivité des récoltes
seraient aussi possibles - en particulier pour les laitues, les tomates, le
soja et le coton.
CASUS BELLI
Maintenant, que nous connaissons le trou dans la couche d'ozone, serions-nous
en train de découvrir les effets qu'elle produit ? En quinze ans la
couche d'ozone s'est appauvrie de 9 % au-dessus du Danemark. Comme nous
l'apprenait une depêche de l'AFP, cette réduction serait à
l'origine de la maladie des chênes constatée au Danemark, ainsi
qu'en Allemagne et dans une grande partie de l'Europe.
Le docteur Erika Loehr de l'Université de Copenhague est
"préoccupée par l'état des chênes observés au
printemps 94, qui étaient soient sans feuilles, ou avaient des bourgeons
à moitié éclatés et des feuilles
déformées.
Toujours selon le Dr Loehr, l'augmentation des rayons ultraviolets nocifs, qui
fait suite à l'appauvrissement de la couche d'ozone, réduirait
jusqu'à 40% les activités des enzymes qui permettent aux arbres
d'absorber le dioxyde de carbone (CO2), et provoquerait ainsi cette maladie de
chênes.
LE DÉBAT CLIMATIQUE EN PLEINE POLÉMIQUE
En ce qui concerne l'effet de serre, les certitudes d'hier deviennent le
doute d'aujourd'hui. La théorie dominante est la suivante :
l'augmentation du gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère
entraînerait une élévation de la température moyenne
sur notre planète.
Selon les scientifiques, deux points seulement semblent acquis : l'augmentation
des gaz à effet de serre est d'origine humaine et aura un impact
à long terme sur le climat.
La période du crétacé ( de -144 à -65 millions
d'années) est prise comme référence, et ce que l'on croit
savoir c'est qu'il contenait huit fois plus de CO2 et que la température
était de 5 à 10 deg.C plus élevée qu'aujourd'hui.
En résumé : plus de CO2 = augmentation de la
température.
Même si nous parvenions à stabiliser les émissions de CO2
"les concentrations de ces gaz dans l'atmosphère continueraient
d'augmenter pendant au moins 200 ans".
Jusqu'ici, la stratégie des politiques et des experts économiques
était basée sur cette hypothèse. Elle est donc remise en
cause par des scientifiques. Un long article paru dans le journal The New
Scientist expose la situation (traduit en français par le
Courrier International).
D'après Bruce Sellwood, Greg Price et Paul Vardes, de
l'université de Reading, constent cette théorie (voir Nature,
vol.370, p.453). Selon eux, effectivement au crétacé, il y avait
huit fois plus de CO2 dans l'atmosphère mais la température de la
Terre était proche d'aujourd'hui !
"Les modèles qui suggèrent de futures variations climatiques, en
prenant pour référence le monde à l'ère du
crétacé doivent être considérée avec la plus
grande prudence", préviennent les chercheur".
Deux points de vue s'opposent : Ceux qui estiment, comme cet autre scientifique
anglais Phil Jones de l'unité de recherche climatique de
l'Université d'East Anglia, que ces découvertes ne contredisent
pas les prévisions de l'IPCC.
Reconnaissant, cependant, que "le crétacé n'est pas une bonne
référence pour les modèles actuels" et qu'il est plus
important d'en savoir d'avantage sur les récentes époques
glaciaires. Elles permettent de mieux tester la capacité des
modèles climatiques planétaires à simuler les climats
actuel et futur".
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