Femmes et climat, briques écolos au Bangladesh, recyclage de PC
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés et sur Facebook. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses.
Vers des indicateurs de genre pour les fonds climatiques mondiaux ?
Sur les millions de dollars qui ont été dépensés dans le cadre de projets liés au changement climatique dans les pays en développement, peu de ressources ont été attribuées d’une façon susceptible de bénéficier aux femmes. Pourtant, en Afrique, ce sont elles qui seront le plus affectées par le changement climatique.
D’après les données de Nations Unies, environ 80% des petits agriculteurs du continent sont des femmes. Elles sont responsables de la sécurité alimentaire de millions de gens, mais l’agriculture est l’un des secteurs les plus durement touchés par le changement climatique.
“Il y a beaucoup de discussions internationales sur les financements liés au changement climatique pour les communautés locales et particulièrement pour les femmes, mais peu d’actions sont réellement menées”, dit Ange Bukasa, qui dirige l’organisation de facilitation de l’investissement “Chezange Connect” en République Démocratique du Congo. Bukasa était l’une des déléguées au Forum de partenariat sur les “Fonds d’investissement climatique” de 2011, qui s’est tenu les 24 et 25 juin à Cape Town, en Afrique du Sud.
Les Fonds d’investissement climatiques (FIC), établis par la Banque Mondiale en coopération avec les banques régionales de développement multilatéral, apportent des financements pour accompagner les efforts d’adaptation et de réduction des effets du changement climatique dans les pays en développement. Depuis leur lancement en 2008, les FIC ont alloués 6,5 milliards de dollars à des projets liés au changement climatique dans 45 pays en développement. Plus d’un tiers est allé à 15 états africains. Mais la plus grande part de cet argent – plus de 70% – finance des projets de grande échelle liés aux technologies propres pour l’énergie et aux transports. Ces secteurs de l’économie formelle sont traditionnellement dominés par les hommes. Seuls 30% sont dépensés dans des projets de petite échelle bénéficiant directement aux communautés rurales et pauvres, et dès lors susceptibles d’améliorer les conditions de vie des femmes.
Les experts du Programme des Nations Unies pour le Développement mettent en garde contre le risque que les fonds perpétuent les déséquilibres existants entre les sexes. Selon eux, pour que puisse être prise en compte la spécificité des genres vis-à-vis de le consommation d’énergie et du travail domestique dans un contexte de pauvreté, il faut que les femmes soient consultées au moment de la conception et de l’implémentation des initiatives de réduction et d’adaptation aux effets du changement climatique. Mais cela n’est pas assez souvent le cas. “Les liens entre les grandes institutions régionales qui gèrent les fonds et les gens sur le terrain qui ont besoin d’y accéder sont absents”, dit Bukasa, qui travaille avec les agriculteurs au Katanga, dans le sud de la RDC, et ailleurs dans le pays. Elle se plaint du manque de consultation des femmes, qui représentent la majorité des petits agriculteurs de la région. Bukasa fait également valoir que la plupart des communautés rurales n’ont pas été suffisamment éduquées à ce qu’est le changement climatique et à la manière de l’atténuer ou de s’y adapter. “Les gens peuvent avoir entendu les mots ‘changement climatique‘, mais ils n’ont aucune idée de ce qui peut être fait à ce propos ni de la manière d’accéder à des informations”, prévient Bukasa. Cela signifie qu’ils demeurent incapables d’identifier les problèmes et les solutions se rapportant au changement climatique, et, de ce fait, qu’ils ne peuvent développer leurs propres projets et faire appel à des fonds. Leur seule option est de “continuer à cultiver comme ils l’ont toujours fait”, soupire-t-elle.
De telles informations provenant d’experts du changement climatique travaillant au niveau des communautés semblent cependant avoir un certain effet. Les banques qui gèrent les FIC se sont maintenant engagées à intégrer des indicateurs de genre dans toutes les opérations et à les inclure parmi les principaux critères pour l’approbation des subventions. Les analyses de genre, l’établissement de données différentiées suivant le sexe, le suivi et les audits relatifs au genre feront également partie des projets financés par les FIC pour veiller à ce qu’ils bénéficient également aux hommes et aux femmes, ont-ils promis. “Nous projetons de tenir davantage compte du genre et nous introduisons de plus en plus d’indicateurs pour évaluer cette dimension dans les projets”, dit Mafalda Duardte, coordinatrice des finances pour le climat à la Banque Africaine de Développement, l’une des institutions régionales qui administrent les fonds.
Duarte dit qu’il y a une attention particulière pour le financement de technologies pour une énergie hors réseau qui amélioreront la vie des femmes et des jeunes filles, car celles-ci ploient toujours sous le fardeau des corvées de bois et d’eau dans les communautés rurales. Les fonds iront à des projets d’énergie solaire, de fourneaux améliorés pour la cuisine, de sylviculture durable, d’irrigation fonctionnant à l’énergie solaire, aussi bien que de stockage de l’eau et de systèmes de chauffage. “Quand nous évaluons les dossiers, nous nous assurons que les femmes pourront accéder aux technologies soutenues financièrement”, ajoute Duarte.
Le seul revers est que cette attention particulière ne concerne à nouveau que les investissements de petite échelle, qui ne représentent qu’un faible pourcentage de l’ensemble des fonds. Duarte admet qu’il faut faire davantage : “nous avons vraiment besoin d’accroître l’échelle des projets qui se préoccupent des questions de genre, car nous avons trop d’endroits critiques de pauvreté sur le continent.”
Florah Mmereki, directrice de projet chez Wena Industrie et Environnement, un groupe pour l’éducation environnementale basé à Gaborone, au Botswana, partage le sentiment que les efforts doivent être accélérés : “les quelques projets liés au changement climatique qui existent aujourd’hui au Botswana ne sont pas ciblés sur les femmes. C’est une énorme méprise.” Mmereki dit que les femmes restent exclues en raison du fait que la participation à de nombreux projets d’adaptation au changement climatique nécessitent généralement un investissement en amont, tel qu’une contribution au coût de fourneaux à bois énergétiquement efficaces. “Mais les femmes dans les milieux ruraux n’ont pas accès aux fonds. Ce sont elles qui travaillent dans les champs, mais ce sont leurs maris qui gèrent l’argent”, note-t-elle. “Il y a de nombreuses barrières de genre qui doivent encore être abolies”.
(Lire l’article en anglais sur IPSnews.net)
Pas moins de deux villes nouvelles pour le Caire et Istanbul
Une expansion urbaine rapide a transformé les villes historiques du Caire et d’Istanbul en méga-métropoles surpeuplées, saturées par le trafic automobile, pleines de rouille, d’encombrements et de pollution. Face à ce problème, des solutions similaires et à l’allure improbable ont été proposées dans les deux pays : construire deux nouvelles villes du Caire et d’Istanbul.
Les plans pour la construction de deux nouveaux développements à usage mixte à l’est et à l’ouest du Caire — nommés, de manière pas particulièrement créative, Easttown et Westtown (ville de l’est et ville de l’ouest) — ont été salués par le site web environementaliste du Moyen Orient “Green Prophet” (le Prophète Vert). Conçus initialement pour absorber le flux excédentaire du Caire, et pour développer un modèle plus adapté aux piétons, susceptibles de décongestionner la circulation et de réduire la pollution, ces nouveaux centres métropolitains accueilleront chacun deux millions et demi de personnes d’ici dix ans.
Tournant le dos au modèle de développement précédent qui séparait les quartiers résidentiels et commerciaux, obligeant ainsi les résidents à posséder des voitures ou à utiliser les transports publics pour leur vie quotidienne, Easttow et Westtown réuniront tous les services au sein du même tissu urbain.
Le projet a également été conçu avec la préoccupation du développement durable, écrit Green Prophet: “En particulier, de nombreux architectes envisagent l’usage de vitres pour réduire le gain solaire, le recours à des matériaux de construction responsables, une bonne isolation pour améliorer l’efficacité énergétique, et un type de conception passive qui réduira dès le départ la dépendance énergétique.”
Les plans pour le développement de deux nouveaux Istanbuls, annoncés par le Premier Ministre Turc Recep Tayyip Erdoğan avant l’élection nationale, ont été plus controversés. Tandis que M. Erdoğan prétendait que les deux nouvelles villes satellites réduiraient l’encombrement humain et atténueraient les risques liés aux tremblements de terre, les critiques ont fustigé l’imprécision des plans et le manque d’études sur l’impact environnemental ou sur la faisabilité. Ils disent que les nouveaux développements ne feraient qu’attirer plus de migrants vers Istanbul, tout en bétonnant quelques uns des derniers espaces forestiers aux alentours de la ville.
(Lire l’article en anglais sur Treehugger.com)
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Une technique écologique de fabrication de briques au Bangladesh
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Fonds pour l’Environnement Mondial ont récemment présenté une technologie de fabrication de briques performante au niveau énergétique et non polluante, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre au Bangladesh, où l’économie a connu une croissance annuelle de 5 % à 6 % ces 15 dernières années.
Conçue pour remplacer l’actuelle technologie hautement polluante, la nouvelle technique appelée “Four Hoffman” a été développée à l’origine en Allemagne, puis modifiée en Chine et enfin remodelée pour s’adapter aux besoins du Bangladesh, avec pour résultat
la création d’un four encore plus efficace et rentable.
Avec une industrie du bâtiment qui croît plus vite que son PIB, le Bangladesh n’a pas d’autre choix que de rendre la technologie de fabrication des briques efficace et respectueuse de l’environnement, a déclaré Khondker Rahman, en charge du projet du PNUD pour l’amélioration de l’efficacité des fours dans l’industrie de fabrication des briques.
Au sein d’une industrie de la construction en plein essor, stimulée par l’urbanisation rapide du Bangladesh, l’industrie de fabrication des briques demeure très peu réglementée et non contrôlée. Chaque année, 8,6 milliards de briques sont produites ici et la demande connaît une hausse constante d’environ 5,28% par an
Plus de 90% des fours à briques du pays utilisent une technologie vieille de 150 ans, énergivore et hautement polluante, et l’une des plus importantes sources d’émission de gaz à effet de serre du pays : près de 6 millions de tonnes de CO2 rejetées chaque année. Avec le taux de croissance annuel présent, à ce rythme, les émissions de CO2 atteindront 8,7 millions de tonnes en 2014.
Aujourd’hui, avec la nouvelle technologie hybride Hoffman, un four produira à lui seul 15 millions de briques et permettra de réduire les émissions de carbone de 5000 tonnes par an. Si tous les fours existants sont remplacés par cette technologie, le taux d’émission sera réduit de manière considérable.
La plus grande partie du carburant mélangé aux briques dans les fours hybrides Hoffman est complètement brûlée pendant la cuisson, ce qui réduit de manière drastique la consommation d’énergie et les coûts de production. L’air chaud est ensuite dirigé dans le tunnel à partir du four annulaire qui sèche les briques écologiques et empêche l’émission de gaz à effet de serre.
Avec une demande en hausse, ce sont 8.6 milliards de briques qui sont produites annuellement en utilisant la méthode traditionnelle de fabrication, hautement polluante — avec des coûts de production élevés, de mauvaises conditions de travail et un produit de qualité inférieure. De plus, 33% des fours utilisent du bois de chauffage qui est une cause majeure de la déforestation. Grâce à la nouvelle technologie, le Four Hybride Hoffman permettra d’économiser de l’énergie et des ressources naturelles pour aider à construire un Bangladesh plus propre.
South Africa: Recycling for Cash)
Afrique du Sud : recyclage rentable
En Afrique du Sud, des entrepreneurs créatifs tirent des bénéfices économiques du recyclage des déchets électroniques en les utilisant comme matériaux de fabrication bruts. Ils remettent également à neuf des ordinateurs et les vendent comme matériels d’occasion bon marchés. Dans les townships des environs, certains de ces ordinateurs réparés sont installés dans des cyber cafés à l’usage des sud-africains qui ne peuvent pas se payer d’ordinateur neuf. Ces initiatives procurent également aux chômeurs du pays un travail dont ils ont grand besoin.
Texte de la vidéo en anglais (PDF) Traduction française :
Justin Van Der Walt, sud-africain, regrette son passé turbulent… « Quand j’avais quinze ans, mon père est décédé… Plus tard, j’ai évidemment compris que j’aurais pu passer un peu plus de temps avec lui, au lieu d’être un délinquant.” Après la mort de son père, il décida de devenir sérieux. Mais quelque chose de terrible arriva… Justin : “J’ai eu un accident de moto. J’ai perdu environ 70% de l’usage de mon bras”. Inquiète pour l’avenir de son fils, la mère de Justin prit une décision qui changea sa vie… Elle l’inscrivit à un cours d’informatique. Justin : “J’ai réussi mes cours, je travaillais juste sur mes propres ordinateurs.”
Le fait de réparer ses propres ordinateurs a donné confiance à Justin et il s’est bientôt retrouvé à travailler en freelance pour de petites sociétés. “J’ai gagné assez d’argent pour m’acheter à manger. Cela me permettait juste de continuer.” Le grand déclic, pour Justin, est arrivé un jour où il se balladait dans son quartier. Il vit du matériel informatique dans un entrepôt et décida de se présenter au propriétaire. “Il y avait beaucoup de moniteurs et d’autres trucs dans l’entrepôt. Il m’a demandé si je saurais réparer des ordinateurs. J’ai dit oui, je peux le faire. Et il m’a embauché pour réparer ses ordinateurs.”
Aujourd’hui, à 26 ans, Justin est le fier propriétaire de la société “Just PCs” dans la ville du Cap, en Afrique du Sud. Spécialisée dans la transformation des déchets informatiques et électroniques destinés à la décharge, la société Just PCs remet à neuf les ordinateurs. Tout en s’occupant d’une affaire rentable, Justin aide l’Afrique du Sud à réduire ses 100.000 tonnes de déchets électroniques par an.
D’après Akim Steiner, à la tête du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) : “Les déchets électroniques ne sont pas seulement quelque chose dont nous devrions détourner nos regards et que nous devrions ignorer. C’est une montagne qui s’accumule sur toute la planète. Il faut que nous nous en occupions pour pouvoir réduire le volume de déchets et en tirer un bénéfice sur le plan à la fois environnemental et économique.”
Justin et un groupe de penseurs pionniers et créatifs ont formé l’Alliance E-déchets afin d’augmenter la prise de conscience des communautés. Cette initiative apporte du travail aux personnes sans emploi dans le pays, comme Phumlani Silwana, 23 ans. Il a commencé à “Just PCs” en nettoyant les ordinateurs. Maintenant, il les répare… mais son rêve est bien plus grand : “Un jour, je veux monter ma propre affaire, dit-il. Pour le moment, je continue à mettre de l’argent de côté.” Mais la remise à neuf n’est qu’une partie de la solution. Il faut faire davantage pour limiter le gaspillage électronique au niveau mondial, dit Susan Dittke, qui dirige l’Alliance. “Je crois que les gens doivent vraiment se pencher sur cette absurdité, et arrêter d’acheter des choses dont ils n’ont pas besoin, avec de l’argent qu’ils n’ont pas.”
Pendant ce temps, d’autres membres de l’Alliance utilisent les déchets électroniques en tant que matériaux de fabrication, comme dans cette usine de fabrication de tuiles. Justin : “ Ils prennent les matériaux plastiques et les combinent à d’autres plastiques, et fabriquent des tuiles pour les ménages à faible revenus. C’est en fait moins cher que les tuiles habituelles pour les toits.”
Et les jeunes sud-africains bénéficient également des efforts de Justin : dans les cyber cafés installés dans les townships de la ville du Cap, les enfants utilisent des ordinateurs qui avaient été initialement jetés à la poubelle.
Selon Justin, “le but de cette affaire de cyber cafés est de mettre les ordinateurs à disposition des gens qui en ont le plus besoin, mais qui ne peuvent pas s’en payer des neufs”. Aider à l’installation de cyber cafés, c’est la façon qu’a Justin de rendre quelque chose à la société et de débarasser son pays des déchets électroniques.
Source : unmultimedia.org
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