Michel Serres, bilan carbone français, révolution pour mobile, feuille artificielle
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Michel Serres: « Nous sommes à la fin d’une ère »
Dans cet article, Michel Serres, académicien français et professeur à Stanford en Californie, explique quels sont les événements actuels qui montrent que nous sommes entrés dans une période de profonds changements.
Depuis toujours, l’histoire de la Terre et de l’humanité est jalonnée de catastrophes effrayantes majeures (éruptions volcaniques, chutes de météorites, effondrements spectaculaires de population, etc.). Nous avons déjà connu 5 extinctions qui ont fait disparaître 90% à 95% de la vie sur Terre. Mais ce qui s’est passé au Japon, même si cela ne représente pas pour lui la « sixième fin du monde », représente un véritable tournant dans notre histoire : « Il y aura un avant et un après Fukushima. (…) Une catastrophe mondiale. Une catastrophe au sens littéral du mot, le « bord », une « coupure”. Il explique aussi que si les Japonais ont réagi avec calme et dignité, c’est parce qu’ils sont habitués aux tremblements de Terre quotidiens et que cela développe chez eux une familiarité avec la mort et une grande sagesse. Rien à voir avec la France où on ne connaît aucun risque majeur. « Comme on ne risque rien, on s’affole de tout ».
La destruction de la centrale de Fukushima et ses conséquences majeures doivent nous interroger sur les dangers auxquels l’humanité et la Terre sont exposées. Il ne s’agit pas de « diaboliser » le nucléaire, car, pour le moment, Michel Serres ne voit pas d’alternative à cette énergie, qui reste à l’heure actuelle la plus propre du point de vue des rejets de CO2.
Nous avons besoin d’énergie, mais selon lui, nous devons trouver des solutions pour dépenser et gaspiller moins. « Cela ne peut pas durer. On est en train de griller toute l’énergie de la planète ». Cela demande un changement profond, rapide et nécessaire de nos modes de vie, de nos comportements. Ce n’est pas la fin du Monde, mais de notre monde et modes de vie actuels.
En sens, c’est une période de l’humanité qui se termine, notamment celle des siècles derniers où les progrès techniques, la révolution industrielle, etc, n’ont été possibles que parce que la Terre a connu une grande stabilité. Mais dès lors que celle-ci « s’éveille », nous sommes exposés à des catastrophes majeures. Le séisme au Japon, d’une puissance inégalée jusqu’à aujourd’hui, n’est que le premier d’autres à venir (San Andreas, en Californie, un du côté d’Istanbul et un troisième au Japon).
Pour Michel Serres, nous sommes entrés dans une période nouvelle qu’il appelle le Néolithique 2. Plusieurs facteurs sont les signes de ce profond changement (baisse de la mortalité des femmes qui accouchent, baisse de la mortalité infantile, espérance de vie de la population qui augmente, etc.). Mais ce qui marque, pour lui, le véritable achèvement de notre ère, c’est « la fin de l’agriculture ». Dans un monde en pleines mutations (un rapport différent au temps, à l’espace, à la nature, etc.), au final, ce qui ne change pas ce sont « les institutions de l’ancien monde ».
(Lire l’article sur le JDD.fr)
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TAGS : Michel serres, nouvelle ère, civilisation, planète, Terre, changements, Fukushima, Japon, séisme, catastrophe, nucléaire, humanité
Une étude sur le bilan carbone des ménages Français
Cette étude a été réalisée auprès de 2000 foyers par Ipsos. Elle porte sur les transports, le logement et l’alimentation. Il en ressort que le transport représente 54% des émissions de CO2 par foyers, le logement 30% et l’alimentation 16%.
Ce sont les populations jeunes (18-24 ans) et âgées (plus de 65 ans) qui ont le bilan carbone le plus élevé. Cela est dû principalement à l’utilisation de la voiture individuelle chez les jeunes et à la taille des logements et aux loisirs (voyages en avion) chez les plus âgés.
Une personne vivant seule émet trois fois plus de CO2 qu’un membre d’une famille nombreuse.
Plus la taille de l’agglomération est petite, plus le niveau des émissions de CO2 augmente : ce sont les villes de 100 000 à 200 000 habitants qui ont le bilan carbone le moins important.
Les ménages aux revenus les plus élevés sont aussi les plus gros émetteurs de CO2, à cause notamment de l’utilisation des transports : voiture individuelle et surtout voyages en avion pour le travail ainsi que pour les loisirs. Ils rejoignent en cela les populations plus âgées (65 ans), grandes consommatrices de loisirs et de voyages.
Au contraire, plus les foyers ont de faibles revenus et plus leur bilan carbone est bas. Les ménages aux revenus modestes sont aussi les plus touchés par la hausse du prix de l’énergie. Ce qui n’est pas le cas des retraités et cadres supérieurs. Cela entraîne une inégalité face à la précarité énergétique : les foyers ayant le bilan carbone le plus élevé sont aussi ceux qui ont de plus hauts revenus et qui sont moins sensibles à l’augmentation du coût de l’énergie.
Sur les questions liées à l’environnement (réchauffement et changement climatiques, impact environnemental des produits de consommation, etc.), la sensibilité individuelle aux problèmes environnementaux reste plutôt faible et n’a pas un impact significatif sur le bilan carbone des ménages.
Enfin, c’est en priorité dans le logement que les ménages sont prêts à faire des efforts pour faire baisser leur bilan carbone et réduire l’impact sur l’environnement (équipements moins gourmands en énergie, ampoules basse consommation, gestes responsables pour diminuer la consommation en électricité et en eau).
(Lire l’article sur Ipsos.fr)
photo : A Blue Sunday Family Portrait – pierre bédat
TAGS : bilan carbone, CO2, énergie, environnement, transports, logement, consommation, changement climatique, ménages, foyers, loisirs, précarité énergétique
Révolution dans l’électronique : le panneau solaire transparent
C’est une société française, Wysips, qui est à l’origine de cette nouvelle technique. Il s’agit de la mise au point d’un film photovoltaïque, souple et transparent, pouvant se coller sur n’importe quelle surface (téléphone, façade, fenêtre, voiture, ordinateur et même tissus, à terme), capable de transformer la lumière en énergie et donc de recharger des batteries.
Cette nouvelle technologie, quand elle sera au point (à l’heure actuelle, il faut compter 6 heures pour recharger la batterie d’un smartphone), permettra une plus grande autonomie, et conduira à un téléphone jamais à cours de batterie, sans surcharge de poids ni interférence dans la réception. Les concepteurs du projet estiment à 6 mois le temps nécessaire pour une fabrication en série. L’avantage de ce film photovoltaïque est aussi son coût de fabrication raisonnable. Cette nouvelle technologie vise particulièrement les pays en voie de développement.
(Lire l’article sur lepoint.fr)
TAGS : énergie solaire, panneaux solaires, recharge, batteries, technologie, autonomie, smartphone, film photovoltaïque
Une feuille artificielle capable de produire de l’électricité
À l’occasion de la 241e réunion nationale de l’American Chemical Society, des scientifiques ont décrit une cellule solaire innovante de la taille d’une carte de poker, imitant le processus de photosynthèse que les plantes vertes utilisent pour convertir la lumière du soleil en énergie. Selon Daniel Nocera, chimiste au MIT qui a dirigé l’équipe de recherche, “la feuille artificielle se montre particulièrement prometteuse comme source peu coûteuse d’électricité pour les habitations dans les pays en développement. Notre objectif est de faire de chaque maison sa propre centrale électrique”.
Les scientifiques ont utilisé comme modèle des feuilles naturelles pour développer ce nouveau type de cellules solaires, même si les feuilles artificielles n’ont finalement plus rien de commun avec leurs modèles. Les feuilles artificielles sont composées de silicium, associant électronique et chimie, par l’emploi de catalyseurs (permettant ou accélérant des réactions chimiques autrement inefficaces). Placé en plein soleil dans un gallon d’eau, le dispositif pourrait produire suffisamment d’électricité pour alimenter une maison dans un pays en développement pendant une journée. Il le fait par la séparation de l’eau en ses deux composantes, l’hydrogène et l’oxygène. Les gaz d’hydrogène et d’oxygène seraient stockés dans une pile à combustible, qui utilise ces deux matériaux pour produire de l’électricité, soit au-dessus, soit à côté de la maison.
La “feuille artificielle” n’est pas un concept nouveau, précise Daniel Nocera. Elle a été développée plus de dix ans auparavant par John Turner, de l’US National Renewable Energy Laboratory. Ce dispositif était très efficace pour la réalisation de la photosynthèse, mais pas opérationnel pour une large utilisation car il était composé de métaux rares, chers et très instables, d’une durée de vie d’à peine un jour. Ce qui est nouveau avec la feuille artificielle de Nocera, c’est qu’elle est composée de matériaux peu coûteux et largement disponibles, qu’elle fonctionne sous des conditions simples, et qu’elle est très stable. Des études en laboratoire ont démontré qu’un prototype de feuilles artificielles pouvait fonctionner sans interruption pendant au moins 45 heures, sans baisse de l’activité.
La clé de cette avancée est la découverte de nouveaux catalyseurs peu coûteux, à base de nickel et de cobalt. À l’heure actuelle, la feuille de Nocera est environ 10 fois plus efficace pour la photosynthèse qu’une feuille naturelle. Toutefois, il pense pouvoir accroître bien d’avantage l’efficacité de la feuille artificielle dans l’avenir. “la nature est alimentée par la photosynthèse, et je pense que le monde futur sera alimenté par la photosynthèse sous la forme de cette feuille artificielle”.
(Lire l’article sur ACS en anglais)
Plante – photo : Natacha Quester Séméon
TAGS : feuille artificielle, photosynthèse, électricité, découverte, eau, énergie, Daniel Nocera, cellules solaires, catalyseur,
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Le genre humain menacé, par M. Rocard, D. Bourg et F. Augagneur
L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) vient d’indiquer, dans une inquiétante indifférence générale, que le pic pétrolier, marquant le maximum de la production mondiale, avait été atteint en 2006. D’après les auteurs de l’article, qui jugent cette information fondamentale, il serait dès lors illusoire d’espérer empêcher une flambée des cours de l’énergie, alors même que la demande mondiale ne va cesser de croître, avec l’émergence de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Cette réalité est pour le moment masquée par la crise économique mondiale, mais elle n’en empêchera pas moins tout retour de la croissance.
Et ceci n’est que l’un des éléments de la situation planétaire auxquels l’organisation actuelle de nos sociétés s’avère incapable de faire face. Le temps court des médias et des échéances électorales ont enfermé dirigeants et citoyens dans la gestion des affaires courantes et locales, alors même que le développement considérable de la puissance technologique a rendu l’humanité vulnérable à des menaces globales et durables, ayant trait à la régulation de la biosphère et même à notre identité biologique. Les tergiversations politiques et médiatiques autour de la question climatique sont édifiantes. Pourtant, “lorsque les océans se seront réchauffés, nous n’aurons aucun moyen de les refroidir”.
Ce qui préoccupe en premier lieu les auteurs, c’est l’ampleur des catastrophes sociales qui ne manqueront pas d’apparaître, dans un contexte de catastrophes écologiques mondiales, de croissance démographique, d’inégalités dans l’accès à l’eau, de fin de l’énergie bon marché, de raréfaction de nombreux minéraux, de dégradation de la biodiversité, d’érosion et de dégradation des sols, d’événements climatiques extrêmes…
Croissance démesurée des inégalités (déjà terriblement criantes), conflits et bouleversement des équilibres géopolitiques en résulteront, et devant l’irréversibilité des processus engagés, les auteurs pronostiquent que la panique conduira les sociétés occidentales à transgresser leurs valeurs de liberté et de justice, signant la fin de la démocratie. Cela pourra aller jusqu’à la disparition de sociétés entières, comme l’Histoire en a déjà connu, d’autant plus sûrement que “les nouvelles technologiques de plus en plus facilement accessibles fourniront des armes de destruction massive à la portée de toutes les bourses et des esprits les plus tourmentés”. Face à cette réalité, les auteurs appellent à l’émergence d’un nouveau paradigme déjà dessiné dans plusieurs études et pouvant s’appuyer sur des initiatives de la société civile. Voyant la barbarie se profiler comme une conséquence indirecte mais certaine des échecs répétés des sommets internationaux et de la gouvernance mondiale, ils considèrent qu’une réponse “à la crise écologique est un devoir moral absolu”, et que “les ennemis de la démocratie sont ceux qui remettent à plus tard les réponses aux enjeux et défis de l’écologie”.
(Lire l’article sur LeMonde.fr)
Tags :
humanité, menace, genre humain, écologie, crises, point de basculement, catastrophe, énergie fossile, CO2, réchauffement climatique, périls climatiques, croissance démographique, ressources, inégalités, conflits, équilibre, destruction massive, démocratie, pauvreté, gaspillage, autodestruction, cyborgs, compétitivité, civilisation, nouveau paradigme, barbarie
Un réseau social pour lutter contre la faim dans le monde
Le programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) lance un nouveau réseau social, baptisé Wefeedback : jeu de mot entre « nous rétroagissons », “nous faisons part de nos impressions”, et « nous nourrissons en retour ». L’objectif du projet est que les gens (bloggeurs, individus, entreprises) fassent des dons en ligne pour lutter contre la faim, dont souffrent 900 millions de personnes à travers le monde.
Sur le site de Wefeedback, vous pouvez calculer combien coûtent vos plats préférés et savoir combien d’enfants la somme correspondante peut nourrir. Par exemple pour le prix d’une salade, 12 enfants peuvent être nourris, une barre chocolatée = 5 enfants nourris et un steak = 40 enfants nourris.
Le but du projet est aussi de fédérer les internautes pour qu’ils partagent leur « feedback » et créent ainsi une communauté en ligne qui s’engage à lutter conjointement contre la faim dans le monde (le PAM souhaite mobiliser 1 milliard de personnes), grâce aux outils du Web 2.0.
(Lire l’article sur PublicSenat.fr)
TAGS : lutte contre la faim, réseau social, don, participation, partage, faim, lutte
Des étudiants du MIT développent une pompe pour latrines actionnée par une bicyclette, pour des sanitaires à bas coût dans les pays en développement
La bicyclette est un outil précieux pour produire de l’énergie localement dans les pays en développement. Le dernier-né des dispositifs actionnés par un vélo est… la pompe à latrine ! Assemblée à partir d’éléments disponibles sur place (saut, tuyau, bicyclette), elle peut réduire considérablement le calvaire des videurs de latrines, qui effectuent quotidiennement l’une des tâches les plus dures, les plus dégradantes mais aussi les plus importantes qui soient. Descendant habituellement dans les puits servant de latrines pour les vider à la pelle, ils maintiennent, à leur détriment, l’hygiène collective, et sauvent de nombreuses vies menacées par les maladies infectieuses, en empêchant le débordement des excréments humains dans les rues et la contamination des eaux souterraines. La matière récupérée, convenablement traitée, peut en outre servir à fertiliser les plantations et à produire de l’énergie. Des étudiants en commerce et en ingénierie mécanique du MIT ont conçu cet outil pour améliorer le sort de ces travailleurs, et fondé Sanergy, une organisation cherchant à redéfinir le sanitaire à bas coût. Les premiers tests ont eu lieu en février, et l’équipe Sanergy travaillera cet été à améliorer la pompe, sa vitesse, sa fiabilité et sa maniabilité. La vidéo ci-dessous, expliquant le concept, a été largement diffusée.
(Lire l’article en anglais sur inhabitat et sur engineeringforchange.org)
Photo : bike-powered latrine pump – Nate Sharpe
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TAGS : bicyclette, vélos, énergie, pompe à latrine, hygiène, maladies, contamination, eaux usées, fertilisation,
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