Réseau social et évolution humaine, agro-écologie, jeux en ligne et collaboration, abeilles
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à l’importance de la collaboration et du tissu social dans l’évolution humaine, aux avantages de l’agro-écologie en termes de rendement et d’adaptation au changement climatique, à la difficile adaptation de nos mentalités face au défi du climat, à la forte mortalité des abeilles qui alarme l’ONU et aux jeux en ligne pour résoudre des problèmes complexes.
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A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Eau (22 mars), ce spot de sensibilisation est diffusé par l’association Solidarités international. Le but de cette campagne : sensibiliser le grand public et inciter le plus grand nombre à signer la pétition sur www.votregouttedeau.org qui sera remise au Président de la République et aux organisateurs du Forum Mondial en Mars 2012. L’absence d’eau potable tue des millions de personnes dans le monde. (via @myriam, voir sa note ici)
En savoir plus sur la Journée mondiale de l’eau sur le site des Nations Unies
Sur Twitter, WorldWaterDay
La suprématie de la sociabilité et du réseau social dans le développement humain
A chaque fois que l’on déclare certains traits de l’être humain comme distinctifs de l’homme, tels que le langage, la confection d’outils ou la guerre, on trouve des animaux présentant ces mêmes caractéristiques. Mais malgré la difficulté à le définir précisément, l’homme est différent de l’animal. Pour les biologistes actuels, les deux traits distinctifs qui ont entraîné le succès de l’être humain durant l’évolution sont sa capacité à coopérer, y compris entre des individus sans liens de parenté, et sa capacité d’apprentissage. Selon Kim Hill, anthropologue à l’université de l’Arizona, « les humains ne sont pas spéciaux parce qu’ils ont un grand cerveau – ce n’est pas ce qui explique leur capacité de construire un vaisseau spatial, car aucun individu seul n’en est capable. Nous avons des vaisseaux spatiaux parce que 10 000 individus coopèrent dans la production d’information. » Un large tissu social peut créer du savoir et faire adopter des innovations bien plus facilement que des ensembles de petits groupes qui sont en permanence en guerre les uns avec les autres – tels les sociétés de chimpanzés par exemple.
La question qui se pose est alors comment ce changement de comportement social, essentiel au développement humain, a eu lieu et comment la branche humaine s’est différenciée des grands singes sur ce point. Quel en a été l’élément déclencheur qui a mis en route toute cette évolution ? La réponse réside peut-être dans l’apparition des armes – un événement qui a permis de mettre fin à la brutale domination des mâles alpha dans la société des grands singes. Selon Bernard Chapais, primatologue à l’université de Montréal, qui a consacré un livre à ce sujet, les armes ont joué un rôle égalisateur. Pour les mâles dominants, l’effort de monopoliser pour eux l’ensemble des femelles devint trop important face à leurs congénères également armés. La polygamie laisse alors place à la monogamie avec un certain nombre de conséquences favorables au développement. Sur le plan physiologique, la présence protectrice permanente des deux parents laisse plus de temps au cerveau de l’enfant de se développer, atteignant au final jusqu’à trois fois la taille de celui du chimpanzé. Sur le plan social, c’est la naissance de la généalogie et de la structure familiale. Contrairement aux grands singes, un enfant humain connaît la famille de son père, ce ne sont plus des individus potentiellement menaçants, mais des membres de la même famille. Et pour la première fois, les femmes deviennent le pont entre différents groupes, qui vont alors former des tribus, coopérer pour protéger leur territoire contre celui des autres et partager leurs connaissances.
« Je suis personnellement convaincu que la coopération est ce qui différencie réellement les humains des grands singes », indique Michael Tomasello, psychologue au Max Planck Institut pour l’anthropologie évolutionnaire en Allemagne. Les conditions de vie des premiers hominidés, quittant la forêt protectrice pour la savane, les ont probablement forcés collectivement à coopérer pour se défendre et trouver de la nourriture. Des séries d’études sur les jeunes enfants et jeunes chimpanzés montrent la capacité des premiers à s’aider dès le plus jeune âge et de collaborer pour une entreprise commune, absente chez les seconds. (Lire l’article dans le New York Times, en anglais)
L’agro-écologie peut doubler la production alimentaire mondiale en 10 ans, selon l’ONU
Un rapport publié en mars par l’ONU affirme que l’agro-écologie permettrait d’obtenir des rendements beaucoup plus importants que l’agriculture intensive traditionnelle. Elle permettrait de nourrir davantage de personnes tout en étant plus adaptée au changement climatique.
L’agro-écologie se caractérise par l’absence de recours aux intrants extérieurs, c’est-à-dire les pesticides et engrais chimiques, remplacés par la fertilisation organique et l’utilisation de phytosanitaires naturels. C’est un ensemble de techniques qui comprennent notamment l’agroforesterie (introduction d’arbres dans les cultures, ce qui permet d’optimiser les ressources – eau, biodiversité, soleil), les cultures intercalaires (simultanéité de deux cultures sur un même champs), le stockage naturel de l’eau ou le mélange culture-bétail.
Les projets agro-écologiques étudiés par l’ONU dans 57 pays ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80%, « avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les projets africains », souligne l’ONU. Certains projets en Asie ont permis de diminuer de 35 à 92% l’emploi d’insecticides dans la culture du riz. Outre la protection de l’environnement et des ressources, ces techniques préservent l’emploi local et ont des coûts de traitement moindres.
De surcroît, l’agro-écologie permet à la fois de mieux résister aux conditions climatiques plus difficiles et réduit les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, des sols cultivés biologiquement sont moins vulnérables face à la sécheresse ou les inondations et sont aussi de meilleurs puits de carbone. A noter que l’agriculture pèse pour 14% des émissions de GES de façon directe, pour 33% si l’on inclut le poids de la déforestation à des fins agricoles.
Pour les experts de l’ONU, ces méthodes sont une meilleure réponse à la démographie croissante et à la faim que les investissements à grande échelle (chimiques et industriels), sur lesquels se concentrent pourtant les efforts. Ils soulignent également l’importance de la formation pour accompagner cette transition : les engrais et pesticides sont remplacés par la connaissance et le savoir-faire. (Lire l’article d‘Actu-Environnement)
Dans une interview avec Terra Eco, Florence Rudolf, auteure du livre « Le climat change… et la société ? » et sociologue de l’environnement et du risque, nous livre sa vision de la situation actuelle. Une telle adaptation est non seulement nécessaire mais urgente face aux menaces climatiques. Il faut se rappeler que cette incapacité à s’adapter à de nouvelles conditions climatiques, parfois catastrophiques, a eu pour résultat dans le passé la disparition de civilisations telles que celle du peuple maya, des Vikings et des tribus de l’Ile de Pâques. Si les changements climatiques sont plus rapides que le changement de nos modes de comportement, cela aura de graves conséquences sur nos sociétés. De profondes transformations de nos modes de vie sont indispensables et urgentes pour faire face à ces bouleversements climatiques et les enjeux majeurs qui nous attendent : pressions sur toutes les ressources l’eau, les terres, la nourriture.
Florence Rudolf déplore que les discours des climato-sceptiques ne fassent que retarder la mise en place nécessaire et inévitable de politiques, de recherches et de programmes en faveur de l’environnement, dans le domaine du développement urbain, des transports et autres activités humaines. En même temps, elle explique que ce genre de discours traduit la crainte de devoir abandonner nos habitudes de production énergivores et très polluantes en gaz à effet de serre. De retour du Forum social de Dakar, elle a rencontré des climatologues qui craignent que nos sociétés ne soient pas en mesure de s’adapter assez vite face aux très brutaux changements climatiques, comme c’est déjà le cas dans les pays les plus vulnérables. (Lire l’interview avec Terra Eco)
L’ONU au chevet des abeilles : rapport alarmant sur leur mortalité
Selon un rapport du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), dans les 5 dernières années, la mortalité des abeilles est en nette progression, jusqu’à 85% dans certaines régions d’Europe et d’Amérique du Nord. Ce phénomène est connu sous le nom de Syndrome d’effondrement des colonies des abeilles (CCD en anglais : Colony Collapse Disaster).
Cette situation peut entraîner de graves conséquences sur la production alimentaire mondiale, car la plupart des plantes sont pollinisées par les abeilles. « Le fait est que sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde, plus de 70 sont pollinisées par les abeilles. Les hommes ont créé l’illusion qu’au 21 siècle, grâce à la technologie, ils pouvaient s’affranchir de la nature. Les abeilles nous ramènent à la réalité : dans un monde de près de 7 milliards d’individus, nous dépendons d’avantage, et non pas moins, de ce que la nature nous offre », a déclaré Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE. Le rapport indique aussi que l’action de l’ensemble des pollinisateurs représente presque 10% de la valeur de la production mondiale des produits agricoles et que ce sont près de 20 000 espèce de plantes à fleurs qui pourraient disparaître si les efforts de protection échouent.
Eu Europe, le nombre de colonies d’abeilles a chuté de 10% à 30% ces dernières années, de 30% aux Etats-Unis, de plus de 85% au Moyen-Orient, alors que ce phénomène ne touche pas l’Amérique latine, l’Afrique et l’Australie. Ce sont dans les pays industrialisés (de l’hémisphère Nord notamment) que les colonies d’abeilles sont les plus touchées.
Plusieurs facteurs ont été identifiés par les scientifiques, sans qu’ils puissent dire cependant lequel de ces facteurs joue le rôle principal. Les tentatives de l’industrie agricole pour endiguer cette surmortalité à travers des programmes de reproduction et pollinisation artificielles et de concentration des colonies dans de grandes ruches n’ont fait qu’aggraver la situation : les ruches industrielles ont créé les conditions idéales pour favoriser la propagation des maladies et parasites qui tuent les abeilles. Un autre facteur identifié est l’utilisation grandissante des pesticides. Ceux-ci sont absorbés par les plantes et les fleurs et forment ainsi un cocktail mortel pour les abeilles, car il altère leur sens de l’orientation et de la mémoire. Les abeilles sont aussi attaquées par un parasite mortel de la famille des acariens (Varroa destructor). Ce parasite cependant n’affecte pas les abeilles africaines, mais seulement celles de l’hémisphère Nord. La pollution des terres, des fleurs, des cultures et de l’air est aussi un facteur déterminant. Au XIXe siècle, le parfum d’une fleur pouvait se répandre sur 800 mètres, de nos jours cette distance se réduit à 200 mètres, ce qui diminue la capacité des abeilles à repérer les plantes dont elles ont besoin pour se nourrir. La disparition des plantes à fleur et la baisse du nombre des apiculteurs jouent aussi un rôle dans cette situation.
Les scientifiques en appellent à la mise en place d’un réseau international, sachant qu’un pays à lui seul ne peut résoudre ce problème très complexe où il faut tenir compte de l’interaction de nombreux facteurs. Il y a aussi de gros efforts à faire au niveau national et local, en créant des zones naturelles de protection pour les abeilles et autres pollinisateurs (par exemple planter des fleurs sauvages autour des champs cultivés et des arbres à fleurs dans les villes et les villages). Selon Achim Steiner, « la manière dont l’humanité gère ses actifs liés à la nature, notamment les pollinisateurs, définira en partie notre avenir collectif au 21e siècle. » (Lire les articles de GoodPlanet.info et du Guardian, en anglais)
Les jeux en ligne mobiles pour sauver le monde
Lors d’une conférence, le jeune entrepreneur Seth Priebatsch a fait la démonstration avec son auditoire d’une action collaborative et ludique. En trois minutes, les 2500 personnes de la salle devaient s’échanger des cartons colorés qu’on leur avait distribués jusqu’à ce que toutes les rangées de sièges soient d’une couleur homogène, et cela sans se lever et sans que cette couleur soit définie par avance. En cas de réussite, 10 000 dollars seraient donnés à la Wild Life Foundation. Contre toute attente, le problème était résolu en moins d’une minute.
Seth Priebatsch est le fondateur de SCVNGR, un jeu mobile et social ancré dans le monde réel. Lors de la conférence South by Southwest (SXSW) à Austin aux États-Unis, lui, comme d’autres, ont impressionné leur auditoire avec le potentiel d’une nouvelle génération de jeux dont ils ont exposé les mécaniques. Selon Seth Priebatsch, la nouvelle décennie sera celle des jeux, tout comme la précédente a été celle des réseaux sociaux, avec Facebook comme exemple le plus emblématique. Pour lui, après la couche sociale, c’est la couche ludique, la « game layer » qui va arriver, en expliquant qu’il s’agit alors de prendre les mécaniques de jeu et de les transposer dans le monde réel pour motiver des actions.
Dans l’exemple des cartons collorés, une action collaborative à l’échelle strictement locale peut résoudre un problème global en un temps record. Si c’était une autorité centrale qui avait assigné la tâche, cela aurait provoqué un chaos total et demandé plus de temps. Pour Seth Priebatsch, instaurer dans le monde réel la dynamique sociale décentralisée propre aux jeux collaboratifs, et leur corpus de règles librement acceptées par la communauté des joueurs, permet de résoudre un certain nombre de problèmes. Le jeune entrepreneur pense pouvoir proposer des solutions pour des problématiques telles que la réforme du système éducatif, la refonte du commerce et des finances publiques et même l’atténuation du réchauffement climatique…
D’autres intervenants à la conférence SXSW ont souligné les effets bénéfiques des jeux sur le moral, le stress, pour les individus en proie aux cauchemars et même sur les troubles psychiques des soldats de retour d’Afghanistan. Une intervenante résume l’ambiance enthousiaste : « La réalité est en panne, les jeux vont nous rendre meilleurs et nous aider à changer le monde. » (Lire les articles du blog LeMondeSxSW et Étreintes Digitales)
WWF – We Are All Connected – Nous sommes tous reliés
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Une vidéo du WWF qui illustre l’interconnexion de l’homme et de la nature.
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