Sélection naturelle et avenir de l’homme, économie verte contre pauvreté, projet collaboratif sur le climat #greenfr
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à une interview avec un prix Nobel de biologie qui explique comment les caractéristiques génétiques de l’homme, issues de la sélection naturelle, risquent de se retourner contre lui, au rapport du PNUE montrant qu’une économie plus verte créera un monde plus équitable, à un projet collaboratif en Angleterre où la population est mise à contribution pour mieux comprendre le climat, à la floraison précoce des arbres fruitiers en Afrique du Sud due au changement climatique et au feu vert accordé à la construction d’une Grande Muraille Verte contre l’avancée du désert en Afrique.
Prix Nobel de biologie : Aller contre la sélection naturelle pour préserver l’humanité
Dans une interview avec le New Scientist, le prix Nobel de biologie de 1974, Christian de Duve, réfléchit à l’homme, espèce qui doit son succès à certaines caractéristiques génétiques, mais qui risquent, au final, de se retourner contre elle.
Notre succès en tant qu’espèce nous a conduit à la crise énergétique, au changement climatique, à la pollution et à la destruction de notre habitat. Si nous continuons à épuiser nos ressources naturelles ainsi, il ne restera plus rien pour nos enfants et l’humanité fera face à de profondes crises, voire à son extinction.
Le biologiste met cette situation sur le compte de la sélection naturelle, qui a codé dans nos gènes des traits tels que l’égoïsme de groupe. Ces traits étaient utiles à nos ancêtres et les conditions dans lesquelles ils vivaient, mais sont nuisibles de nos jours. Ils ne comportent notamment pas la capacité de prévoyance. Ce dont nous aurions besoin, c’est d’avoir la capacité de refuser quelque chose, qui semble avantageux dans l’immédiat, pour préserver le bien des générations à venir. Or la sélection naturelle ne fait pas cela, elle ne raisonne que dans l’instant et n’a pas la sagesse de se soucier de nos enfants et petits-enfants.
Pour le biologiste, ce « défaut » est exprimé symboliquement dans la Bible par le péché originel – comme si ses auteurs avaient détecté l’égoïsme inhérent à la nature humaine. Pour surmonter ce problème, notre seule issue est d’aller activement contre certains de nos traits génétiques. Une des solutions évoquées est le contrôle des naissances, de façon responsable et éthique. Le prix Nobel prône également de donner plus de pouvoir aux femmes, qui agissent naturellement avec moins d’agressivité et peuvent éduquer leurs enfants de façon à surmonter leur héritage génétique. (Lire l’interview du New Scientist, en anglais)
PNUE : 2% du PIB mondial pour la transition vers une économie plus verte et un monde meilleur
Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publié fin février montre comment l’investissement de 2% du PIB mondial dans dix secteurs clé permettrait la transition vers une économie plus verte combinée à une lutte plus efficace contre la pauvreté.
Il affirme que des investissements bien alloués permettraient de maintenir un taux de croissance égal, si ce n’est supérieur, à celui de l’économie actuelle, tout en déclenchant une mutation vers une économie à faibles émissions de carbone et plus respectueuse des ressources. Le rapport met fin à l’idée reçue d’une soit-disante incompatibilité entre des investissements dans l’environnement et la croissance économique.
Cette transition vers une économie verte serait un levier essentiel de croissance pour les pays en voie de développement et un moyen d’éradiquer la pauvreté. En effet, près de 90 % du PIB généré par les populations pauvres dépendent de la nature ou du capital naturel tel que les forêts et l’eau douce. Selon les auteurs, il y a un lien fort entre cette transition vers une économie verte et les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Pour le PNUE, l’économie verte est une économie qui entraîne « une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ». La transition globale vers une économie verte dégagerait des revenus par habitant supérieurs à ceux des modèles économiques actuels et réduirait l’empreinte écologique de près de 50 % en 2050.
Le rapport cite de nombreux exemples de ces investissements vertueux. Le Cambodge, l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam perdent aujourd’hui 2 % de leur PIB combiné du fait des maladies d’origine hydrique dues à la mauvaise qualité de l’assainissement. Des politiques réorientant plus de 0,1 % du PIB mondial par an pourraient contribuer à résoudre les problèmes d’assainissement et préserver l’eau douce grâce à une réduction de la demande en eau d’un cinquième par rapport aux estimations d’ici 2050. Autre exemple : Investir environ 1,25 % du PIB mondial par an dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables diminuerait la demande mondiale d’énergie primaire de 9 % en 2020 et de près de 40 % en 2050.
Le rapport a été publié à l’occasion du Forum ministériel mondial sur l’environnement et fait partie de la contribution du PNUE à la préparation de la conférence Rio+20 l’année prochaine. M. Pavan Sukhdev, responsable de l’Initiative pour une économie verte et auteur d’un rapport sur l’économie de la biodiversité, rappelle que « l’économie verte ne consiste pas à étouffer la croissance et la prospérité, mais à se reconnecter à la véritable richesse, à réinvestir dans le capital naturel au lieu de l’exploiter et à favoriser le plus grand nombre plutôt qu’une minorité. Il s’agit de mettre en place une économie mondiale consciente aussi de la responsabilité des nations à transmettre une planète productive, en bonne santé et en bon état de fonctionnement à la jeunesse d’aujourd’hui et aux générations futures. » (Lire le communique du PNUE chez Bioaddict, consulter le rapport, en anglais)
Un projet collaboratif pour mieux comprendre le climat en Angleterre
L’office météorologique britannique, le « Met office » et la Royal Meteorological Society ont lancé un projet collaboratif auprès des Anglais pour mesurer l’impact du changement climatique.
Des carnets d’observations ont été distribués aux participants bénévoles, qui sont invités à suivre des bulles de savon pour détecter la direction et la force du vent ou à observer les traînées d’avions. Ces données, difficiles à récupérer autrement que par une large participation, vont alimenter les calculs du Met Office. Les traînées d’avions par exemple ont un impact sur le réchauffement, puisque les nuages empêchent les radiations du soleil de repartir dans la haute atmosphère. Mais leur formation est très mal cernée par les modèles informatiques et l’aide du public pourrait confirmer ou non leur existence aux endroits prévus par les calculs. Le public participant est également invité à noter ses impressions de chaud ou de froid, ce qui permettra de mieux évaluer la perception, forcément subjective, des changements de température.
Les Anglais ont l’habitude d’être sollicités pour ce type de campagnes, où il leur est demandé d’observer les oiseaux, les espèces de papillon ou d’insectes menacées ou de noter les températures. De nombreuses écoles et associations vont participer à cette dernière initiative en date. Pour Mark McCarthy, climatologue au Met Office, « le changement climatique est un défi à la fois pour l’environnement naturel et pour les populations humaines de part le monde. Les nouvelles données vont compléter la recherche existante pour évaluer les conséquences potentielles du changement climatique au 21e siècle. » (Lire les articles de GoodPlanet.info et du Guardian, en anglais, découvrir le site de l’opération, OPAL)
Floraison précoce en Afrique du Sud
La floraison précoce des arbres fruitiers en Afrique du Sud est-elle due au réchauffement climatique ? Des scientifiques qui étudient la phénologie – le lien entre climat et les cycles de la vie – ont confirmé cette hypothèse. Les signes du réchauffement climatique se retrouvent partout en Europe et en Amérique du Nord. En témoignent des fermiers, jardiniers et biologistes qui ont observé que la période de floraison des arbres fruitiers et des fleurs arrive plus tôt dans l’année. Mais une nouvelle étude sur les arbres fruitiers en Afrique de sud, une des premières en la matière, décrit la façon dont le changement climatique affecte également la floraison dans l’hémisphère Sud.
Au Sud Ouest de l’Afrique du Sud, dans la région du Cap, devenue célèbre pour l’abondance de ses vergers remplis de pommiers, poiriers et cerisiers, Stefan Grab et Alessandro Craparo de l’université de Witwatersrand ont étudié les données collectées par deux grands producteurs fruitiers entre 1973 et 2009, pour voir si les arbres ont une floraison plus précoce que la normale. Ils ont plus particulièrement examiné les périodes de floraison de trois variétés de pommes les plus répandues et une variété de poire et réuni également les relevés des températures et des précipitations. Selon leur rapport, ils ont trouvé que les arbres fleurissent environ six jours plus tôt qu’ils ne le faisaient il y a 37 ans. En moyenne, les périodes de floraisons ont avancé de 1,6 jour par décennie, tandis que la moyenne des températures au printemps a augmenté de 0,45 degré sur la même période. Selon leur prédiction, ils estiment que la floraison des arbres va avancer d’environ 3,6 jours pour chaque hausse de température d’un degré. C’est cependant moins qu’en Allemagne où l’on a observé que la période de floraison a pris cinq jours d’avance par degré, mais comparable à la tendance observée sur les cerisiers au Japon.
Selon les chercheurs, la hausse des températures ne permet pas à elle seule d’expliquer ce changement. Il est aussi lié au changement du cycle habituel des précipitations. Les chercheurs ajoutent que cette situation, résultat du rôle combiné des températures et de l’apport en eau, est sans doute complexe et soulignent la nécessité pour les chercheurs de tenir compte de ces deux facteurs dans l’évaluation de la manière dont les espèces et écosystèmes peuvent réagir au réchauffement climatique. (Lire l’article dans Conservation Magazine, en anglais)
Feu vert pour la Grande Muraille Verte contre l’avancée du désert
Une Grande Muraille Verte s’étendant sur l’ensemble du continent africain, traversant 11 pays, d’Est en Ouest en passant par Djibouti, l’Ethiopie, l’Erythrée, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, tel est l’ambitieux projet du GGW (Great Green Wall), qui a pour but de lutter contre la désertification dans la région du Sahel.
La construction de ce GGW pan africain, véritable rempart de verdure large de 15 km et long de 8000 km a été approuvée très récemment, lors d’un sommet international en Allemagne. Le GEF (Global Environment Facility) a confirmé sa promesse de verser 115 millions de dollars à la construction de la muraille et d’autres institutions internationales de développement se sont également engagées à investir plus de 3 milliards de dollars pour soutenir le projet.
L’idée d’une telle construction avait déjà été évoquée dans les années 80, par Thomas Sankara, alors à la tête du Burkina Faso, comme un rempart contre l’avancée du Sahara. Prés de 20 ans plus tard, c’est le président nigérian de l’époque qui l’avait présenté en 2005 à l’Union Africaine. Aujourd’hui ce projet est en train de devenir une réalité grâce, entre autres, aux soutiens internationaux. Le projet du GGW prévoit de planter une véritable ceinture végétale (plantation d’arbres autour des agglomérations, barrages verts, reboisement intensif sur de larges étendues de terres) large de 15 km à travers le continent africain. Le tracé a dû changer pour contourner des obstacles tels que zones rocailleuses, montagnes et ruisseaux.
La Grande Muraille Verte aura de très nombreux avantages, c’est un projet qui dépasse très largement la seule lutte contre l’avancée du désert : il protégera les ressources en eau, comme celles du lac Tchad qui s’assèche depuis des décennies. Il restaurera ou créera des lieux favorisant la biodiversité. Ce barrage de verdure fournira en plus des ressources énergétiques et permettra la production de denrées alimentaires (fruits, légumes et autres). Il soutiendra le développement local économique et social, sachant que les projets dans lesquels la reforestation s’est faite sans la participation des habitants au niveau local étaient presque toujours limités et non viables. Son objectif est aussi de lutter contre la pauvreté, par la mise en place d’infrastructure sociales élémentaires, en fournissant aux habitants de ces pays une perspective économique pour arrêter la migration des jeunes de ces régions ; en développant des systèmes de production agricole et autres activités lucratives, grâce notamment à la plantation d’espèce végétales résistantes à la sécheresse et ayant un intérêt économique et enfin, en mettant en place des bassins de rétention d’eau douce.
La Grande Muraille Verte participera même à la stabilité politique dans toute la région, plus importante encore maintenant, au vu de ce qui se passe dans le monde arabe, voisin immédiat des 11 pays impliqués dans le projet, explique Daniel André, du UNCCD (UN Convention to Combat Desertification). Le coordinateur africain du secrétariat onusien contre la désertification, Mr Boubacar Cissé, précise que la Grande Muraille Verte devrait être prise comme l’illustration de la coordination de projets internationaux divers, aussi bien au niveau national que local. Richard Escadafal, président du Comité scientifique français de la désertification, met l’accent sur le fait qu’au-delà des problèmes techniques posés par ce projet, sa réussite dépend en grande partie du cadre social dans lequel il sera mené. (Lire les articles en anglais sur Mongabay.com et le Guardian)
Laisser un commentaire