Lien entre inondations et CO2, ordinateurs contre fracture numérique, Indiens contre Chevron, datacenters verts
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au lien de cause à effet démontré entre inondations et augmentation des gaz à effet de serre, à l’initiative du gouvernement anglais pour réduire la fracture numérique grâce à des ordinateurs reconditionnés, à la victoire historique des Indiens d’Équateur contre le groupe pétrolier Chevron, aux enseignements pour le climat des données de trois générations de chercheurs sur le lac Baïkal, à une nouvelle méthode de conversion de la chaleur perdue en électricité et à la ville souterraine de Helsinki et son data center vert.
Le lien entre inondations et réchauffement est démontré
Depuis des années, les scientifiques et notamment les auteurs du rapport du GIEC, ont indiqué que le réchauffement climatique va entraîner une augmentation des phénomènes climatiques extrêmes tels que les tempêtes, les pluies torrentielles et les inondations. D’une manière théorique, on sait que l’augmentation, due à l’activité humaine, du CO2 dans l’atmosphère, élève la température et donc le taux d’humidité, ce qui à son tour favorise des précipitations plus importantes.
Mais malgré l’intensification avérée des événements climatiques désastreux, les scientifiques ont toujours refusé de se prononcer sur les catastrophes des dernières années. Deux études publiées dans le journal Nature en février démontrent pour la première fois et selon des méthodes scientifiques rigoureuses, un lien de cause à effet entre le réchauffement et les précipitations importantes. Dans l’une d’elles, des chercheurs ont reproduit grâce à des simulations informatiques l’ensemble des configurations possibles de la circulation atmosphérique en automne 2000, où le pays de Galles a été noyé sous des pluies torrentielles. La prise en compte, dans les simulations, des gaz à effet de serre anthropiques multiplie par deux ou trois la probabilité de ce type de phénomène extrême, qui autrement n’a pas été constaté depuis les premiers relevés datant du milieu du 18e siècle. Dans l’autre étude, les scientifiques ont examiné les événements climatiques les plus importants de chaque année, de 1951 à 1999, dans l’hémisphère nord et ont constaté que les tempêtes les plus récentes étaient de 7% plus humides, ce qui est considéré comme un taux important.
Pour Myles Allen de l’université d’Oxford, les deux études rappellent aussi que le changement climatique n’est pas un « crime sans victimes ». Les catastrophes climatiques sont ce qui affecte en premier lieu les populations. Selon les données de l’OMS, depuis 1950, les inondations ont tué plus de 2,3 millions de personnes. (Lire l’article du Globe and Mail, en anglais, écouter le portfolio sonore du Monde)
Gouvernement anglais : Ordinateurs reconditionnés contre fracture numérique
Le gouvernement britannique a mis en place le projet E-cycle, dans le cadre du programme Race Online 2012, pour réduire la fracture numérique dans le pays. 9,2 millions de Britanniques ne possèdent pas d’ordinateur parce que leurs moyens financiers ne le leur permettent pas et que l’achat d’un ordinateur est considéré comme une dépense non indispensable.
Le projet consiste à reconditionner des ordinateurs usagés et à fournir, à bas prix, un outil efficace, capable de répondre aux besoins des utilisateurs. Ces ordinateurs ne coûteront que 116 euros et le gouvernement espère en vendre 8000 en 2011. Ce projet reçoit l’aide de l’entreprise d’insertion Remploy (équivalent d’ATF Gaia en France) et le soutien de Martha Lane Fox, co-fondatrice du site Lastminute.com et membre du gouvernement. (Lire l’article de GreenIT)
Victoire historique des Indiens d’Équateur contre le groupe pétrolier Chevron
Une décision jugée historique a été rendue dans la bataille qui oppose depuis dix-sept ans les Indiens d’Équateur à la société pétrolière Texaco, devenue Chevron après un rachat. La compagnie a été condamnée à verser une amende record de 9,5 milliards de dollars pour des dommages environnementaux causés dans la région amazonienne.
L’exploitation du pétrole, débutée dans les années 70, s’est traduite par une pollution importante du site amazonien. Texaco aurait utilisé une technique obsolète d’extraction et aurait versé dans des fosses à ciel ouvert ses déchets pétroliers qui ont ensuite contaminé sols et rivières. Parmi les habitants, les maladies – cancers, leucémies, fausses couches répétées, maladies rares – se sont multipliées. Des milliers d’Indiens ont été affectés par des niveaux élevés de toxicité dans le sol et l’eau, des villages entiers ont été exterminés par cette pollution, que certains ont qualifiée de « crime contre l’humanité ».
Le mouvement a été engagé par une femme indigène quichua, qui ne parle pas espagnol, Maria Aguinda, et qui a perdu son mari et deux fils à cause de la pollution. Aujourd’hui âgée de 61, elle a enregistré la première plainte en 1993. L’ONG internationale de défense de l’Amazonie, Amazon Watch, a salué ce jugement « historique » : « C’est la première fois qu’un peuple indigène poursuit une multinationale dans le pays où le délit a été commis et gagne », a-t-elle déclaré. Alberto Acosta, un ancien ministre de l’énergie, considère qu’il s’agit là d’un message important à l’industrie pétrolière. « Il s’agit d’un sévère avertissement adressé à toutes les compagnies opportunistes, qu’elles soient pétrolières ou minières, sur ce qui peut arriver si elles continuent à détruire la nature et les vies humaines. »
La compagnie Chevron va faire appel, tout comme les associations de victimes : bien que satisfaites de ce jugement, elles réclament 27 milliards de dollars de dommages, se référant à un rapport d’expertise qui évalue les dégâts à cette hauteur. (Lire les articles de Goodplanet et de Survival International)
Extrait du film « Crude » :
Le lac Baïkal illustre les réactions d’un écosystème aux variations climatiques
Le lac Baïkal en Sibérie est un des lacs les plus anciens, profonds et importants du monde, avec la plus grande biodiversité. Grâce au dévouement de trois générations d’une même famille de chercheurs russes, la communauté scientifique dispose de données d’une extraordinaire qualité sur les températures de ce lac depuis 1946. Une étude a mis en relation ces données avec les données climatiques globales. Elle a permis de mettre en évidence des interconnexions entre des phénomènes climatiques distants de milliers de km. Ainsi, les températures du lac sont corrélées avec le phénomène El Niño et la température de surface de l’océan Pacifique, ainsi qu’avec la force et la trajectoire du jet-stream.
Pour Stéphanie Hampton, co-auteure de l’étude, ces travaux sont d’une grande importance scientifique et méthodologique puisqu’ils permettent de comprendre comment des variations climatiques se reflètent dans des écosystèmes locaux et induisent localement des changements. Voir comment des indicateurs locaux, tels que la température de l’eau, sont le reflet du système climatique global, permet d’en comprendre les incidences sur la biodiversité ou la productivité du lac. Cela permet de mieux prévoir les conséquences du changement climatique. (Lire l’article de Science Daily, en anglais)
Une percée dans la conversion de la chaleur perdue en électricité
Des chercheurs américains disent avoir créé un matériau capable de produire de l’électricité en récupérant la chaleur perdue avec une plus grande efficacité qu’aucune autre technologie jusqu’à présent. En plaçant des nanocristaux de sel gemme dans du tellurure de plomb, des scientifiques de l’université Northwestern ont créé un matériau qui présente les qualités nécessaires pour récupérer la chaleur qui s’échappe des installations des usines, des pots d’échappement des voitures et de tout autre processus industriel. Grâce à ce matériau, 14% de la chaleur gaspillée peut ainsi être transformé en électricité.
Alors que l’on sait que les semi-conducteurs ont ce potentiel, le défi consistait à trouver le bon matériau pour le rendre efficace à l’échelle industrielle. « Nous avons trouvé une méthode pour fabriquer ce matériau », a indiqué Mercouri Kanatzidis, professeur de chimie et co-auteur de l’étude publiée dans le journal Nature Chemistry. Les scientifiques disent que ce processus pourrait, de manière significative, augmenter l’efficacité énergétique des industries qui utilisent la chaleur pour fabriquer leurs produits, comme l’industrie automobile, chimique et celle du verre. (Lire les articles de Yale Environment et Northwestern University, en anglais)
Un centre de traitement de données vert dans les sous-sols d’Helsinki
Le centre de traitement de données le plus vert du monde se trouve à Helsinki en Finlande, à 30 mètres de profondeur sous une cathédrale. Les data center sont très gourmands en énergie et pèsent déjà pour au moins 2% de la consommation mondiale. Seule la moitié de l’énergie consommée est utilisée par les serveurs eux-mêmes, le reste ne servant qu’à leur climatisation. Le centre souterrain d’Helsinki a pu diminuer cette consommation d’énergie en refroidissant ses serveurs grâce à l’eau de mer. L’excédent de chaleur généré fournit de l’eau chaude et alimente le chauffage des habitations de la ville.
Le centre de traitement de données n’est qu’une partie d’un véritable monde souterrain, qui s’inscrit dans le plan d’ensemble d’aménagements et de constructions dans le sous-sol d’Helsinki, première ville à développer un projet d’une telle envergure. Actuellement, la ville compte des centaines d’infrastructures souterraines et prévoit d’en construire d’autres, ce qui va lui permettre d’éviter l’étalement urbain en surface, de libérer des espaces et de conserver la qualité de son environnement urbain. (Lire l’article du Huffington Post, en anglais)
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