Inondations, coût des dégâts environnementaux, l’avenir de la civilisation
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée aux risques d’inondations accrus avec le changement climatique, à la faim dans le monde, au coût économique des dégâts environnementaux, à la non reconnaissance du travail de recyclage des chiffonniers et à une interview avec Jean-Marc Jancovici sur la politique énergétique et l’avenir de la civilisation européenne.
Le changement climatique et le développement urbain augmentent les risques face aux inondations
Les experts ont tiré la sonnette d’alarme face aux risques d’inondations auxquels seront exposés de plus en plus de personnes dans les années à venir. Si le nombre de victimes était plutôt en baisse ces dernières années grâce à une meilleure gestion des problèmes sanitaires, les risques vont de nouveau s’accroître avec le changement climatique et l’urbanisation anarchique qui conduit souvent les plus pauvres dans les bidonvilles le long des rivières ou zones inondables.
Les inondations ont toutes sortes de causes, tempêtes tropicales, orages, tornades, moussons, fonte des glaces et montée du niveau de la mer. Elles entraînent la destruction des habitats, des cultures et du bétail et causent l’érosion des sols. Leur impact est renforcé par la déforestation et la culture intensive, c’est-à-dire dans des zones où plus rien ne retient l’eau et les coulées de boue.
Des progrès dans la gestion des inondations ont été fait, même si le cas de l’ouragan Katrina a montré plus que clairement la difficulté d’un pays riche de faire face à une inondation de grande ampleur. Des systèmes d’alertes ont été mis en place depuis dans de nombreux pays, y compris par SMS.
Les constructions traditionnelles dans les différentes régions du monde ont souvent élaboré des solutions variées pour faire face aux inondations. Les constructions modernes, les digues, les routes et chemins de fer qui empêchent l’écoulement, renforcent au contraire les effets néfastes des inondations. Or, malgré cela, dans de nombreuses régions, la reconstruction se fait à l’identique, sans tenir compte des zones de risque. (Lire l’article d’AlertNet ici, en anglais)
Un milliard de personnes ont faim dans le monde
Selon un nouveau rapport de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), un milliard de personnes ont faim dans le monde. L’institut établit un indice selon trois critères, la proportion de la population sous-alimentée, l’insuffisance pondérale infantile et le taux de mortalité infantile. Sur une échelle allant de 0 à 100, qui représente le niveau le plus grave, 25 pays sont en situation alarmante, au-delà de l’indice 20. La quasi totalité d’entre eux se situe en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud : le Népal, la Tanzanie, le Cambodge, le Soudan, le Zimbabwe, le Burkina Faso, le Togo, la Guinée-Bissau, le Rwanda, Djibouti, le Mozambique, l’Inde, le Bangladesh, le Liberia, la Zambie, le Timor oriental, le Niger, l’Angola, le Yemen, la République centrafricaine, Madagascar, les Comores, Haïti, la Sierra Leone et l’Ethiopie. (Lire l’article du Monde ici)
Le coût des dégâts environnementaux s’élèvera à 28,6 billions de dollars en 2050
Selon une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement/Initiative Finance et du PRI, le coût économique des dégâts environnementaux va croître de 6,6 billions de dollars en 2008 à 28,6 billions en 2050. Ce coût, généré par la pollution de l’eau et de l’air, par les déchets et l’épuisement des ressources peut être réduit de 23% si des technologies propres et plus économes en ressources sont introduites d’ici là.
En 2008, un tiers de ces dégâts environnementaux est causé par les 3000 plus grandes firmes internationales, soit 2,15 billions de dollars, représentant l’équivalent de 11% du PIB mondial. Les secteurs les plus en cause sont le secteur de l’énergie, l’industrie pétrolière et du gaz, la métallurgie et l’exploitation minière.
L’étude souligne que si les choses n’évoluent pas dans un proche avenir, les entreprises vont en subir les conséquences à travers le coût des assurances et des taxes plus importantes et le prix des matières premières. Les salariés et les retraités vont également en sentir les effets, quand les salaires et pensions seront réduits par les fonds qui ont investi dans les compagnies exposés à ces coûts environnementaux.
Pour le PNUE Initiative Finance, « ce rapport envoie un signal fort au monde des affaires en rappelant que l’environnement est également leur affaire ». Pour Trucost, le cabinet de conseil qui a conduit l’étude, « c’est le moment pour les investisseurs d’encourager les entreprises d’utiliser leurs ressources plus efficacement et de polluer moins, avant que les coûts environnementaux ne grimpent davantage. » (Lire l’article de Ecoseed ici, le communiqué de presse de du PNUE ici, en anglais)
Dans les décharges, une lutte ignorée contre le réchauffement
Dans les décharges urbaines des pays en développement, des millions de chiffonniers trient à la main les déchets. Cette contribution à la lutte contre le réchauffement climatique est pourtant ignorée des mécanismes de développement propre (MDP) du protocole de Kyoto. Ces MDP permettent à un pays industriel de s’affranchir d’une partie de ses obligations de réduction d’émissions de CO2 sur son territoire en finançant dans un pays tiers en développement des projets énergétiques économes en CO2.
Une fédération d’ONG, GAIA, qui prône le tri et le recyclage des déchets, souhaite que les instruments de lutte contre le changement climatique tels que les MDP puissent servir à financer le recyclage et reconnaître à leur juste valeur les tâches des chiffonniers dans les décharges des pays du Sud.
Or en l’état actuel, les mécanismes de Kyoto favorisent au contraire l’incinération et l’enfouissement, alors même que ces techniques produisent eux-mêmes des émissions de CO2 et libèrent notamment du méthane, puissant gaz à effet de serre. Et plutôt de reconnaître leur contribution à la lutte contre le réchauffement, ils enlèvent aux chiffonniers leur unique source de revenu, les déchets étant transformés en cendres et l’accès aux décharges étant de plus en plus restreint. (Lire l’article sur GoodPlanet ici)
«On est en train de jouer l’avenir de la civilisation européenne», interview Jean-Marc Jancovici
Dans une interview avec Audrey Chauvet de 20 Minutes, Jean-Marc Jancovici, co-auteur de « C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde », partage sa vision sur les mesures à prendre face au réchauffement climatique et appelle à un bouleversement politique pour se débarrasser du pétrole.
Interrogé sur l’efficacité des campagnes telle que le 10:10 ainsi que des gestes écologiques quotidiens de chacun, il estime que leur vertu réside avant tout dans la préparation du corps social aux mesures à venir. Il cite l’exemple des campagnes anti-tabac qui n’ont jamais eu d’effet sur le tabagisme des jeunes, mais amènent par contre les gens à accepter les mesures fiscales ou réglementaires qui, elles, ont un effet. La campagne 10:10 peut contribuer à ce que deux catégories d’acteurs, médias et politiques, montent en compétence sur le sujet, ce qui est nécessaire mais pas suffisant.
En effet, des mesures en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont pour lui indispensables, sans elles, « on aura droit à la contrainte involontaire et à l’effondrement économique. » Il rappelle qu’une énergie abondante est à la base de la société moderne telle que nous la connaissons : « Sans énergie abondante, vous n’avez plus les voitures, les immeubles, le divorce, les études longues, les surgelés, tout ça n’existe plus. » Les ressources énergétiques diminuent déjà. L’univers contraint du pétrole et du gaz est déjà l’origine des crises monétaires et bancaires récentes et du chômage. Et les problèmes du changement climatique arriveront à un moment où justement on aura de moins en moins d’énergie pour y faire face. Jean-Marc Jancovici souligne qu’avec « cette affaire d’énergie et de climat, on n’est pas en train de jouer du politiquement correct et de la bonne conscience, on est en train de jouer l’avenir de la civilisation européenne. »
Les économies d’énergie sont une première nécessité, et non pas de façon anecdotique, mais à hauteur de 30%. Il croît très peu aux énergies renouvelables actuelles, pas capables de faire face aux besoins énergétiques dans des proportions réalistes. Parmi les énergies sans carbone, il cite le nucléaire, l’hydroélectricité, le solaire à concentration à plus long terme et croit aussi à la capture et séquestration du carbone, nécessaires, parce que les pays qui disposent de 80% du charbon, la Russie et les USA, ne vont pas s’en priver volontairement.
Deux points lui inspirent un pessimisme particulier : d’une part, l’irresponsabilité de la plus part des journaux qui donnent de manière équitable la parole à des climato-sceptiques imposteurs et à des gens qui rendent compte objectivement du réchauffement climatique. D’autre part, l’incapacité de dégager du temps chez les élus pour comprendre les problèmes qui nous attendent et la manière d’y faire face. Un programme politique visant à débarrasser l’économie des combustibles fossiles pourrait avoir du succès selon Jancovici, mais pour cela, il faut que les politiques eux-mêmes aient compris la situation. Or, dégager du temps aux politiques, c’est proche de la mission impossible selon lui. (Lire l’interview dans 20 minutes ici)
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