Nouvel indice de pauvreté, réfugiés climatiques, bilan carbone d’Internet
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à un nouvel indice évaluant la pauvreté dans le monde, aux catastrophes naturelles amplifiées par l’homme, au non statut des réfugiés climatiques, à la disparition du plancton marin, à l’impact de la marée noire sur la faune et la flore et au bilan carbone de l’Internet.
La planète compte 1,7 milliard de pauvres
Un nouvel indice de mesure de la pauvreté a été créé par l’université d’Oxford en collaboration avec plusieurs experts, dont ceux du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il se base sur dix indicateurs allant du taux de scolarité à la mortalité infantile, en passant par le degré de malnutrition, l’accès à l’électricité et la possession de quelques biens de consommation. Pour ses concepteurs, ce nouvel indice « multidimensionnel » permet de mieux évaluer non seulement le niveau, mais aussi la gravité de la pauvreté. C’est une chose de ne pas manger à sa faim tous les jours, de ne pas pouvoir envoyer ses enfants à l’école ou de même pas avoir de plancher dans sa maison, mais c’en est une autre d’avoir tous ces problèmes en même temps.
Selon ce nouvel outil, les 104 pays étudiés compteraient 1,7 milliard de pauvres, dont plus de la moitié (51 %) se trouveraient en Asie du Sud et un peu plus du quart (28 %) en Afrique. Ce chiffre de 1,7 milliard est supérieur au total de 1,3 milliard auquel on arrive avec l’habituelle mesure de la Banque mondiale, qui établit le seuil de pauvreté extrême à un revenu de 1,25 $US par jour. Certains pays voient ainsi leur taux de pauvreté grimper brutalement, comme l’Éthiopie, qui passe de 39 à 90 %, et le Pakistan, qui passe de 23 à 51 %. Le taux de pauvreté en Inde ne serait pas de 29 %, comme le disent les statistiques gouvernementales, ni de 42 %, comme le dit la Banque mondiale, mais de 55 %. La situation y serait particulièrement grave en zone rurale, où les principaux problèmes sont la malnutrition, la faible présence des enfants à l’école primaire et la mortalité infantile. D’autres pays, au contraire, apparaissent sous un meilleur jour, comme la Tanzanie (de 89 à 65 %) et le Vietnam (de 22 à 14 %).
Le nouvel indice arrive à point nommé, disent ses concepteurs, alors que la communauté internationale doute de plus en plus de sa capacité d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement qu’elle s’était fixés pour 2015. Le PNUD a d’ores et déjà annoncé qu’il intégrera leur nouvel outil de mesure à la vingtième édition de son Rapport sur le développement humain attendu cet automne. Les chercheurs d’Oxford ne sont pas les seuls à essayer d’améliorer les outils de mesures à notre disposition, de nombreux autres experts travaillent depuis des années sur de nouvelles façons d’évaluer le progrès économique et social des nations. Le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, en appelait encore l’automne dernier à l’invention d’un nouvel indice du bien-être. (Lire l’article dans Le Devoir ici)
Catastrophes naturelles : des phénomènes en augmentation et amplifiés par l’homme
Selon le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED), les catastrophes naturelles ont été en augmentation au cours de la dernière décennie. D’après l’ONU, en moyenne 211 millions de personnes sont directement touchées chaque année par les catastrophes naturelles, soit près de cinq fois le nombre des victimes de conflits. Parmi ces phénomènes, les catastrophes climatiques sont les plus nombreuses et seraient en nette progression. Aujourd’hui, environ 70 % des catastrophes naturelles sont liées au climat, près de deux fois plus qu’il y a 20 ans.
Ces catastrophes naturelles, fortement médiatisées, sont-elles pour autant directement liées au réchauffement climatique ? Les scientifiques restent prudents quant à l’interprétation des événements actuels (record de chaleur en Russie, inondations au Pakistan). Cependant, le Groupe intergouvernemental d’experts sur les changements climatiques (GIEC) rappelle que dans un climat qui se réchauffe, les phénomènes extrêmes sont plus intenses et plus longs.
Il faut surtout noter que l’homme amplifie les effets des catastrophes naturelles par son travail sur l’environnement et la pression démographique. La déforestation, la dégradation des sols, l’imperméabilisation ou la bétonisation amplifient les phénomènes d’inondation, de glissement de terrain, de coulées de boue. En Asie, la destruction des écosystèmes côtiers comme les mangroves, les forêts littorales ou les barrières de corail augmente la vulnérabilité en cas d’ouragan ou de tsunami. En Russie, nombreux sont ceux qui rappellent que les incendies qui dévastent le pays sont dus à une mauvaise gestion des forêts. En Chine, la déforestation et le développement des énergies hydrauliques sont pointés du doigt après la mort de plus de 700 personnes à la suite d’une coulée de boue qui a recouvert une zone de 5 kilomètres sur 500 mètres dans le Gangsu. (Lire l’article sur Actu-Environnement ici)
Les réfugiés climatiques n’existent pas (en droit international)
La montée des eaux, la désertification ou encore la salinisation des sols forcent des millions de personnes à quitter leur lieu de résidence pour des terres plus accueillantes, parfois hors des frontières nationales. Selon les prévisions des Nations unies, «environ 150 millions de réfugiés du climat devraient être déplacés d’ici à 2050». Mais pour Lester Brown, président du Earth Policy Institute, jusqu’à 634 millions de personnes pourraient être concernées si l’on prend en compte l’hypothèse de la fonte des calottes glaciaires et l’augmentation considérable du niveau de la mer qui s’en suivrait: « 634 millions de personnes vivent le long des côtes à moins de 10 m au-dessus du niveau de la mer […]. C’est une population considérable et très vulnérable, qui correspond à un huitième de la population mondiale. » La Chine est le pays le plus vulnérable, avec 144 millions de réfugiés potentiels, suivie de près par l’Inde et le Bangladesh avec respectivement 63 et 62 millions de personnes menacées.
Malgré l’amplification du déplacement des populations pour des raisons environnementales, il n’existe aucun statut juridique clair de « réfugiés environnementaux ». Aujourd’hui, afin de bénéficier de la protection octroyée par l’obtention du statut de réfugié, le demandeur d’asile doit, selon la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, avoir franchi une frontière internationale et craindre « avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou se ses opinions politiques » (article 1.A.2). Cette Convention ne retient donc pas de motifs d’ordre environnemental.
Établir un statut juridique spécifique aux réfugiés climatiques est particulièrement difficile, puisqu’il faudra s’accorder sur une définition internationalement acceptée de la notion même de réfugiés environnementaux, puis identifier les différents types de migrations, qui peuvent être nationales ou transnationales. Néanmoins, l’ampleur de ce phénomène, ainsi que son irréversibilité, nécessite dès à présent une coordination internationale. L’inaction des États risque d’entraîner des conséquences bien plus importantes avec la menace de nouveaux conflits en vue d’accéder aux ressources naturelles devenues rares. (Lire l’article sur Question d’humanité, Rue 89, ici)
Le réchauffement des océans met en péril le plancton marin
Le réchauffement des océans est souvent cité comme cause du blanchiment des récifs de coraux. Des scientifiques ont maintenant mis en évidence qu’il impacte aussi le phytoplancton, qui est la base de la nourriture du zooplancton et donc de toute la chaîne alimentaire de l’océan. Des estimations parlent de 40% de réduction de la masse du phytoplancton au cours des 60 dernières années. Ce déclin s’est accéléré au cours des dernières années, les scientifiques rapportent que le niveau de phytoplancton a baissé d’environ 1% par an depuis que les océans se réchauffent. Si 1% semble peu, il faut avoir à l’esprit que le phytoplancton représente la moitié de la biomasse de la planète créant de la photosynthèse. Ce qui signifie qu’il joue aussi un rôle vital en captant le CO2 de l’atmosphère, fonctionnant comme un véritable puits de carbone, et en produisant la moitié de l’oxygène de la planète.
Le réchauffement de l’océan entraîne une plus grande stratification des couches d’eau. Or le phytoplancton a besoin de la lumière des couches supérieures, mais aussi des nutriments des couches inférieures, qu’il obtient plus difficilement avec une stratification accrue. Si toutes les causes de la disparition du phytoplancton ne sont pas encore élucidées, il est à craindre qu’avec ce phénomène, s’ajoutant à l’acidification et la pollution de l’océan ainsi qu’à la diminution des stocks de poissons, nous sommes en face d’un processus que l’on ne peut peut-être déjà plus arrêter. (Lire l’article sur TreeHugger ici, en anglais)
Marée noire: les experts craignent un changement de l’écosystème
La fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique est stoppée, mais les scientifiques craignent que le brut déjà déversé n’ait des effets en cascade, pendant «des décennies», sur la faune et la flore du golfe, dont l’écosystème pourrait largement changer dans les années à venir. Les experts estiment que le pétrole et les dispersants ont déjà commencé à l’impacter l’écosystème, menaçant de disparition plus de 400 espèces, de la plus petite bactérie jusqu’aux crabes ou aux tortues de mer.
«Une gigantesque expérience environnementale est en train de commencer», explique à l’AFP Ron Kendall, directeur de l’Institute of Environmental and Human Health à l’université Texas Tech. «Les fondations de l’écosystème sont déjà touchés», dit-il en faisant référence au plancton dont se nourrissent poissons et jeunes crevettes dans les marais du golfe du Mexique. Plus de 2 600 oiseaux, mammifères et tortues morts ont été recensés, mais cela pourrait bien n’être que la partie émergé de l’iceberg : beaucoup des poissons et requins morts coulent au fond de l’eau et d’autres espèces risquent de s’éteindre plus tard.
Le scientifique craint un désastre à rebours. Ainsi, une espèce de hareng avait ainsi disparu quatre ans après le naufrage de l’Exxon Valdez parce que la plupart de ces harengs nés en 1989 n’avaient jamais atteint l’âge adulte. « On pourrait avoir une population qui disparaît plus tard parce que les jeunes n’ont pas survécue cette année», dit M. Inkley pour qui «l’impact sur la faune et la flore va durer des années, si ce n’est des décennies». Des dizaines d’espèces de poissons et d’oiseaux étaient en pleine période de reproduction quand la marée noire a commencé. Et pour compliquer l’affaire le golfe va bientôt accueillir des millions de pintades, canards, oies qui migrent en automne et au début de l’hiver. (Lire l’article de Cyberpresse ici)
Quel est le bilan carbone de l’Internet ?
Le bilan carbone de l’Internet peut être estimé à 300 millions de tonnes de CO2 par an, l’équivalent de deux allers-retours en avion Angleterre – États-Unis de tous les habitants du Royaume-Uni. L’estimation précise du bilan carbone de l’Internet est particulièrement difficile en raison du million de machines utilisées par les particuliers et les entreprises, auxquels s’ajoutent également l’énergie nécessitée pour la création et l’utilisation des programmes en ligne. Les data centers constituent néanmoins un bon point de départ pour la mesure du bilan carbone. Ils pèsent environ un quart de l’énergie consommé par l’ensemble du secteur informatique (soit 0,5% des émissions globales), utilisée pour les machines elles-mêmes, mais aussi pour le refroidissement des serveurs. Les PC et autres ordinateurs représentent 40% de l’énergie du secteur, soit environ 0,8% des émissions. Si l’on considère (arbitrairement) que la moitié de l’énergie consommée par les PC concerne l’activité en ligne et qu’on la rajoute à celle des data centers, cela nous amène à environ 1% des émissions globales de CO2, soit 300 millions de tonnes (autant que la Pologne ou la Turquie consomment en un an).
Selon une étude spécifique au Royaume-Uni, le bilan carbone du secteur informatique sera amené à croître de 60% d’ici 2030. Si les autres sources d’émissions seront réduites d’ici là et qu’aucune mesure n’est prise dans le secteur, la part de l’Internet sera encore plus significative. Il existe néanmoins des initiatives visant par exemple à réutiliser la chaleur émise par les serveurs des data centers pour chauffer les immeubles alentours.
Il est intéressant de noter qu’1% est environ le même poids que celui que pèse l’industrie du papier et de l’édition au Royaume-Uni. Ainsi, même si ce n’est pas entièrement comparable, cela montre que l’économie virtuelle n’est pas beaucoup moins énergivore que l’économie du papier. Cela s’explique en partie par un effet rebond : quand le coût et l’impact de quelque chose se réduit (dans ce cas le stockage et l’interrogation des données), nous finissons par l’utiliser davantage, si bien qu’il n’y a pas de réduction, mais au contraire une augmentation du coût et de l’impact.
D’un autre côté, Internet est essentiel pour une évolution vers une économie « bas carbone ». Sans sa capacité à transporter des flux de données importants sur la consommation d’énergie, on ne peut concevoir de Smart Grid (« le réseau de distribution d’électricité intelligent »). Et sans la possibilité des vidéo-conférences, on ne pourrait réduire le nombre de vols d’affaires dans les années à venir. Ce ne sont donc pas les développements technologiques en eux-mêmes qui vont impacter le bilan carbone global, mais la manière de les utiliser. (Lire l’article du Guardian ici, en anglais)
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