Disparition des poissons, marée noire, sécheresse au Yunnan, GPS contre déforestation
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée au risque de disparition des poissons d’ici 40 ans, aux possibles conséquences sociales de la marée noire, aux causes de la sécheresse dans le Yunnan en Chine, au nouveau rapport sur le climat de l’Académie des Sciences américaine et à la lutte contre la déforestation au GPS dans le bassin du Congo.
Les poissons pourraient avoir disparu des océans d’ici 40 ans
Sans une restructuration profonde du secteur de la pêche, les poissons pourront disparaître de nos océans d’ici 40 ans, ont prévenu les experts de l’ONU dans un rapport sur l’économie verte. Pour éviter cette catastrophe, les gouvernements devront réduire les subventions aux flottes de pêche et mettre en place des zones protégées pour les poissons. Principal problème selon le rapport, les capacités des flottes de pêche sont « 50 à 60% » supérieures à ce qu’elles devraient être et ne laissent ainsi pas le temps aux ressources de se reconstituer.
La chute des réserves de poissons de la planète est un problème écologique, mais aussi une question de subsistance pour un milliard de personnes, dont la poisson constitue souvent la seule source de protéines. 35 millions de personnes vivent de la pêche dans le monde, 170 millions d’emplois en dépendent de manière directe ou indirecte et en tout, 520 millions de personnes y sont financièrement liées. Le monde « épuise le capital » dont il a besoin, souligne le directeur du PNUE, Achim Steiner. 30% des réserves halieutiques ont déjà disparu et l’ensemble des activités de pêche risque de ne plus être rentable d’ici 2050. (Lire l’article ici)
Les leçons de l’Exxon Valdez : les conséquences sociales de la marée noire
Cinq mois après la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989, le sociologue J. Steven Picou était arrivé dans un village de pêcheurs pour étudier les effets du désastre sur la communauté. Professeur à l’université de l’Alabama, Picou est depuis devenu expert mondial des conséquences sociales de la marée noire. Vivant à quelques kilomètres du Golfe de Mexique, son expérience du sujet est de nouveau d’actualité et pourra peut-être aider à prévenir quelques uns de effets sociaux les plus graves de ce type de catastrophes.
L’étude menée à Cordova en Alaska a montré comment une communauté souffre sur plusieurs décennies de la catastrophe : Insomnies, colères sans raisons, émotivité, pensées obsédantes, mais surtout amitiés brisées, relations familiales envenimés et taux de divorce en progression. Le niveau de stress constaté était celui rencontré chez des personnes ayant subi un traumatisme personnel grave. Ce stress a transformé le village en ce que le sociologue appelle une « communauté corrosive », les rapports sociaux dégénérant en querelles et recherche de boucs émissaires. Le maire du village s’est donnée la mort quatre an plus tard, expliquant son geste par le désespoir de n’avoir pu aider sa communauté à surmonter psychologiquement et économiquement la catastrophe.
Pour Picou, malgré leur distance, il y a de nombreuses similitudes entre la région de l’Alaska et la Louisiane. Ce sont de petites communautés mais avec des identités culturelles fortes et qui dépendent entièrement de la pêche et donc d’un environnement sain. Selon le sociologue, c’est cette relation directe avec l’environnement qui rend particulièrement vulnérable psychologiquement. L’identité des pêcheurs de l’Alaska dépendait de leur capacité à nourrir leur famille avec le fruit de leur pêche, la catastrophe a ruiné à la fois leur fierté et leur niveau de vie.
Face à la nouvelle marée noire, Picou insiste pour que les communautés restent soudés. Il encourage les gens à agir, plutôt que d’attendre passivement l’aide de BP ou du gouvernement. Mais déjà il note chez les pêcheurs un sentiment d’avoir été trahis par le gouvernement et BP, mais aussi par leurs amis qui travaillent sur les plates-formes et qui avaient prétendus qu’elles étaient sûres… (Lire l’article ici, en anglais)
La sécheresse en Chine met en lumière les menaces climatiques futures
Le Yunnan a connu cette année une des pires sécheresses de son histoire, avec une diminution de 60% des précipitations. 8,1 Millions de personnes, soit 18% de la population du Yunnan, sont à court d’eau potable et des récoltes d’une valeur de 2,5 milliards de dollars sont perdus. Les précipitations diminuent régulièrement dans cette région depuis 1960. Pour les scientifiques, la sécheresse de cette année illustre comment les conséquences du réchauffement climatique combinées à une mauvaise gestion des ressources peut conduire au désastre.
Parmi les causes citées figurent le phénomène El Niño, statistiquement reconnu pour ses conséquences indirectes sur le climat du sud-ouest de la Chine, mais surtout la déforestation dans les montagnes du Yunnan. La forêt est un régulateur naturel du climat et stocke l’eau dans son sol et sa canopée. Or, entre 1976 et 2003, la forêt primaire du Yunnan a été réduite à 3,6% de sa couverture d’origine. Elle a été remplacée par l’hévéa pour la fabrication de caoutchouc ou par l’eucalyptus, tous deux extrêmement gourmands en eau. L’exploitation des mines et des carrières, ainsi que l’urbanisation croissante ont également supprimé d’immenses surfaces de forêt, avec pour conséquence une augmentation de l’érosion, des glissements de terrain et des inondations.
Les scientifiques craignent que les sécheresses deviennent plus fréquentes dans tout le sud de l’Asie. Avec aussi des effets irréversibles sur la biodiversité, comme l’illustre l’augmentation de 10% des lianes dans les forêts du Yunnan. Un environnement plus sec profite à cette plante qui sait puiser l’eau en profondeur grâce à ses racines. Mais les lianes absorbent peu de CO2 et leur développement dans les forêts primaires risque de diminuer la fonction de puits de carbone de celles-ci et donc de contribuer au réchauffement.
Autre facteur aggravant pointé par les scientifiques chinois, une mauvaise gestion de l’infrastructure à petite échelle. La plupart des réservoirs ont plus de 50 ans et ne sont plus en état de fonctionnement. Les lacs sont pollués et inutilisables. Ne misant que sur des grands projets hydrauliques, la région ne dispose plus de l’ensemble des petits points d’eau qui auraient permis de mieux affronter la sécheresse. Les scientifiques déclarent qu’il faut apprendre les leçons de cette sécheresse, car des situations extrêmes comme celle-ci risquent de se produire de plus en plus fréquemment. (Lire l’article ici, en anglais)
Climat : l’Académie des sciences américaine veut agir
L’Académie des Sciences américaine a publié un rapport dans lequel elle propose de changer radicalement les politiques de lutte contre le changement climatique. Répondant à une requête du Congrès en 2008, le rapport est publié au moment où la dernière version du projet de loi énergie-climat est présentée au Sénat américain. Composé de trois volets, le rapport réaffirme en premier lieu les principales conclusions du GIEC : « que le changement climatique est une réalité, qu’il est principalement le fait des activités humaines et qu’il pose des risques significatifs pour un large éventail de systèmes naturels et humains ».
Cosigné par quatorze économistes et climatologues, le rapport plaide ensuite pour une réduction forte des émissions aux États-Unis et dans le monde, à travers des objectifs concrets et mesurables pour les responsables politiques et les industriels. Elle doit notamment passer par une « décarbonisation de l’économie », à travers un système de taxe carbone « aussi élevée que possible sans que l’opinion la rejette » ou un marché de négociation et d’échange de droits d’émission [« cap and trade »] présentant l’avantage d’une plus grande flexibilité économique. Les scientifiques suggèrent aussi de développer massivement la recherche en faveur des énergies renouvelables et la mise en place de programmes de recherche sur des systèmes d’ingénierie climatique. Ils proposent également d’autres pistes permettant de concilier la lutte contre le réchauffement et l’amélioration des conditions de vie, telles que la lutte contre la suie et le méthane et l’ozone en basse atmosphère, fortement pollueurs. « Nous pensons qu’il faut commencer par des actions susceptibles de rallier le plus grand nombre et permettant d’obtenir les résultats les plus rapides », concluent les auteurs américains, un pragmatisme plus efficace selon eux que l’approche onusienne qui serait fondée sur la culpabilisation des gros émetteurs de carbone.
Un troisième volet plaide dès à présent pour une politique d’adaptation aux conséquences du réchauffement climatique, telles que la montée du niveau de la mer ou les sécheresses et tempêtes plus fréquentes. L’anticipation en réduira les coûts, alors que l’inaction actuelle risque de peser très lourdement sur les finances des générations futures. (Lire les articles ici, et ici, en anglais)
Congo: le GPS aide les gardiens de la jungle
Équipés de GPS [Système de positionnement par satellites] par une ONG, Pygmées et Bantous du bassin du Congo, le deuxième massif forestier tropical du monde, dressent la carte de leur patrimoine naturel. En cartographiant les lieux de chasse, les terres agricoles et les lieux sacrés, ils espèrent ainsi empêcher les compagnies de piller leurs ressources et défendre leur espace de vie face aux industriels. Avec l’appui de militants locaux et le soutien financier d’ONG internationales comme Rainforest Foundation, plus de 160 villages de la République démocratique du Congo se sont lancés dans la cartographie et des projets similaires se développent dans les pays voisins du bassin du Congo.
Dans ces régions, transformées par l’exploitation massive et illégale de la forêt, la pauvreté progresse. Les chasseurs doivent marcher de plus en plus loin à la recherche de leurs proies, le poisson se fait rare et même les chenilles dodues de la forêt, principale source de protéines, disparaissent, depuis que les compagnies forestières ont commencé à couper les arbres sur lesquels elles vivaient. L’agriculture sur brûlis et l’utilisation intensive du charbon de bois appauvrissent la forêt. Des villageois aux ONG internationales, en passant par le gouvernement congolais, tout le monde s’accorde pour dénoncer la déforestation, qui est aussi la première cause des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. En protégeant la forêt, les habitants comptent également obtenir leur part des financements que les pays développés ont accepté d’allouer à la protection de la forêt équatoriale, lors du sommet de Copenhague de décembre dernier : 2,55 milliards d’euros d’ici 2012. Mais si la manne internationale fait rêver, de l’aveu même du gouvernement, dans un pays où il y a très peu d’emplois, la maîtrise de la déforestation illégale est difficile et les compagnies forestières continuent de tronçonner les arbres souvent sans autorisation ou en payant directement les habitants. (Lire l’article ici)
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