Fourmilière contre famine, journalisme vert, empreinte carbone de Twitter, biodiversité
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées sur Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partageons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à la recherche de nourriture des femmes au Tchad, à l’avenir morose du journalisme environnemental, à l’empreinte carbone de Twitter, aux enjeux humains de la biodiversité, à l’appel pour un baromètre de la biodiversité représentatifs de l’ensemble des espèces et écosystèmes et au recul des forêts dans le monde.
Crise alimentaire en Afrique de l’Ouest : les fourmilières comme source de nourriture
Suite aux pluies irrégulières qui ont diminué les récoltes et causé des pénuries d’eau, près de 10 millions de personnes en Afrique de l’Ouest font face à une crise alimentaire. Au Tchad, les récoltes ont chuté de 34% et près de 2 millions de personnes sont menacées de faim. En plus du manque de pluies et les mauvaises récoltes, les attaques de sauterelles ont sérieusement nuit aux arbres fruitiers qui, jusqu’à présent, servaient de source de revenu pour surmonter la crise dans les zones rurales.
Une collaboratrice l’ONG Oxfam témoigne de la situation au Tchad, où les habitants sont obligés de recourir aux méthodes extrêmes pour survivre. Des femmes de tout âge, surnommées les « termitières », creusent les fourmilières à la recherche du garde-manger que les fourmis ouvrières remplissent pour leur reine. Pour trouver la réserve de graines, les femmes, faiblement équipées de petites pelles, creusent du matin au soir, dans l’espoir de trouver une récolte qui peut aller jusqu’à 2,5 kg – en cas de chance. Mais chaque année, les femmes sont plus nombreuses à recourir à cette méthode et elles savent que « bientôt le jour arrivera où il n’y aura plus assez de fourmilières pour tout le monde. » (Lire l’article ici)
L’avenir du journalisme environnemental n’est pas vert
Le nombre de journaux américains disposant d’un journaliste spécialisé dans l’environnement est en forte diminution. Selon le livre à paraître « Environmental Reporters in the 21st Century » [Journalistes environnementaux au 21e siècle], 50% des journaux quotidiens américains, entre 2000 et 2005, avaient un journaliste assigné à l’environnement, mais depuis, ce pourcentage ne cesse de baisser. La plupart des journaux font face à des situations économiques difficiles et l’arbitrage se fait souvent aux dépens de ce poste ou des blogs spécialisés. Trois faits ont été particulièrement symboliques : l’arrêt des blogs reconnus du Wall Street Journal et du Christian Science Monitor, ainsi que la retraite anticipée du plus célèbre journaliste environnemental, Andrew Revkin du New York Times, en décembre 09.
A la place, d’autres initiatives voient le jour, la plupart du temps soutenues par du mécénat :
- Grist (pionnier des cybermagazines depuis 1999 et qui bénéficie d’importants dons de fondations impliqués dans l’environnement)
- Yale Environment 360 (reportages et analyses, financés par l’Université Yale)
- Climate Wire (reportages et analyses, financés par un éditeur spécialisé)
- Climate Progress (blogue militant et très populaire, financé par le Center for American Progress, un groupe de pression progressiste)
- Climate Central (conduit par un groupe de recherches de scientifiques et de journalistes)
Si ces publications sont de qualité et accessibles pour les personnes déjà intéressées par le sujet, il reste que la couverture des sujets environnementaux dans les médias grand public risque de se faire de plus en plus faible. Et il est encore à prouver que les modèles alternatifs, financés par le mécénat, ont la capacité de survivre plus de quelques années, victimes potentielles eux aussi des aléas de l’économie ou des pressions de tous genres. (Lire l’article ici)
« Le tissu vivant de la planète est une assurance vie »
La détérioration de la diversité biologique, au rythme actuel, risque d’accroître la pauvreté et d’entraver le développement des pays les moins riches. Pour le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, il y a urgence d’agir pour rendre accessibles les services écosystémiques aux populations les plus pauvres et de leur donner, par le biais d’une utilisation durable, la possibilité de survivre, voire de se développer. Le Secrétariat vise à intégrer la conservation, l’utilisation durable et l’accès à la biodiversité aux Objectifs du millénaire pour le développement (ODM). Le partage juste et équitable des avantages qui découlent de l’utilisation des ressources génétiques constitue également un des objectifs principaux de la Convention.
Arbres, plantes, microbes, champignons, bactéries, animaux, insectes ainsi que l’ensemble des interactions de la faune et de la flore, offrent à l’humanité un riche éventail de services, parfois utilisés, parfois méconnus. «On s’aperçoit surtout que les plus pauvres, ceux qui sont souvent démunis de tout, n’ont qu’une ressource gratuite. Elle provient de la biodiversité et des services écosystémiques qui sont fournis par la nature», affirme Didier Babin, chargé de programme à la Convention. «Ce tissu vivant de la planète, c’est aussi une formidable assurance. C’est une sorte d’assurance vie»
Le document « Biodiversité, développement et réduction de la pauvreté » publié par l’ONU rappelle que 70 % de la population pauvre du monde vit dans des zones rurales et dépend directement de la biodiversité pour sa survie et son bien-être. Ainsi, plus de trois milliards de personnes dépendent de la diversité biologique marine, dans les pays pauvres notamment, la pêche est une source primaire de nourriture. De même, trois quarts de la population mondiale dépend de la médecine traditionnelle, à base de plantes, dont un certain nombre sont dorénavant menacées d’extinction. Outre ces services immédiats pour l’alimentation et la santé, la biodiversité a aussi construit des filets de sécurité souvent mésestimés pour les populations : les récifs coralliens par exemple, sont en fait des remparts contre des tsunamis ou des catastrophes de ce type. Après la perte d’un service écologique semblable, les pays pauvres deviennent les plus vulnérables, n’ayant pas les moyens de s’équiper en digues ou autres technologies onéreuses. « Une fois que cette protection naturelle et gratuite a disparu, ça peut avoir des conséquences. Les tsunamis montent plus haut, sont plus violents, sont plus rapides et entraînent plus de dégâts. »
D’une manière générale, une bonne conservation de la diversité biologique peut permettre aux pays à risque de mieux s’adapter aux conséquences inévitables et irréversibles du réchauffement de la planète. « La biodiversité, c’est un potentiel d’adaptation, résume Didier Babin. Son aspect dynamique garantit une certaine résilience là où les onéreuses technologies ne sont pas disponibles pour sauver le jeu. » (Lire l’article ici)
Biodiversité : appel pour un «baromètre de la Vie»
Quatre scientifiques ont lancé un appel dans les colonnes de la revue Science pour créer un «baromètre de la Vie», qui suivrait le devenir de plus de 160 000 espèces vivantes sur notre planète. Selon leur proposition et pour en limiter le coût estimé à 60 millions de dollars, cet index s’appuiera sur l’Encyclopédie de la vie, un projet de 5 institutions américaines qui vise à dresser la liste complète des espèces déjà recensées sur Terre. Le projet «Baromètre de la vie» viendrait compléter cette encyclopédie en suivant les 160 000 espèces jugées représentatives de l’état de la biodiversité.
Le but de cette initiative est de rééquilibrer la connaissance des espèces et écosystèmes menacés. En effet, la liste de référence des espèces menacées, la Liste Rouge de l’IUCN, évalue la situation de 48 000 d’espèces. Actuellement, moins de 2 millions d’espèces sont identifiées, mais on suppose que plus de 10 millions d’espèces peuplent notre Terre, dont un nombre infini disparaît avant même d’être recensé. L’efficacité de la Liste rouge est reconnue depuis 40 ans, mais faute de moyens, elle accorde un poids très important aux vertébrés et notamment aux mammifères et n’a pas une bonne représentativité sur tous les écosystèmes. Pour exemple, seuls 18 des 165 305 champignons et lichens connus sont évalués par l’UICN, alors qu’il en faudrait plus de 14 000 pour avoir une vision globale de l’état de conservation de ces organismes.
Un baromètre représentatif de l’ensemble des écosystèmes fournira une base solide pour les décisionnaires, les études d’impacts, l’allocation de ressources, le monitoring des tendances ou le développement d’indicateurs de biodiversité par pays. Pour ses promoteurs, ce baromètre serait, d’un point de vue économique, « un des meilleurs investissements pour le bien de l’humanité. » (Lire les articles ici en anglais, et ici)
Les forêts ont reculé de 3,1% en 5 ans
Selon une étude de la National Academy of Science (PNAS), fondée sur des observations satellitaires, le couvert forestier mondial a diminué de 3,1% dans le monde entre 2000 et 2005, soit une perte de 1 011 000 km2 de forêt. Parmi les sept pays qui disposent de plus d’un million de km2 de forêts, la Russie, le Brésil, les USA, le Canada, l’Indonésie et la République Démocratique du Congo, c’est le Brésil qui a perdu le plus de surface, soit 165 000 km2 de ses forêts tropicales humides et de zones sèches. Mais, résultat inattendu, en pourcentage de la surface forestière globale, ce sont les États-Unis qui devancent tous les autres pays, avec une perte de 6% sur cinq ans de sa surface globale (120 000 km2). Ce recul des forêts américaines est dû aux feux et aux insectes nuisibles dans l’Alaska et l’ouest des États-Unis, mais aussi à l’industrie arboricole de grande échelle dans les autres régions. La perte des forêts aux États-Unis et au Canada pèse pour 30% de la perte mondiale.
L’étude rappelle aussi le cas d’autres pays avec un recul important de couvert forestier, la Malaisie, en raison des plantations de palmiers à huile, le Paraguay et l’Argentine à cause de l’agriculture et l’Australie, en raison des feux de forêts. Parmi les quatre grands écosystèmes forestiers, la forêt boréale a accusé la plus forte réduction sur cette période de cinq ans, soit -4%, suivie des forêts des zones tempérées (-3,5%), puis des forêts tropicales en zones sèches (-2,9%) et des forêts tropicales humides (-2,4%). (Lire l’article ici, et ici en anglais)
L’empreinte carbone d’un tweet
Chaque fois que nous envoyons un message sur le réseau social Twitter, combien d’énergie consommons-nous ? Selon la présentation d’un développeur de l’équipe Twitter, chaque tweet consomme environ 90 joules, ce qui revient à une émission de 0,02 gramme de CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, les 50 millions de tweets envoyés chaque jour représentent l’équivalent d’une tonne de CO2. A titre de comparaison, une requête sur le moteur de recherche Google pèse environ 1 kjoule, soit 0,2 gramme de CO2 et chaque spam reçu dans notre boîte mail représente 0,3 grammes de CO2. Ainsi, l’empreinte carbone de Twitter reste raisonnable. La société déclare vouloir en améliorer encore le bilan. Le calcul rappelle avant tout que les nouvelles technologies de l’information consomment de l’énergie et que leur empreinte carbone globale augmente de jour en jour. (Lire les articles ici et ici, en anglais)
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