EarthDay : Espèces disparues, délocalisation, oxygène de l’océan, climat
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à l’oubli collectif des espèces disparues, à la délocalisation du CO2, au transport motorisé comme principale cause du réchauffement, au taux d’oxygène en baisse dans les océans et aux risques de changements des précipitations et des climats régionaux.
Biodiversité : les espèces disparues tombent vite dans l’oubli
Il est communément admis que la terre fait face à une sixième extinction massive des espèces et que l’homme en est responsable. Il est moins connu que cette extinction a déjà été engagée dans le passé. Mais combien de personnes au Royaume-Uni par exemple considèrent que le lynx, le loup ou le pélican faisaient partie de la faune locale ? Tôt ou tard, les communautés oublient les espèces qui vivaient habituellement dans leur écosystème. La perception locale des conditions écologiques passées change quand les membres les plus âgés de la communauté meurent et que les jeunes deviennent adultes. L’information juste n’est pas transmise à la génération suivante, il n’y a pas de mémoire culturelle concernant l’environnement. Pour cette raison, avec le temps, des conditions environnementales dégradées vont être considérées comme « normales ». Ce phénomène sociologique est appelé « shifting baseline syndrome », « syndrome du niveau de référence changeant ». Ainsi, tandis que la disparition des espèces continue, la réalité de notre impact passé sur l’environnement continue d’être oubliée.
Pour illustrer ce phénomène même sur un laps de temps très court, Dr Samuel Turvey, chercheur à la Zoological Society of London, cite l’exemple d’une étude sur les animaux du fleuve Yang-Tse en Chine. Le dauphin d’eau douce, appelé baiji, et dont la légende disait qu’il était une princesse réincarnée, tout comme le poisson spatule, le plus grand des poissons d’eau douce, ont été victimes au cours des 50 dernières années d’une sur-pêche qui a conduit à leur extinction. Lors d’une enquête sur ces espèces en 2008, les chercheurs ont été surpris par les réponses des pêcheurs : Les personnes plus âgées racontèrent tout sur le déclin des baijis et des poissons spatules, comment et à quel moment ces espèces étaient vues dans le passé et même leur goût. Mais les pêcheurs plus jeunes, de la même communauté, n’ont non seulement jamais vues ces espèces, mais n’en ont jamais entendu parler. Ainsi, des espèces aussi caractéristiques qu’un dauphin et un poisson géant, qui ont disparu il y a quelques années seulement et qui ont eu un rôle culturel et commercial important dans un passé récent, sont déjà en train de sombrer dans l’oubli. 70% des pêcheurs de moins de 40 ans ignoraient totalement ce qu’était un baiji. Triste destin pour cette princesse des eaux qu’on a laissé s’éteindre sans que la communauté internationale se mobilise et qui est déjà oublié par les riverains. (Lire l’article ici, en anglais)
Les émissions de CO2, responsables du réchauffement climatique, sont produites par la combustion des énergies fossiles. Dans une économie mondialisée, la délocalisation de la production des biens a nécessairement été accompagnée par la délocalisation des émissions de CO2 rejetées par l’industrie. Sur la base des chiffres du commerce international de 2004, deux chercheurs américains du Carnegie Institution for Science ont évalué la part des émissions de carbone qui était ainsi « exportée » ou « importée » par les pays ou régions du monde. « Plutôt que de regarder les émissions de dioxyde de carbone uniquement selon ce qui est rejeté à l’intérieur des frontières, explique Ken Caldeira, nous avons aussi étudié les quantités de dioxyde de carbone rejetées lors de la production des biens que nous consommons. »
Selon leurs calculs, 23% des émissions des produits de consommation des pays développés (6,2 gigatonnes de CO2) sont exportées vers les pays en voie de développement. Près d’un tiers des émissions des produits de consommation de pays tels que la France et le Royaume-Uni sont ainsi externalisées. Cela représentait en 2004 plus de 4 tonnes de CO2 par Européen. Le bilan net des États-Unis n’était que de 10,8%, soit 2,5 tonnes par habitant, ce pays étant aussi un grand exportateur de produits de consommation et donc un importateur d’émissions de CO2.
Dès lors, la question de la responsabilité de chaque pays se complexifie. Comment demander à certains pays de réduire leurs gaz à effet de serre si celles-ci sont dues à la consommation d’autres pays ? Et comme le précise Steven Davis, « où les émissions de CO2 se produisent est sans importance pour le système climatique ». La reconnaissance de la responsabilité des consommateurs finaux pour une partie des émissions, où qu’elles se fassent, pourrait apporter davantage d’équité dans les discussions et faciliter la mise en place d’un accord international. (Lire les articles ici, et ici en anglais)
Le transport motorisé comme principale cause du réchauffement climatique
Pendant des années, les scientifiques ont étudié les gaz et éléments chimiques selon leur contribution au réchauffement de l’atmosphère. Ils savent que les uns piègent les rayons solaires et contribuent à l’augmentation de la température et que les autres au contraire bloquent l’arrivée des rayons solaires en aval. Une nouvelle étude du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la Nasa analyse l’impact climatique non des types de particules, mais des différents secteurs économiques. Pour chaque secteur, l’équipe a analysé une large gamme de composés chimiques, dont le dioxyde de carbone, le protoxyde d’azote, le méthane, le nitrate, le sulfate et l’ozone. Elle a également étudié l’impact sur les nuages, qui ont des conséquences indirectes sur la température : plus ils sont blancs et persistants, p.ex. sous l’influence de certains aérosols, plus ils reflètent les rayons solaires et réduisent ainsi l’effet de serre.
Selon cette analyse, ce sont les véhicules motorisés qui sont les plus forts contributeurs au réchauffement climatique. Ils sont suivis de la combustion des ménages (chauffage et cuisson), puis de l’élevage, avec la production de méthane par les bovins notamment.
« Nous cherchions à fournir une information plus utile pour les décisionnaires. Cette approche permet d’identifier les secteurs dans lesquels une réduction des émissions sera le plus immédiatement bénéfique et ceux où elle aura des conséquences inattendues », indique Nadine Unger, responsable de l’étude. Ainsi, cibler le transport est une approche gagnante sur tous les plans, pour la lutte contre le réchauffement climatique et pour la santé publique. La situation est plus contrastée pour d’autres secteurs : ainsi, certaines industries libèrent des aérosols qui contribuent au contraire à refroidir l’atmosphère, mais qui sont dangereux pour la santé humaine. Leur réduction reste obligatoire, mais risque d’avoir des effets néfastes sur le réchauffement qui doivent être compensés par de plus gros efforts dans d’autres secteurs. Le poids des différents secteurs économiques va évoluer avec le temps. En effet, les gaz à effet de serre s’accumulent et persistent dans l’atmosphère pendant très longtemps, alors que les aérosols n’ont qu’un impact de court terme. (Lire l’article ici, en anglais)
Des zones à faible taux d’oxygène dans les océans inquiètent les scientifiques
Des zones faiblement oxygénées dans les océans de la planète, et en particulier le long de la côte pacifique américaine, semblent être un autre signe du changement climatique selon les scientifiques. « La réduction du niveau d’oxygène dans les trois océans est frappante », indique Gregory Johnson, un océanographe à l’institut NOAA à Seattle. Dans certains lieux, sur la côte californienne notamment, le taux d’oxygène a baissé d’environ 20% au cours des 25 dernières années. A d’autres endroits, il a baissé d’un tiers sur 50 ans. Dans certaines régions, ce manque d’oxygène a littéralement couvert le sol marin avec des carcasses de crabes morts, tué des colonies d’anémones et des étoiles de mer âgées de 25 ans et fait prospérer des bactéries nocives.
Ces « zones mortes » sont classiquement attribuées à la pollution en provenance notamment de l’agriculture intensive et qui est déversée par des fleuves majeurs tels que le Mississippi ou le Columbia. Ainsi, une des zones mortes les plus importantes parmi les environs 400 zones connues se situe dans le Golfe du Mexique au large de l’estuaire du Mississippi. Mais désormais, ces zones ont clairement des causes plus globales. Les résultats sont en phase avec les modélisations sur le réchauffement climatique. « Si la terre continue de se réchauffer, nous aurons des taux d’oxygène de plus en plus bas », indique Francis Chan, un chercheur en écologie marine. En effet, si la température des océans augmente, l’eau de surface plus chaude agit comme un couvercle qui bloque la circulation naturelle qui normalement permet aux eaux plus profondes, faiblement oxygénées, d’atteindre la surface. C’est là, au contact de l’air, qu’elles se rechargent avec de l’oxygène.
Les scientifiques avertissent que l’écosystème sous-marin et les chaînes alimentaires très fragiles risquent d’être perturbés par ce phénomène. Les espèces qui vivent sur le sol se déplacent trop lentement pour migrer. Les poissons peuvent s’échapper, mais certains, tels que les saumons, risquent de devoir s’adapter à des zones moins profondes qu’à leur habitude. Et des espèces tels que les méduses prospèrent au contraire dans les eaux à faible taux d’oxygène. (Lire l’article ici, en anglais)
Le réchauffement climatique risque de modifier les zones de précipitations dans le monde
Selon les projections scientifiques, la température moyenne du globe augmentera d’un degré d’ici le milieu du siècle, si les mesures nécessaires ne sont pas prises pour réduire les émissions de GES. Cette hausse des températures aura un effet sur la température des océans, qui à son tour influe sur les précipitations. Jusqu’à présent, les modèles climatiques ont prévu une hausse égale de la température de l’océan, quel que soit le lieu. Selon ce premier modèle, une région sèche sera encore plus sèche, une région humide encore plus humide. Mais une nouvelle étude publiée par l’université de Hawaï indique que la hausse peut différer jusqu’à 1,5 ° degré selon les régions sous les Tropiques, ce qui risque de bouleverser les climats régionaux actuels et de déplacer les zones de pluie.
Deux zones sont particulièrement critiques : Une première se situe dans le Pacifique autour de l’équateur, précisément là où se décident déjà les perturbations climatiques connues sous le nom de El Niño et qui sont causées par l’augmentation anormale de la température de l’océan. La seconde se situe dans l’océan Indien. Si les prédictions s’y réalisent, les zones de précipitations pourront totalement changer au-dessus de l’Afrique de l’Est, l’Inde et l’Asie du Sud-Est, affectant ainsi la vie de millions de personnes. La sécheresse pourra toucher l’Indonésie et l’Australie, tandis que certaines régions en Inde et Afrique pourront recevoir plus de pluie. (Lire l’article ici, en anglais)
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