Acidification des océans, Smart Grid, Ladakh, pollution en Irak, Avatar
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée à l’acidification des océans, les promesses du réseau électrique intelligent, la création de glaciers artificiels pour lutter contre la sécheresse au Ladak, la pollution en Irak, conséquence de trois décennies de guerre et les déclarations des peuples indigènes après le succès d’Avatar.
L’acidification de l’océan Pacifique menace la vie maritime
Une étude menée par le laboratoire de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) à Seattle confirme la croissante acidification de l’océan Pacifique. Il s’agit de la première étude menée à si large échelle sur le sujet, se basant sur les prélèvements le long de 1500 km de côte et à 15 ans d’intervalle. C’est le CO2, déjà connu pour sa contribution à l’effet de serre et au réchauffement climatique, qui est encore une fois en cause. Le CO2, absorbé par l’eau, libère en effet de l’acide carbonique et modifie ainsi le PHP de l’eau de mer, naturellement légèrement alcalin. Cette acidification accrue menace la survie de beaucoup d’espèces marines et particulièrement ceux dont les organismes contiennent du carbonate de calcium : la famille des coraux, les mollusques et crustacés ainsi que le phytoplancton, c’est-à-dire l’ensemble des petits organismes à la base de la chaîne alimentaire marine. Elle pourra également affecter les œufs de poissons et les larves et elle est le principal suspect dans l’effondrement des populations d’huîtres sur la côte pacifique.
L’acidification se constate jusqu’à présent que dans les couches supérieures de l’océan, en contact avec l’atmosphère. Mais à mesure que le taux de CO2 croît, l’acidité va se répandre dans les autres couches de l’océan. Les scientifiques ont constaté des changements significatifs durant les 15 dernières années, ce qui souligne « que l’activité humaine affecte les océans de façon toujours plus forte ». L’écosystème marin, puissant puits de carbone, qui par l’absorption du CO2 contribue à ralentir l’effet de serre, risque donc de payer un lourd tribut pour ses services rendues. Depuis le début de l’ère industrielle, l’acidité des océans de la planète a augmenté de 25 à 30% selon les scientifiques. Si le même trend se poursuit, l’acidité pourra encore tripler d’ici la fin du siècle. Comme le rappellent les responsables de cette étude, « nous assistons à des changements sans précédent dans l’atmosphère, en conséquence, nous allons voir des changements sans précédent dans l’eau des océans. » (Lire l’article ici, en anglais)
Des glaciers artificiels pour lutter contre la sécheresse au Ladakh
Pour lutter contre le manque d’eau dans les villages reculés du Ladakh (région du Nord de l’Inde sur le versant sud de l’Himalaya), un ingénieur a développé un ingénieux système de stockage d’eau à travers des glaciers artificiels. Chewang Norphel a observé le gaspillage d’eau dans ces villages pendant l’hiver. Les villageois laissent alors couler les robinets pour éviter qu’ils ne gèlent. Il y a dix ans, il a décidé de donner un coup de pouce à la nature. A travers un système de tuyaux sophistiqué, il a détourné l’eau vers les parties ombragées des montagnes où les villageois avaient pour habitude de stocker de la neige. En diminuant son débit dès que l’eau gelait, il a fini par créer son premier glacier artificiel, dont la fonte au printemps a permis d’irriguer les champs. Depuis, avec des fonds de l’armée indienne, Chewang Norphel, que les villageois et environnementalistes n’appellent plus que M. Glacier, a créé dix glaciers de ce type, grâce à une compréhension toujours plus fine de la géologie locale. Situés plus bas dans la vallée que les glaciers naturels, leur fonte a lieu plus tôt dans l’année, en mai, au moment où les paysans finissent les semailles. Il y a 113 villages au Ladakh et 80 dépendent de l’eau de fonte des glaciers de l’Himalaya pour l’irrigation des champs, dans cette région aride où la pluie se fait rare.
Pendant que la polémique fait rage sur les prévisions contestées du GIEC concernant la date de disparition des glaciers de l’Himalaya, les conséquences du réchauffement sont une réalité tangible pour Chewang Norphel et les villageois du Ladakh, qui constatent un retrait de plus en plus rapide des glaciers et subissent une combinaison fatale de sécheresses et d’inondations. Une étude indienne confirme que les températures ont augmenté de 1C° en hiver et de 5 C° en été entre 1973 et 2008. Les chutes de neige ont diminué de 60% dans les dernières 50 années. Le M. Glacier témoigne : « Quand j’étais petit, quand il y avait un pied de neige, elle restait 6 mois. Maintenant, elle fond en une semaine. » (Lire l’article ici, en anglais)
Irak : pollution radioactive et à la dioxine après trois décennies de guerre
En Irak, plus de 40 sites se caractérisent par des taux de radiation radioactive et de pollution à la dioxine importants, selon une étude conduite conjointement par les ministères de la santé, de l’environnement et de la science irakiens. Des régions près des grandes villes tels que Najaf, Falloujah et Bassorah représentent 25% de ces sites. On y constate parallèlement des taux de cancers et de malformations chez les nouveaux-nés qui augmentent de façon drastique depuis les 5 dernières années. Dans des décharges autour de Bagdad et Bassorah, on mesure de la radioactivité, héritage des bombes à uranium appauvri utilisées pendant la guerre. Des forts taux de dioxine dans les champs agricoles du sud du pays seraient responsables de dégradation de la santé de la population dans la partie la plus pauvre de l’Irak, selon la ministre de la santé irakienne, Narmin Othman. Champ de bataille de la guerre Irak-Iran et des deux guerres du Golfe, la région autour de Bassorah a subi de surcroît le bombardement des pipelines et la pollution s’y est déposée. « Elle a fini par atterrir dans les poumons des habitants et dans la nourriture qu’ils consomment. Les taux de dioxines étaient extrêmement importants dans ces régions. Cela crée des problèmes à large échelle à la fois pour la santé publique et pour l’environnement. »
En collaboration avec l’ONU, les scientifiques établissent des bases de données. Plus de 500 sites ont été étudiés et 42 ont été retenus pour leur taux important en dioxine ou radioactivité. En raison des conditions de sécurité, certains lieux, notamment Falloujah ne sont accessibles que depuis peu. Des médecins y ont indiqué des taux particulièrement importants de malformations. La ministre reste prudent quant à leur origine. « La santé de la population n’est pas bonne. La ville n’a plus de canalisation et les déchets stagnants créent des maladies qui vont jusqu’à affecter les gènes. Néanmoins, on sait que beaucoup d’uranium appauvri a été utilisé ici. » Les décharges, peu surveillées, sont un autre grand problème. La décontamination va prendre du temps : « Prenons un char. S’il a été détruit puis déplacé, on retrouve une traînée de radioactivité. » Le président de la commission d’étude indique à l’EIAA que « même avec la meilleure science du monde pour nous aider, ces sites ne pourront pas être considérés comme propre avant 2020. »
Selon la ministre, la dégradation de l’environnement a été renforcée par la sécheresse et le manque d’eau, dus à une réduction de 70% du débit du Tigre et de l’Euphrate. « Nous ne pouvons raisonnablement plus nous appeler le pays des deux fleuves. L’eau est d’abord utilisée par la Turquie et la Syrie pour leurs centrales hydrauliques. Quand elle nous arrive, elle est de mauvaise qualité. L’eau que nous utilisons pour l’agriculture est souvent contaminée. Nous sommes en plein dans un catastrophe environnementale sans précédent. » (Lire l’article ici, en anglais)
Pour les peuples indigènes, le film Avatar n’est pas une fiction
De nombreux articles et ONG ont profité du succès du film de James Cameron, Avatar, pour établir des parallèles avec le destin de nombreux peuples indigènes à travers le monde. A l’occasion du triomphe du film au Golden Globes, Stephen Corry, directeur de l’ONG Survival International, a déclaré que comme les Navi’s d’Avatar, « les derniers peuples indigènes du monde – de l’Amazonie à la Sibérie – sont également en danger d’extinction, leurs terres sont spoliées par de puissants intérêts pour des raisons lucratives telles que la colonisation ou l’exploitation forestière et minière. » Et comme les Navi’s, leur mode de vie est intimement lié à leur terre ancestrale. Un Penan du Sarawak (partie malaisienne de l’île de Bornéo), a confié à Survival : « Nous, le peuple penan, ne pouvons vivre sans la forêt. Elle nous protège et nous la protégeons. Nous comprenons les plantes et les animaux parce que nous habitons ici depuis de nombreuses années, depuis des temps immémoriaux. (…) Les Na’vi d’Avatar se lamentent parce que leur forêt est détruite. Il en est de même pour nous, les Penan. Les compagnies d’exploitation forestière abattent nos grands arbres, polluent nos rivières et font disparaître notre gibier. » Même chose pour les Bushmen du Kalahari ou les Yanomamis en Amazonie. Leur porte-parole, Davi Kopenawa Yanomami, déclare « Mon peuple a toujours vécu en paix avec la forêt. Nos ancêtres nous ont appris à comprendre notre terre et les animaux. Nous avons utilisé ce savoir avec précaution, parce que notre existence en dépend. Ma terre yanomami a été envahie par les orpailleurs. Il en est résulté la mort d’un cinquième de notre peuple, atteint de maladies que nous n’avions jamais connues auparavant. »
James Cameron a évoqué l’une des idées centrales de son film qui « nous interroge sur le fait que tout est lié, les êtres humains les uns aux autres et chacun de nous à la terre. » Pour Survival, « l’un des meilleurs moyens de protéger le ‘miracle’ du patrimoine naturel du monde est d’une simplicité étonnante, c’est de garantir les droits territoriaux des peuples indigènes. » (Lire l’article ici. Voir aussi en anglais, ici et ici. )
Des réseaux intelligents pour économiser l’énergie
Très en vogue aux États-Unis, la « Smart Grid » ou réseau électrique intelligent, a fait pour la première fois l’objet d’un colloque en France à l’initiative de la commission de régulation de l’énergie (CRE). L’occasion de rappeler le potentiel de ce que certains considèrent comme « une révolution aussi importante que dans les télécoms ».
Le principe général de ces réseaux intelligents consiste à répartir la fourniture d’énergie en fonction des besoins réels des consommateurs. Actuellement, un distributeur d’énergie anticipe les besoins de ses clients en fonction de paramètres tels que les habitudes et la météorologie. Pour éviter une pénurie, il prévoit large, ce qui conduit inévitablement à un gaspillage d’énergie. Grâce à l’alliance avec les nouvelles technologies de l’information et des « compteurs intelligents », les fournisseurs d’énergie connaîtront en temps réel les besoins des consommateurs, ce qui leur permettra de mieux gérer le réseau et de moins disperser de l’énergie inutilement. La Smart Grid consiste à injecter une plus grande capacité d’adaptation à tous les niveaux des systèmes énergétiques, de la production à la consommation. Pour les universitaires co-organisateurs du colloque, « il faut profiter des avancées de plusieurs secteurs – celui des capteurs, des télécommunications et des technologies de l’information – pour fournir un système de gestion de l’électricité plus efficace et moins énergivore ».
Le système énergétique va évoluer d’une structure pyramidale vers un véritable réseau – à l’image d’Internet. Les centres de production vont se multiplier et s’atomiser et les consommateurs pourront être en même temps producteurs, comme p.ex. ceux qui habitent des maisons équipées de capteurs solaires. La mise en place d’un tel réseau est un véritable défi informatique qui nécessite des infrastructures et des logiciels adaptés pour gérer des données sur la consommation en temps réel de dizaines de millions d’abonnés. Un point qui n’est pas sans susciter des inquiétudes, puisque le compteur intelligent pourra transmettre quantité de détails sur le comportement des clients. (Lire l’article ici)
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