Enjeu humain de la biodiversité, changement climatique, méthane, Antarctique, espèces en France (revue de liens) #greenfr
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine la revue de liens est consacrée aux enjeux humains de la biodiversité, aux modélisations climatiques qui plaident pour une action rapide contre les GES, aux émissions accrues de méthane en Arctique et à la fonte d’un important glacier en Antarctique, ainsi qu’à une nouvelle base de données sur les espèces présentes et disparues en France.
La biodiversité n’est pas qu’une question de protection des espèces menacées, mais concerne les ressources vitales de l’ensemble des habitants de la Terre. Elle est à la base de la santé et du bien-être de tous et fournit l’essentiel de la richesse des pauvres de ce monde. Comme le rappelait le directeur du PNUD, Achim Steiner, lors du lancement de l’Année internationale de la biodiversité à Berlin, la perte continue d’espèces animales et végétales et la dégradation d’écosystèmes tels que les forêts, augmente la pauvreté en même temps qu’elle détruit l’environnement.
La destruction irrémédiable de ressources génétiques naturelles appauvrit le monde et réduit notre capacité à cultiver de nouveaux aliments, à développer de nouveaux médicaments ou à résister aux nuisibles et aux maladies. Les écosystèmes du monde rendent des services vitaux pour tous, tels que la production d’oxygène, la décomposition des déchets ou le filtrage de polluants. Ce sont des tampons naturels qui permettent de réduire les risques de sécheresse et d’inondation. Ils protègent les sols contre l’érosion et assurent leur fertilité. Les océans fournissent la population mondiale en poissons. Les écosystèmes sont également des remparts essentiels contre les impacts du changement climatique par leur capacité à absorber du gaz carbonique. La capacité des forêts, des marais, tourbières et toundras, des coraux et du plancton, à stocker du CO2 devrait en faire notre premier allié dans la lutte contre le réchauffement climatique.
L’équivalent pour la biodiversité du rapport Stern (qui évaluait le coût économique du changement climatique), The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB), souligne que la perte des services naturels rendues par la biodiversité correspond à une catastrophe économique de plus grande ampleur que la crise financière actuelle. Selon ce rapport, les récifs coralliens, dont un cinquième est déjà détruit, génèrent jusqu’à 189 000 de dollars par hectare, en termes de protection des côtes, mais encore plus en revenus de la pêche et du tourisme. La déforestation quant à elle se chiffre à 2 à 4 billions de dollars par an.
Selon Dr Robert Bloomfield, coordinateur de l’année internationale de la biodiversité en Angleterre, « plutôt que de regarder la biodiversité et les méchanismes écologiques se dégrader, nous devrions fournir un effort conséquent en faveur d’une relation plus durable entre la société humaine et la nature. Ce n’est pas un problème scientifique ou environnemental, c’est une question sociale et éthique à propos de ce que nous souhaitons léguer aux générations futures. » (Voir les articles ici et ici, en anglais)
Climat : les 40 prochaines années cruciales pour éviter le pire
Une récente étude publiée par des chercheurs américains et européens dans les Annales de l’Académie américaine des sciences (PNAS) définit des seuils critiques qui, s’ils sont dépassés en 2050, empêcheraient d’atteindre les objectifs de variation maximum de température en fin de siècle avec les technologies énergétiques actuelles. Pour contenir à deux degrés la hausse de la température du globe à la fin du siècle, il s’agit de réduire les émissions de GES (gaz à effets de serre) d’environ 20% au-dessous de leur niveau de 2000 – sous réserve d’une demande d’énergie stable. En revanche, si la demande d’énergie et de terre de culture augmenterait plus rapidement, la réduction des émissions de GES devrait être de 50%, ce qui selon ces experts risque d’être impossible en raison du coût et des technologies disponibles.
Les auteurs de l’étude soulignent que les responsables gouvernementaux devraient faire tout leur possible pour réduire les émissions de gaz à effets de serre au cours des 40 prochaines années pour éviter un point de non retour à plus long terme. « Même si les gouvernements sont d’accord sur un objectif à long terme, sans limiter les émissions de GES au cours des prochaines décennies, on pourrait se trouver incapables d’atteindre ce but car des options potentiellement souhaitables pourraient ne plus être technologiquement possible ou beaucoup trop coûteuses », explique Brian O’Neill, un scientifique du National Center for Atmospheric Research aux États-Unis, co-auteur du rapport. (Lire l’article ici)
Le permafrost arctique libère du méthane à des niveaux records
Selon une nouvelle étude publiée dans le magazine Science, les émissions de méthane issues du permafrost arctique ont augmenté d’un tiers au cours des cinq dernières années. Les sols arctiques renferment des milliards de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Pour de nombreux scientifiques, la fonte du permafrost est une bombe à retardement qui risque de mettre à mal les efforts de lutte contre le réchauffement climatique en déclenchant une boucle de rétroaction (le réchauffement fait fondre le permafrost, qui libère le méthane, qui renforce le réchauffement etc.) A l’inverse, contrairement au CO2, la durée de vie du méthane n’étant que d’une dizaine d’année, la réduction des émissions pourrait produire des résultats bien plus immédiats.
L’étude a porté sur l’ensemble des zones humides de la Terre. Les émissions de l’Antarctique ne représentent pour l’instant que 2% des émissions globales, mais leur augmentation de 30% a contribué à la croissance de 7% de la moyenne globale. Le reste des émissions provient du bassin de l’Amazonie, du bassin du Congo et des rizières de Chine et d’Asie du Sud. Pour ses auteurs, « l’étude n’a pas montré que l’Antarctique a passé le point de bascule, mais elle doit aider à ouvrir les yeux. Elle montre qu’il y a un feedback positif et que des températures plus élevées entrainent des émissions plus fortes et un réchauffement plus rapide. » L’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que toutes les autres régions du globe, la température moyenne de certaines régions a déjà augmenté de 2,5 degrés et les projections prévoient jusqu’à 10 degrés si les émissions se poursuivent au même rythme.
L’étude a été essentiellement conduite à partir de données recueillies par satellite. Paul Palmer de l’université d’Edinburgh, un des auteurs de l’étude, souligne au passage qu’il est particulièrement regrettable que peu de satellites soient lancés pour suivre les émissions de GES au niveau mondial, alors qu’ils permettent de quantifier les émissions de gaz, naturelles ou produites par l’homme, dans chaque région de la Terre. (Lire l’article ici, en anglais)
Un important glacier de l’Antarctique atteint le point de bascule
La fonte d’un important glacier de l’Antarctique, le glacier de Pine Island (PIG), a atteint un seuil critique selon une étude conduite par des scientifiques de l’université d’Oxford. Il risque de perdre 50% de sa glace d’ici 100 ans, ce qui entraînerait une hausse du niveau de la mer de 24 cm. Dès 2004, des satellites ont permis d’observer que l’accélération de la fonte est de 25% plus rapide que 30 ans auparavant.
En raison de sa complexité, les modèles climatiques, y compris ceux du GIEC, n’ont jusqu’à là que peu pris en compte l’Antarctique et les conséquences d’une possible fonte de ses glaciers sur le niveau de la mer. La banquise de la mer d’Amundsen, dans laquelle versent l’ensemble des glaciers de la région, a jusqu’alors été considérée comme une barrière efficace qui ralentit la fonte des glaciers. Néanmoins, le réchauffement climatique augmente la température de la mer d’Amundsen et attaque la banquise et les glaciers par le bas. Le retrait du glacier de Pine Island a ouvert l’accès de l’eau de mer au-delà d’une crête du fond de l’océan qui jusqu’à la protégeait la base du glacier à la manière d’un bouchon (voir le schéma ici). En raison de ces caractéristiques géologiques particulières du fond de l’océan, le processus de fonte est accéléré une fois que ce seuil a été franchi.
L’équipe souligne que la modélisation de la physique du glacier est simple et ne prend en compte tous les facteurs. Néanmoins, le modèle serait plutôt optimiste et la fonte s’avère plus rapide que dans les projections. (Lire les articles ici et ici, en anglais)
Le Muséum d’histoire naturelle met en ligne les espèces présentes et disparues en France
Le Muséum d’histoire naturelle a mis en ligne une nouvelle version de sa base de données qui inclut pour la première fois des espèces animales et végétales aujourd’hui disparues de France. Cet inventaire archéozoologique et archéobotanique a été démarré en 2004 et prend en compte des données de ce qu’on appelle la littérature grise (mémoires, rapports de fouilles), qui n’ont jamais été publiées. Élaborée en collaboration avec le CNRS, la base permet de voir en un clic la présence d’une plante ou d’un animal sur le territoire français, ainsi que des cartes nationales et départementales. Pour des espèces disparues du territoire, tels que le loup, on peut voir sa présence est attestée en France à différentes époques, depuis le Paléolithique moyen (-300 000 à -30 000 ans) en passant par l’antiquité et le moyen-âge jusqu’aux temps modernes. Le site n’a pas d’équivalent à l’étranger. « Pour une fois, on est vraiment moteur », se réjouit l’archéozoologue Cécile Callou. (Lire l’article ici, voire l’Inventaire national du patrimoine naturel ici)
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