Ravages du changement climatique, réfugiés, forêts, serre urbaine, low-cost et applis vertes #cop15
Revue de liens hebdomadaire reprenant les infos les plus pertinentes diffusées par Twitter par l’équipe des Humains Associés. Chaque jour, nous partagerons des liens de sources diverses. Cette semaine, la revue de lien est consacrée aux ravages politico-culturels du changement climatique, aux réfugiés climatiques, aux forêts sur lesquelles il faut miser pour lutter contre les émissions de CO2, à un projet novateur de serre urbaine, au coût environnemental du low-cost informatique et à deux applis vertes lancées à l’occasion de COP15.
Le changement climatique risque aussi de causer des ravages politico-culturels
Auteur de « Guerres du climat », l’Allemand Harald Welzer est psychosociologue, spécialiste des causes d’émergence de la violence au sein des sociétés modernes. Dans un long entretien, il développe l’idée que le changement climatique sera de plus en plus à l’origine de ravages politico-culturels, voire de guerres, comme l’illustre déjà le conflit au Darfour. Selon lui, dans nos sociétés de l’abondance, nous oublions que les hommes se battent avant tout pour des ressources et que les arguments ethniques ou idéologiques ne servent souvent qu’à légitimer les conflits après coup.
Parler de catastrophes naturelles n’a pas de sens pour lui, la nature reste indifférente, alors que l’homme et ses cultures sont, eux, sérieusement menacés. L’ouragan Katrina a parfaitement montré qu’il s’agit de catastrophes sociales : «Katrina a mis à nu les coulisses de la société, ses fonctionnements et dysfonctionnements cachés, ses inégalités jusque-là moins visibles. […] depuis l’ignorance délibérée du danger et l’insuffisance des mesures de protection jusqu’aux réactions des forces de sécurité, depuis la façon dont les populations ont été diversement touchées selon leur appartenance sociale jusqu’à l’apparition d’une nouvelle démographie urbaine. »
Harald Welzer déplore que les sciences humaines ne se soient pas encore emparées du sujet du climat, alors que la question est tout autant culturelle. Les rapports scientifiques sont remplis de chiffres qui nous préviennent – «en 2050, nous aurons tant de carbone dans l’atmosphère, etc. » Mais il ne s’agit pas de «2050», mais de nos enfants, dont les conditions de vie ou de survie seront radicalement différentes des nôtres. Et pour la première fois dans l’histoire de la modernité, la génération contemporaine ne se soucie pas des perspectives de vie des générations futures.
Cette attitude s’explique par ce que les Anglo-Saxons appellent shifting baselines : nos opinions changent en fonction de l’évolution du contexte général et de notre environnement, comme deux trains, roulant sur des voies parallèles, paraissent rester à la même hauteur. Résultat : nous finissons par admettre ce qui nous aurait semblé inacceptable peu de temps auparavant, comme par exemples la multiplication des inondations, cyclones ou incendies. Dans le cas du réchauffement climatique, la chaîne de cause à effet est difficile à appréhender, conséquence d’actions vieilles d’il y a 30 ou 40 ans. Nous repoussons les solutions à plus tard, préférant une « confortable ignorance ». Dans une parfaite logique capitalistique, nous nous endettons sans nous préoccuper de ceux qui vont devoir rembourser nos dettes, autrement dit nos enfants et petits-enfants.
Harald Welzer appelle à un changement culturel. Selon lui, nos démocraties occidentales pâtissent d’un mal fatal : les individus ne se perçoivent plus comme des acteurs à part entière de la société. Les populations restent passives et laissent les professionnels de la politique agir à leur guise, indépendamment des préférences des citoyens. Voilà pourquoi la société civile devrait se « repolitiser » et s’interroger face au défi capital du réchauffement climatique : dans quelle société voulons-nous vivre ? Traduire le problème climatique en question culturelle nous offrirait les chances d’une évolution qualitative. (Lire l’article ici)
Faute de moyens, peu de réfugiés climatiques peuvent quitter leurs pays
Le nombre des personnes affectées par les catastrophes naturelles a plus que doublé ces dernières années. Cependant, selon une nouvelle étude de l’Organisation internationale pour la migration (rendue publique le deuxième jour de COP15), la crainte de voir des millions de pauvres émigrer vers les pays riches en raison du changement climatique a été considérablement exagérée. Cette étude montre qu’entre 25 millions et un milliard de personnes pourraient être obligées de quitter leur maison dans les quatre prochaines décennies, mais que seul un petit nombre de ces réfugiés climatiques pourraient quitter leurs pays par manque de moyens pour se rendre dans des endroits plus prospères. Les futurs points névralgiques potentiels de migration internationale sont les pays qui ont des taux d’émigration élevés, qui doivent faire face à d’énormes défis socio-économiques et qui subissent d’importantes catastrophes liées au climat ayant un impact sur des questions telles que la sécurité alimentaire. Ce qui inclut l’Afghanistan, le Bangladesh, la majeure partie de l’Amérique Centrale, plusieurs pays asiatiques, l’Afrique occidentale et du sud-est, notamment. L’étude souligne que le manque persistant de données sur la migration, le changement climatique et la dégradation environnementale, représente un obstacle important pour avoir une image plus claire de la situation et permettre d’organiser l’avenir. (Lire l’article ici, en anglais)
Les 5 forêts sur lesquelles il faut miser pour lutter contre le réchauffement climatique
Nigel Purvis, président de Climate Advisers, confirme que dans la course aux réductions d’émissions, «les forêts représentent 25% de la solution globale entre aujourd’hui et 2020. Même si ce n’est pas un substitut pour les efforts à faire dans les pays industrialisés et l’efficacité énergétique, elles sont le pont vers le développement d’un économie propre », assure-t-il. L’Amazonie, poumon de la Terre, se place en tête du FCI (Forest Carbon Index), selon Resources for the Future [Ressources pour le futur] et Climate Advisers [Conseillers pour le climat]. L’indice FCI se base sur la quantité de carbone, le coût des mesures ainsi que d’autres facteurs politiques, culturels, économiques tels que « la gouvernance du pays, la facilité de conclure des accords commerciaux et le degré de préparation des marchés », explique Nigel Purvis.
Il est donc possible d’agir, par exemple en payant les propriétaires pour qu’ils préservent la forêt ou la gèrent plus durablement au lieu de l’abattre sans restriction, ou en alimentant des fonds gouvernementaux destinés à replanter des zones déboisées. Le FCI estime que 40 milliards de dollars peuvent être économisés sur la période 2013-2020, sans parler des bénéfices en terme de biodiversité, de sécurité nationale et de réduction de la pauvreté. Cependant, « source de risques financiers, d’inefficacités écologiques et d’injustices sociales, la finance carbone n’est pas la solution, mais une partie du problème », juge le collectif d’ONG Urgence Climatique Justice Sociale. Les cinq principales forêts concernées : l’Amazonie/Andes (Brésil, Pérou, Colombie, Équateur et Bolivie), Bornéo (Malaisie, Indonésie), le Bassin du Congo (Nigéria), l’Est de Madagascar et le corridor mésoaméricain (Mexique, Panama, Nicaragua, Costa Rica). (Lire l’article ici)
Un iceberg géant dérive vers l’Australie
Neal Young, un glaciologue australien, a repéré, grâce à des images satellites, un iceberg géant long de 19 km (deux fois la taille de Hong Kong). Il dérive en direction de l’Australie, phénomène rarissime, mais qui pourrait s’accentuer en raison du réchauffement climatique et de l’élévation de la température des mers. Selon M. Young, cet iceberg exceptionnel s’est détaché de l’Antarctique il y a environ dix ans. Il faisait à l’époque quelque 400 km2. «Le bloc restant a survécu dans l’océan pendant près d’un an. Il s’est alors lentement dirigé vers le nord et le nord-est en direction de l’État d’Australie Occidentale», a-t-il dit. Fin novembre, plus d’une centaine d’icebergs venant de l’Antarctique avaient été déjà localisés dérivant à environ 450 km de la Nouvelle-Zélande. (Lire l’article ici)
Une serre urbaine pour assurer la sécurité alimentaire dans les villes
Un projet de serre futuriste pourrait voir le jour d’ici moins de trois ans. Le Plantagone Greenhouse, immense dôme de verre digne d’un film de science fiction, est conçu pour cultiver de la nourriture au sein même des villes. Les plantes pousseront sur une plate-forme en spirale, éclairée et chauffée. Plantées en bas de l’édifice, elles monteront graduellement, avant d’être récoltées tout en haut. Le concept de cette serre a été inventé il y a deux décennies par un expert en éco-farming suédois. Le projet est désormais porté par Plantagon International, qui serait la seule entreprise au monde à proposer un système d’agriculture urbaine de cette échelle. Elle est actuellement en pourparlers avec 15 villes sur 4 continents. Une première réalisation pourrait avoir lieu en Inde.
Le coût d’un tel l’édifice est important, 104 millions de dollars pour le modèle le plus large, mais il répond à une situation environnementale modifiée et serait rentable au bout de quelques années seulement. En effet, le prix de l’alimentation est monté en flèche dans le monde, le changement climatique réduit les terres arables, et la Banque Mondiale estime que les besoins alimentaires vont doubler d’ici 2030. Et ce besoin serra d’autant plus aigu dans les environnements urbains. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des villes, un chiffre qui pourrait grimper jusqu’à 80% d’ici 2050. Pour Plantagon, la possibilité de cultiver des fruits et légumes au sein même des villes est la seule façon d’en assurer la sécurité alimentaire. (Lire l’article ici, en anglais)
Matériel informatique : Le low cost coûte cher à l’environnement
Tendance lourde depuis quelques années, le matériel informatique est de moins en moins cher. Mais pour réduire le prix de vente, les constructeurs rognent sur la qualité : plastiques de mauvaise qualité, châssis fragile, composants électroniques de moins bonne qualité, etc. Ainsi, la durée d’utilisation du matériel a été divisée par 3 en 10 ans. D’autres raisons poussent également les consommateurs à remplacer leur matériel de plus en plus souvent : Les PC modernes sont de moins en moins évolutifs et poussent l’intégration à son maximum. Des composants habituellement remplaçables comme le processeur, la mémoire vive ou la carte graphique se retrouvent par exemple soudés. Et la réparation, lorsqu’elle est possible, est souvent moins rentable que l’achat d’un nouvel appareil. On produit ainsi trois fois plus de déchets électroniques, inutilement. Même si ce matériel low-cost consomme souvent moins d’énergie, il faut rappeler que la consommation électrique du matériel informatique durant sa phase d’utilisation n’est que la partie visible de l’iceberg. Ce sont surtout sa fabrication et la fin de vie (recyclage ou mise en décharge) qui consomment des ressources non renouvelables (pétrole, matière première, etc.)
Le matériel moins cher peut faciliter l’accès à la société de l’information et de la connaissance à ceux qui n’ont pas les moyens et réduire l’e-exclusion. Néanmoins, ce rôle pourrait être joué par un marché de l’occasion, où l’on peut très facilement trouver des machines haut de gamme d’excellente qualité, au moins aussi performantes que du matériel neuf à bas coût. L’absence de garanties et de labels pour le matériel reconditionné freine pour l’instant ce développement. Un nouveau label, Ordi 2.0 lancé par le gouvernement pour développer le marché de l’occasion et réduire la fracture numérique, certifie les acteurs de la filière de reconditionnement, mais non encore le matériel lui-même. (Lire l’article ici)
Applications COP 15 pour Iphone
Deux applications vertes ont été lancées dans le cadre de la conférence de Copenhague : Une première, le Cop 15 Navigator, a été créée par l’UNFCCC (le Secrétariat de l’ONU pour le changement climatique) pour mettre à disposition rapidement les informations essentielles sur la conférence et permettre une participation virtuelle dans l’événement. La seconde, réalisée par l’ONG Earthhour, permet de voter et partager son vote pour la Terre. (Télécharger gratuitement sur Itunes : ici et ici)
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