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Podcast : Patrice Van Eersel

Retour vers le futur

Patrice est un journaliste ou plutôt un être humain, comme on les imagine, les yeux plein d’étoiles et la tête plein d’histoires, un jeune homme curieux qui aime les autres. Il a vu Les Humains Associés naîtrent en 1984, il est devenu immédiatement un membre d’honneur, un ami. Nous sommes heureux qu’il soit le premier humain vpodcasté (en savoir plus sur le podcast).

Au cours de cette interview réalisée avec un téléphone mobile, nous abordons plusieurs choses : la contre-culture, la Renaissance, les mouvements artistiques, le Net et les blogs. Ce qui est nouveau est-il forcément visible ? Mais ce ne sont pas les questions qui sont intéressantes. Quoi que… Une s’adresse à tous, elle est posée par Patrice à la fin de la vidéo, vous êtes invités à y répondre ici.

Patrice est journaliste et écrivain (« La Source Noire » ou « Le Cinquième Rêve »). Il a notamment été l’une des figures d’Actuel, il est rédacteur en chef du magazine « Nouvelles Clés« .

N.B. : Ce podcast dure près de 18 minutes et pèse 63 mo.

10 commentaires

Merci pour ce superbe entretien et cette intéressante mise en perspective des Humains Associés et de la contre-culture !

Je tente une réponse à la question de Patrice : La violence sera-t-elle moindre sur le web, parce qu’on est dans le multidirectionnel et que tout le monde filme et interroge tout le monde ? Avec l’affaiblissement de la télé et le renforcement du web, on perdra en effet le rendez-vous collectif et ce qu’il pouvait avoir de fédérateur, pour le meilleur et pour le pire. (Cf. d’ailleurs le texte de P. Quéau ici même : « Curieuse fascination des âmes pour ce qui en fait les nie, mais qui les réunit, par simple addition. L’idée du collectif s’impose d’emblée à l’individu comme une idole persuasive. »…) La violence réside probablement dans cette exposition à la foule et dans ce côté définitif du « vu à la télé ».
Sur le web, l’audience est moindre, elle est plus diluée, mais bien entendu, la violence peut être individuelle, les trolls en sont un exemple bien concret. Mais le web permet davantage cette relation conversationnelle, ces aller-retours entre personnes, plus proche peut-être des rapports humains dans « la vraie vie ». La violence de la télé est aussi dans la communication à sens unique, où toute volonté d’interaction échoue sur un écran plat. Avec le web, nous pouvons désormais traverser l’écran… En même temps, la totale transparence de tout à tout, n’est-elle pas violente aussi ?

Quant à la question intéressante de savoir si la contre-culture se perpétue dans les communautés virtuelles et si elle existe encore (il me semble que oui, puisque les Humains Associés en sont un exemple vivant, tout comme lesdits créatifs culturels), je me faisais la réflexion suivante : La contre-culture utilise forcément les outils actuels et donc le vrai débat n’est pas virtuel vs non virtuel, une non-question je crois pour ceux qui sont engagés et qui passent assez facilement de l’un à l’autre. Le vrai enjeu est peut-être plutôt entre l’individuel/individualiste et le collectif. Si avec les blogs, on gagne (par rapport aux médias traditionnels) l’individuel et le relationnel de proximité, le risque est de perdre de vue le collectif. Si je comprends bien, une contre-culture (cf. définition Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Contre-culture), quelle que soit son domaine et sa forme d’expression, a quelque part en tête le collectif, a une dimension politique ou citoyenne ou se positionne par rapport à la société dans laquelle elle s’inscrit. L’enjeu des blogs et de l’époque actuelle est de ne pas perdre de vue ce collectif à travers un outil qui est individuel au départ et dans une société de plus en plus individualiste. C’est au contraire d’arriver à créer ce collectif, à le concrétiser davantage que le faisait artificiellement la télé, à le tisser à travers de multiples liens, dans un réseau vivant et créatif. Et somme toute, de garder en tête l’appel des Humains : Aux blogs, citoyen ! (http://www.humains-associes.fr/blog/2006/02/01/aux-blogs-citoyens/)

Avec vous !
Katja

PS : pour ma part, je retiens : Les Humains Associés, un mouvement de contre-culture qui est… pour !
🙂

[…] Les vidéos de Mémoire Vive sont podcastées par mel, on peut donc poster une vidéo en étant connecté en 3G, et elle se trouve propulsée automatiquement en quelques secondes sur le blog et présent dans iTunes. Nous avons ouvert la semaine dernière le dossier d’interviews vidéos sur “blog vs journalisme”. Il y a quelques jours, j’ai interviewé Patrice Van Eersel pour inaugurer le podcast des Humains Associés. Quant à 15 secondes à Paris (collectif), une initiative de mon voisin Tristan, il devrait réapparaître prochainement. Je m’intéresse à des thèmes assez larges : société, technologies, humanisme, réseaux sociaux créatifs, force de proposition, idées nouvelles, journalisme, blogging… […]

‘Pour vivre heureux, vivons cachés’. Je ne connaissais pas cet adage. Mon premier sentiment est que c’est vrai.
J’espère pouvoir vous dire sous peu pourquoi 😉 En tout cas, il y a de la matère à reflexion et je remercie Patrice d’avoir posée la question.
À tout de suite!

Bonjour Natacha, bonjour Patrice, hello Katja et Robert,

D’abord merci pour la fraîcheur et la pertinence de l’entretien 😉 C’est justement ça que j’aime dans le Net par rapport à la télé, c’est qu’on peut prendre le temps, de regarder, d’écouter, de faire une pause, de revenir en arrière…

Avec le podcast et le vcast, je me fais moins avoir par le trompeur « effet de discours ». Quand je réécoute à tête reposée, en analysant le discours et les effets non-verbaux d’un homme politique par exemple (et les miens aussi 🙂 ça ne tient pas souvent debout et le creux de notre non-parole saute aux oreilles. C’est particulièrement vrai en dérusahnt un texte et en le mettant par écrit. Avec le podcast, c’est un peu la même chose, je peux dérusher la vidéo.

Apprendre à mieux décoder ce qui est dit et montré — entre autres à l’école dans le cadre d’une formation aux médias — fait partie à mon sens de l’apprentissage démocratique. Surtout cela permettrait de mettre à distance les contenus de la télé, de les refuser lorsqu’ils sont violents ou non éthiques. Je ne sais pas, pour répondre à ta question Patrice, si le fait que « tout le monde filme tout le monde » est moins violent. Je me dis que si monsieur Tout-le-Monde peut devenir producteur et réalisateur, cela ne sera moins violent, disons plus respectueux, que si ce nouveau status s’accompagne d’une bonne formation à la médiologie et d’une réflexion éthique. C’est pourquoi je perçois l’initiative des humains associés avec la nethique des réseaux et des blogs comme essentielle. C’est par cette prise de conscience responsable que la prise de pouvoir des pronétaires pourra se faire avec moins de violence que ce que tu décris à la télé.

Une autre chose qui me vient de ce que tu dis du métier de journaliste : la question de la pression de la nécessité dans le système médiatique actuel. Souvent, le journaliste, pressé par le temps et le peu de moyens, dans l’urgence de faire son papier, cède aux simplifications abusives. D’ailleurs combien de rédactions aujourd’hui offrent les moyens de faire de l’enquête de fond sur du long terme, combien de journalistes ont la culture de l’effort — et même la culture tout court — pour la mener à bien s’ils en ont l’occasion ? Le résultat est sans doute violent parce que pas assez réfléchi et nuancé. Je me demande si le Net n’offre pas, paradoxalement, plus de recul et de temps pour creuser que les médias traditionnels. Parce qu’il n’y a pas la pression de la rentabilité, parce qu’un post peut s’enrichir des points de vue des autres, fournissant au final une sorte de constellation de regards éclairants (quand les réactions sont de qualité of course et pas polémiques).

Bon c’est tellement riche cet entretien que je vais continuer à creuser,
À bientôt,
Jean-Rémi

KATJA : Tu dis « Avec l’affaiblissement de la télé et le renforcement du web, on perdra en effet le rendez-vous collectif et ce qu’il pouvait avoir de fédérateur… ». Je ne te suis pas dans cette idée : les blogs au contraire réinventent et démultiplient les communautés. Sur les blogs se tiennent des débats passionnés, passionnants comme si les « gens » retrouvaient le goût de l’échange (y compris avec de parfaits inconnus, comme nous deux sur ce blog).
On est loin, en effet, de la TV qui diffuse un unique message à des millions de personnes en même temps (qui, de plus, ne peuvent pas répondre et sont complètement passives).
Le blog, c’est du collectif par excellence.
Et puis, il y a le « journalisme citoyen », ce mouvement informel (qui est une forme de contre-culture) qui consiste à mettre son nez dans la vie publique : c’est grâce aux blogs qu’il se développe. Et ça crée du collectif parmi les citoyens, ça crée de la responsabilité, ça donne envie de s’intéresser à la politique, à la vie de la cité.

J’aurais dû le faire en premier, mais j’étais tellement pris par les commentaires que j’en ai oublié la politesse…
Bonjour, donc, et merci pour ce podcast de Patrice Van Eersel : ce type est magnifique. Je suis un abonné de longue date de nouvelles clés, et je ne le connaissais que par photo et deux de ses bouquins (la source noire et la source blanche, si mes souvenirs sont exacts).
Je crois que je vais revenir souvent visiter les Humains associés.
Bon courage, à bientôt
Phil

Bonjour Phil, bonjour à tous,

Je pense que nous disons la même chose au fond, absolument d’accord sur le journalisme citoyen, la contre-culture, les communautés virtuelles, les échanges et l’implication favorisées et renforcées par les blogs et le web en général. C’est une évolution positive que permettent les nouvelles technologies, et d’ailleurs, si tu surfes un peu sur les différents sites et blogs des Humains Associés, tu trouveras plein d’exemples de cette implication citoyenne – parmi pleins d’autres choses belles et nourrissantes ! 🙂

En revanche, une expression que tu emploies pointe exactement le risque auquel je pensais et me permet de reformuler. Tu dis : « les blogs au contraire réinventent et démultiplient les communautés. » C’est là que je ferais une différence avec le « collectif » que j’évoquais. De plus en plus, il me semble, nous évoluons les uns les autres dans des bulles communautaires, nous rassemblant par âges, goûts, milieux, métiers, religions etc. L’affaiblissement des institutions et des grands RDV collectifs et synchrones, dont fait/faisait partie aussi la télé (que je suis vraiment la dernière à promouvoir 😉 ), font que cette expérience communautaire finit par être la seule qui existe pour bon nombre d’entre nous. Autrement dit, on se mélange de moins en moins, la société se fragmente de plus en plus en micro-communautés et la tentation communautariste n’est pas loin !

Je pense que le vrai enjeu en ce moment (qui dépasse évidemment les seuls blogs et médias), c’est de garder la perspective et la référence d’un collectif qui transcende le communautaire (et a fortiori le communautariste) : je pense au collectif du vivre-ensemble dans une société, le collectif de la France avec ses valeurs républicaines ou de l’Europe avec ses valeurs humanistes p.ex. et puis surtout le collectif de l’humain, la conscience de notre unique et même condition humaine sur notre même planète Terre menacée… C’est ce collectif-là que je pense qu’il ne faut pas perdre de vue, mais maintenir et tisser, dans les blogs et ailleurs.

À bientôt !

Humainement
Katja

PS : Le Manifeste Planétaire, texte fondateur des Humains Associés, rappelle cela ainsi :
[…] Nous voulons inviter à réfléchir sur notre condition humaine, sur le fait que nous formons un tout indivisé et, de par ce fait, ne pas nous arrêter sur ce qui nous divise, mais chercher ce qui nous unit. […]
Voir ici même : http://www.humains-associes.fr/blog/2006/01/26/manifeste-planetaire/

Bien d’accord avec toi sur cette notion de collectif de l’humain et de conscience de notre condition humaine commune.
Néanmoins, et je ne dis pas cela pour avoir le dernier mot, je vis dans un village (une communauté), je travaille (enfin avant d’être au chomage) dans une entreprise (autre communauté), je fuis les religions et les dogmatismes, je mange bio (ou du cassoulet), etc, etc.
J’ai le sentiment que la vie nous morcelle en permanence. Mais je te rejoins : il faut rassembler ce qui est épars. Au fond, le destin individuel de chacun constitue une pièce du puzzle du destin de l’humanité. Chaque pièce compte…
Ravi d’avoir pu échanger avec toi.
A très bientôt.

Merci pour tous les éléments que vous apportez!

J’aime bien l’idée des blogs parce que parfois ça ressemble à ce que l’on pourrait appeler une démocratié participatoire (participatory democracy), ce qui n’est guère plus envisageable dans nos sociétés modernes. C’est actif, à l’opposé d’autres médias bien connues, et plus ou moins anonyme, donc on dépense moins d’énergie à moduler son discours en fonction de l’image que l’on veut donner de soi.

Bonjour et merci pour cette belle interview ! la question posée par Patrice nous entraine, en quelque sorte dans un univers virtuel où une certaine forme de violence pourrait s’estomper. Meme si il y a interactivité nous voyons bien aujourd’hui que la violence n’est pas du tout canalisée. Je pense que cela depend évidement de qui fait le blog dans quel but et pour qui. Cependant je crois que je comprends mieux une chose évidente à travers cette interview et la question posée par Patrice. Un journalisme de qualité est diffusé par certains blogs ou sites de journalistes reconnus par le « vieux monde », ou de passionnés de l’actualité, qu’ils soient des blogs collectifs comme celui-ci ou des blogs individuels. Ce sont ces blogs(ou forums) qui peuvent changer la donne car ils traitent de sujets de fond et/ou d’actualité et permettent au citoyen lambda (comme bibi) d’échanger et donc d’appronfondir une reflexion car il y a interactivité, ce que ne donne absolument pas l’article du journal papier, meme si il peut poser des questions, et encore moins la tv.
Il me semble que la contre culture actuelle est quelque part dans cet interstice des nouveaux supports medias utilisés par ceux qui tissent du lien vers plus de compréhension, de perception, de reflexion sur le monde et notre humanité.

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