"Pourquoi ne voles-tu pas ? Quel est donc le poids qui t'empêche de voler avec moi ? Qui t'oblige à rester inerte sur la Terre ?"
Ainsi parlait Zarathoustra
En méditant sur notre condition humaine, je me suis dit que dans une civilisation qui ne cherche qu'à satisfaire des envies dites désirs, qu'elle a d'ailleurs créées de toutes pièces, il n'est pas aisé de se tenir vertical. Des pans entiers de notre monde vacillent et s'écroulent tandis qu'un fanatisme désespérément nihiliste s'installe.
Sans espace intérieur, sans transcendance, sommes-nous devenus comme le prédit Herbert Marcuse, cet homme unidimensionnel, pathologique, prêt à adopter n'importe quelle croyance religieuse, politique, voire irrationnelle dans le seul but de sauvegarder l'illusion de ses acquis ?
On dit qu'en dernier ressort, l'esprit tendu à l'extrême se brise et le désequilibre s'installe. On dit aussi que la nuit la plus obscure porte en elle les lueurs de l'aube. L'homme unidimensionnel est un constat, il est la partie visible du monde, mais qu'en est-il de tous ceux qui n'aspirent qu'à monter toujours plus haut, toujours plus loin à la recherche de la connaissance qui délivre ? Ceux pour qui l'appel des sommets est si puissant que nul ne peut les empêcher de grimper jusqu'à l'envol. Le fait que la montagne présente des risques et des dangers mortels ne les a jamais empêchés de tenter l'ascension. Épris de verticalité, leur recherche est ascensionnelle. Ils nous savent près de l'abîme, mais affirment néanmoins que la destinée humaine n'est pas de tomber mais de jaillir vers la connaissance, vers la lumière.
Triomphants du vertige, ils ont, comme dirait Nietzsche, intégré l'expérience du vertige. Tous sans exception redescendent sans répit de la hauteur, et retournent dans les vallées où vivent les hommes afin de partager leur vision d'en haut.
Ce numéro a souhaité parler de ces alpinistes de l'extrême qui ont entrepris l'ascension des hauts sommets de l'esprit humain. Ils sont ici comme dans une cordée et nous invitent à monter plus haut, à braver le danger de l'ignorance, de l'exclusion, de la négation.
J'aime à penser qu'ils sont tous amoureux des hauts sommets de l'Esprit et de l'intelligence du coeur.
J'aime à penser que leur but est celui de nous donner les moyens nécessaires d'atteindre le sommet de la conscience humaine qui est la solidarité, l'Amour ! J'aime à penser que tout en étant conscients de ce que la carte n'est pas le territoire, ils ont créé des refuges philosophiques, poétiques, des oeuvres musicales et des oeuvres d'art comme poteaux indicateurs du chemin vertical.
J'aime à penser que même ceux qui n'ont pas atteint les hauts sommets ont largement contribué à l'entreprise ascenscionnelle et que sans les uns et les autres nul ne serait parvenu là où il est.
Comme dans toute entreprise humaine, le choix s'avère ici arbitraire, subjectif. Nous ne prétendons pas faire exception à la règle. Notre souhait est de témoigner et de nous/vous rappeler que nous sommes appelés à nous élever vers les hauts sommets, là où l'intelligence nous dit que nous pouvons concrétiser notre humanité vraie. Rappeler que depuis l'aube de notre histoire un nombre non négligeable d'hommes a sans cesse essayé, que quelques-uns ont atteint le but et nous ont sans répit invités à participer à l'ascension.
Des idées et des âmes a été conçu avec cette intention : témoigner du meilleur de nous-mêmes, remettre en mémoire l'idée que non seulement nous sommes aussi capables du meilleur, mais qu'il nous arrive de le concrétiser avec l'aide de l'intelligence, de la conscience, de la beauté et de l'amour !
Notre numéro concerne donc les idées, les âmes d'hommes somme toute comme vous et moi à une seule exception près. Ceux dont nous rendons témoignage dans notre journal ont consacré le fil tendu de leur existence terrestre à la recherche de la connaissance qui délivre et qui réunifie le tout dans la haute intelligence qui est celle du coeur. Et si d'aventure un seul coeur s'ouvre à elle en nous/les lisant, j'aime à penser que leur tâche de géants, et notre tâche de petites abeilles, auront trouvé leur récompense, et que cela prendra le temps qu'il faut, mais que tôt ou tard l'Humanité consciente et solidaire sera une réalité sur cette Terre.
Tatiana F
Talem eum vidi qualem capere potui.
Traduction littérale : Tel que je l'ai vu, tel j'avais la capacité de le saisir.
Je l'ai vu tel que j'avais la capacité de le saisir.
Actes de Pierre
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