Cyberculture
"UN CAFÉ ON-LINE S'IL VOUS PLAÎT !"
Par Natacha (ha_nat@iway.fr)
La culture électronique a ses films, ses magazines, ses artistes, et ses
cafés... "Cybercafé" n'est pas un nouveau terme à la mode
pour désigner un lieu virtuel où la communauté digitale se
réunirait. Non, c'est un véritable bistrot où se
côtoient adeptes de nouvelles technologies et créateurs
techno-art.
Le Cybercafé est avant tout un café branché au sens propre
et figuré, un lieu de rencontre où il est de bon ton d'être
vu. À quoi le reconnaît-on ? Aux indispensables ordinateurs
branchés sur l'Internet. La connexion au réseau est d'environ
60 francs de l'heure.
Vous pouvez boire un café et déguster un gâteau tout en
parlant cyberculture à votre voisin ou en vous connectant avec l'autre
bout de la planète. Il permet surtout à ceux qui ne sont pas
équipés, d'y faire leur premier contact avec le
réseau.
Le mot "interactif", de nos jours un peu galvaudé, prend ici tout son
sens. Dans les cybercafés américains, par exemple, des
soirées thématiques multimédias sont
régulièrement proposées. Il y en a pour tous les
goûts. Les peintres peuvent participer à un happening virtuel avec
des artistes de Rio, New York ou de Tokyo, produisant ensemble sur un
écran d'ordinateur partagé en différents sites, une oeuvre
vidéo en temps réel.
Vous voulez faire un concert interactif ? Improvisez avec un batteur et un
clavier distants de milliers de kilomètres. Plus classiquement, le
café propose des rencontres et des débats en visiophonie.
Côté ludique, le système audiovisuel électronique
permet une interactivité amusante.
Exemple, à Los Angeles, filmé devant un fond bleu, vous
êtes incrusté dans un programme de jeu à Toronto de hockey
sur glace. Résultat, vous êtes en plein milieu d'une partie
virtuelle. Les réactions des spectateurs canadiens vous sont
retransmises en simultané sur l'écran.
En 1984, le premier "Café Electronique" a été fondé
à Santa Monica, par deux artistes à l'occasion du Festival Arts
Olympiques de Los Angeles. Son concept est plus proche d'un café concert
interactif que d'un simple bistrot connecté au "Net".
Depuis le début, l'expérimentation tous azimuts des nouvelles
technologies permet à des artistes de cultures variées de se
rejoindre dans l'instantaneité du cyberspace. Ils participent à
des happenings virtuels, et à des concerts interactifs.
Pour ses initiateurs, café est un acronyme qui signifie "Communication
Access For Everybody", en français "Accès à la
communication pour tous". Les télécommunications se
développent très rapidement, mais connaissons-nous toutes les
possibilités qui nous sont offertes ?
Chris Horner, producteur de télévision à Los Angeles,
utilise souvent L'Electronic Cafe comme décor. "Ça
ressemble au laboratoire d'un scientifique timbré. C'est un peu
bordélique et très drôle. Les murs sont couverts
d'Art-Copy, de photos ou de vidéos. Il y a une collection d'anciens
téléviseurs des années cinquante et de mannequins".
Le cybercafé est le café artistique de cette culture
émergente. C'est le lieu de convergence du monde cyber californien,
créateurs du cinéma, simple curieux, infographistes
réputés, journalistes ou cybercultes.
LE CYBERESPACE : 7 % DU PNB DES USA
Outre-Atlantique le multimédia n'est pas un rêve, c'est une
réalité économique, le cyber représente 7% du PNB
des États-Unis, soit 418 milliards de dollars en 1993. À
Hollywood c'est l'explosion. L'informatique et le cinéma fusionnent,
c'est un nouveau secteur économique en pleine expansion. Chaque studio
développe un département multimédia notamment pour
produire des films interactifs sur CD.
Le café de Santa Monica a organisé une soirée "Hollywood",
justement pour que les agents rencontrent des scénaristes, des
concepteurs multimédias et des infographistes.
Qui sait ? Ils ont peut-être été recrutés pour la
"DreamWorks" , ces studios multimédia que vient de créer Steven
Spielberg, entre autres avec Bill Gates de Microsoft, avec un capital de 2
milliards de dollars. Les Américains produisent déjà pour
ces nouveaux outils. Face à la "machine à rêve", les
Européens n'ont qu'à bien se tenir !
En 1993, le jeu vidéo représentait un chiffre d'affaires mondial
annuel de 8 milliards de dollars, soit quatre cents millions de dollars de plus
que ce que les Américains consacraient au cinéma. L'un des plus
célèbres jeux a coûté un million de dollars pour la
conception et la fabrication. Il s'est vendu à quatre cent cinquante
mille exemplaires dans le monde et a rapporté dix-huit millions de
dollars*.
Dans l'Ancien Monde, notamment en France, on est bien loin de comprendre ce
qu'il se passe. Y a-t-il une clause dans le Gatt concernant les jeux
vidéo et les CD-Rom ? L'exception culturelle revendiquée par les
français prenait-elle en considération ces nouveaux secteurs ?
Bientôt ensevelis sous les productions multimédias
étasuniennes et d'ailleurs, ici nous découvrons à peine
l'Internet.
Le cybercafé n'est que la pointe de l'iceberg. Et l'on peut se demander
si ce concept de bar branché perdurera... Surtout à l'heure
où l'on peut s'y connecter pour moins de cent francs par mois, et que
des espaces culturels comme la Médiathèque d'Issy-les-Moulineaux,
et la Bibliothèque Publique d'Information du Centre Pompidou proposent
à leurs visiteurs des connections 100% gratuites.
Nous vivons dans une période de transition, et il est capital que le
public et le monde artistique s'emparent des nouvelles technologies. Pour
apprendre à les utiliser comme un nouvel outil et pour enfin les
démystifier.
Les cybercafés en France :
Le Café Orbital, à Paris
L'Internet Couleur Café, à Nice
Le Web, Besançon pb15@calvacom.fr
Les Internautes associés, à Marseille
Les groupes cyber en France :
Le Café Electronique de Paris eleonore@cnam.fr
Les Virtualistes
Les cybercafés dans le monde :
Le guide du cyberia
(*source : Le Multimédia de Dominique Monnet, aux Éditions Flammarion)
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